Qui a dit qu’il n’y avait pas d’esprit européen ? Les
élections pour le parlement de Strasbourg confirment pourtant
des tendances lourdes communes à (presque) toute l’Europe :
participation électorale en baisse, absence de sujets propres au
Parlement européen dans les campagnes électorales et
sanction des partis au pouvoir au niveau national. Les fêtes du
1er mai dernier semblent bien loin.
Malgré l’apathie générale qui a accompagné
ces sixième élections directes au Parlement
européen depuis 1979, le scrutin est marqué par une
remarquable stabilité de la composition de l’assemblée.
Brièvement passée à 786 députés
après l’élargissement, l’hémicycle de Strasbourg
comprend maintenant 732 députés. Le taux de participation
a baissé encore, passant de 49,8 pour cent en 1999 à 45,5
pour cent.
La première force restera avec 276 sièges ou 37,7 pour
cent (plus 0,3 p.c.) le groupe PPE-DE, qui rassemble
chrétiens-démocrates et conservateurs. Le PSE, les
socialistes européens, reste en deuxième place avec 200
sièges ou 27,3 pour cent (moins 2,2 p.c.). L’ELDR, les
libéraux, se maintient au troisième rang avec 67
sièges ou 9,1 pour cent (plus 0,6 p.c.).
Malgré le maintien des trois piliers traditionnels de
l’assemblée, le scrutin est marqué par une forte
croissance des voix eurosceptiques. C’est vrai pour les
délégations britannique (vingt pour cent pour le United
Kingdom Independence Party) et suédoise mais aussi pour celles
de bon nombre de nouveaux États membres. Le positionnement dans
le Parlement de ces différents partis, qui vont du populisme
jusqu’à l’extrême droite, doit encore se confirmer.
L’apparente stabilité au Parlement européen pourrait se
révéler trompeuse. La coopération entre
chrétiens-démocrates et conservateurs britanniques agace
par exemple certaines composantes du Parti populaire européen.
L’UDF française compte parmi ceux qui pourraient constituer un
nouveau groupe politique centriste et résolument
pro-européen, affaiblissant le PPE-DE.
Le fonctionnement du Parlement européen n’exige, à la
différence de la Chambre, pas de majorité stable. Les
coalitions se font et se défont en fait au rythme des directives
voire des amendements à adopter. La plupart du temps, ce sont
les libéraux et les verts (42 sièges ou 5,7 p.c.) qui
permettent de faire la différence en s’alliant à l’un ou
l’autre des deux grands blocs.
En début de législature par contre, on négocie en
principe une réelle coalition en vue de se répartir les
postes, à l’exemple de la présidence du Parlement et de
celle des puissantes commissions. Traditionnellement, ce sont le PPE-DE
et le PSE qui se partagent le gâteau. La dernière
législature a rompu avec ce procédé, les
chrétiens-démocrates s’alliant aux libéraux. Au
perchoir de l’assemblée, c’est ainsi Pat Cox du ELDR qui avait
succédé à Nicole Fontaine du PPE après la
moitié de la législature.
Le Parlement européen est finalement un législateur comme
une autre : on y fait beaucoup de travail de détail, parfois de
la grande politique et souvent on s’adonne à des jeux purement
politiciens.
Jean-Lou Siweck
Kategorien: Europawahlen 2004
Ausgabe: 17.06.2004