Banales histoires de cul

Un ministre im-père-tinent ?

d'Lëtzebuerger Land du 03.02.2011

Les Verts qui mêlent leurs voix à celles du ADR et du DP pour voler au secours des flics et des racistes, c’est plus qu’une faute politique, une faute de goût. Entendons-nous : il n’y a probablement pas plus de racisme chez les poulets que dans la basse-cour de la population générale, mais les accusations proférées par un jeune, fût-il fils de ministre pris en flagrant délit, méritent des recherches pour le moins aussi fouillées et médiatiques que celles qui éclairent (?) les dérapages d’un ministre qui a peut-être trop écouté la généreuse chanson de Brassens sur les quatre bacheliers. Le Premier Ministre, qu’on a rarement vu aussi contrit et mal à l’aise, l’a clairement dit : c’est une question de « différence d’interprétation ». Si cela n’est pas un appel à l’art du psychanalyste, ça y ressemble bigrement.

Dans les grandes démocraties modernes, les hommes politiques tombent souvent pour de banales histoires de cul. Au Luxembourg, pays du matriarcat occulte, c’est la paternité qui est suspecte. On reproche souvent à la société moderne d’être un monde sans père et sans Loi. Et voilà qu’on tance un ministre pour avoir voulu montrer au pays entier ce que c’est d’être un père, un vrai, c’est-à-dire quelqu’un qui a du pouvoir et de la puissance, de l’autorité, le bras et le membre longs. Mais les Luxos, comme toute horde primitive, se doivent de tuer le père pour prendre sa place et ses femmes après l’avoir dévoré lors du fameux repas totemique.

Et à propos de repas : la vengeance étant un plat qui se mange froid, l’occasion n’est que trop belle pour le CSV de père-sécuter un socialiste qui a eu l’outrecuidance d’avoir voulu père-fectionner le plan d’austérité de son compère Frieden.

Dans l’exercice de l’interprétation, il y a un contenu manifeste et un contenu latent. Le premier est large-ment connu, nous venons d’esquisser certains plans du second. Et en effet, le contenu latent s’interprète comme un palimpseste où un train vient en permanence en cacher un autre. Et si nous avons eu au commissariat un père et son roquet, la presse se fait désormais le perroquet d’un rapport interne de police dont la présence sur la place publique donne froid au dos au citoyen lambda, à juste titre inquiet pour la confidentialité de ses procès-verbaux. Dans la « causa Schmit » (c’est étonnant d’ailleurs la fortune de cette expression apparue on ne sait trop comment et ânonnée depuis par l’ensemble de la presse et de ses lecteurs), la cause semble étendue, et pour cause : le ministre père-sévère, on n’est pas content, il est père-missif, on le lui reproche. Quand je vous dis que le pays manque de re-pères !

PS qui n’a rien à voir : la chasse semble ouverte au directeur de l’Institut Pierre Werner qui a le tort de ne pas se faire le serf de la pensée unique et politiquement correcte.
Yvan
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