Cindy Ries

Vent nouveau sur les fleurs

d'Lëtzebuerger Land du 21.03.2014

Univers onirique que celui de Cindy Ries, fleuriste-magicienne des temps modernes. Perdue au milieu de ses créations, dans sa boutique de la rue de Hollerich, cette artiste d’un autre genre accueille chaque nouvelle saison avec le sourire. Une renaissance à chaque fois, tant pour les fleurs qu’elle se fait livrer que pour les idées qui germent alors dans son esprit. « Le printemps amène avec lui plein de nouvelles fleurs que j’ai envie d’utiliser. Puis l’été prend le relais, juste avant l’automne et ses belles couleurs. Enfin, on termine l’année sur la période de Noël, plutôt kitsch mais qu’on aime bien et dont, je crois, on a tous besoin », raconte-t-elle.

Formée au lycée technique agricole d’Ettelbrück, Cindy choisit la voie des fleurs pas vraiment par hasard. « Depuis toujours, je suis très bricoleuse et créative. Petite fille, je gardais tout pour ensuite le transformer... Un jour, j’ai même peint toutes les pierres de mon jardin d’enfant dans des couleurs différentes pour le rendre plus beau. J’aimais et j’aime toujours les belles choses ». C’est en voyant un professionnel des fleurs à l’œuvre que la jeune fille se rend compte des perspectives créatives de ce métier. Après trois mois d’apprentissage chez une fleuriste à Vienne, Cindy revient au Luxembourg exercer ses talents dans différentes maisons. En 2007, elle décide de se lancer à son compte et selon sa propre philosophie. « Je me suis alors installée au Rollingergrund, où je suis restée cinq ans, avant de venir ici, à Hollerich. Mon truc en plus ? Ne jamais faire le même bouquet. Ne pas travailler à la chaîne. Être à l’écoute du client, essayer de comprendre son envie, de deviner ses goûts... Il y a un peu de psychologie dans tout ça, c’est très émotionnel en tout cas. Et le nom de ma boutique, À fleur de peau, n’a d’ailleurs pas été choisi par hasard... ».

Si elle fait preuve de sensibilité par rapport à sa clientèle, Cindy le fait aussi vis-à-vis de ses produits. La jeune femme a en effet choisi de ne travailler qu’avec des fleurs labellisées, cultivées de façon durable, dans le respect de l’environnement. « Je suis écoresponsable dans la vie de tous les jours, ça me paraissait donc naturel de continuer à l’être au sein de mon métier. C’est pour ça que je ne travaille qu’avec des fleurs de saison, la plupart venant de Hollande », confie-t-elle. Une règle que cette conceptrice florale respecte dans toutes ses créations, allant même jusqu’à prôner une certaine forme de recyclage... artistique. « Je garde tous les objets : les boîtes de conserves, les morceaux de bois, les pierres... J’utilise tout ! À Noël dernier, j’ai par exemple conçu des couronnes de l’Avent réalisée à partir de bouteilles en plastique pliées sur elles-mêmes. C’était super, ça a donné un effet givré à l’ensemble», explique Cindy.

Plus artiste que simple fleuriste, les concepts novateurs de cette créatrice plaisent. Son atout ? Répondre à tous les défis. Fleurir à sa façon un coin de votre maison jusqu’à présent laissé pour compte, réaliser des arrangements pour les Media Awards ou pour le Mudam... Et même rendre beau n’importe quel objet que vous lui soumettrez ! Vous voulez la défier ? Rendez-vous chaque jeudi dans sa boutique, à l’heure du déjeuner. Un vase que vous n’arrivez pas à utiliser, une soupière, une boîte à chaussures... Cindy promet de vous aider à magnifier votre récipient avec les fleurs de votre choix. Une idée d’atelier qui surfe sur la mode du do it yourself et qui rencontre un beau succès. Quand arrive le week-end, Cindy se glisse dans une tenue féérique pour émerveiller vos enfants chaque samedi après-midi. « J’organise des goûters d’anniversaire personnalisés, où les petits repartent avec un objet qu’ils ont réalisés eux-mêmes », indique-t-elle. « J’aime beaucoup les enfants, leur fascination constante et leur univers naïf. Avec moi, ils n’ont pas le temps de s’ennuyer ! Je propose quelque chose d’à la fois ludique et pédagogique, où l’on fabrique des chenilles et autres petites choses marrantes à base de plantes, de fleurs, de bois... selon les préférences de l’enfant ».
Des idées de la sorte éclosent sans cesse dans la tête de l’artiste. Prochain objectif : mêler le street art à la conception florale. « J’en ai déjà parlé avec des amis, j’ai envie de travailler avec cet univers et surtout, envie de sortir les fleurs de leur carcan habituel ».

Salomé Jeko
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