Carnaval

Quand les cons se déguisent en imbéciles

d'Lëtzebuerger Land vom 18.02.2010

C’est ainsi que Pierre Desproges caractérisait la période du carnaval. Le regretté humoriste, auquel on reprochait souvent de ne reculer devant aucune blague de mauvais goût, avait coutume de dire qu’on peut rigoler de tout, mais pas avec n’importe qui. Eh bien, on a l’impression qu’en ces jours de bals costumés on rit de n’importe quoi avec n’importe qui.

Il y a cependant une chose beaucoup trop sérieuse pour faire rigoler le brave Luxembourgeois et c’est bien sûr sa voiture. Voilà un déguisement, car c’est bien de cela qu’il s’agit, qui ne prête pas à rire. Les marchands d’automobiles l’ont bien compris en organisant leur festival en pleine période de carnaval. La bagnole est en effet pour nos compatriotes un must autant qu’un masque.

Le masque est un support de l’identification. Il sert à cacher notre personnalité, mais très souvent, à notre insu et corps défendant, il en souligne tel ou tel trait. Prenez par exemple les fameux tanks américains, les « Hummer ». Savez-vous qu’elles sont achetées et conduites majoritairement par des femmes ? Ici la voiture devient armure ou, comme son nom l’indique, carapace de homard « qui fait office tout à la fois d’ornement majestueux, d’attirail guerrier et de protection, » comme l’écrit fort justement Jean-Pierre Otte dans son succulent livre De la sexualité d’un plateau de fruits de mer. Mais cette pertinente définition, ne s’applique-t-elle pas aussi au phallus dont nos tendres moitiés aiment s’emparer le temps d’une folle semaine d’inversion des rôles, le temps d’une semaine carnava­-lesque où la majorité silencieuse se déguise en majorité bruyante ?

Yvan, quant à lui, préfère attendre la fin du carême où la chair animale et féminine se fait rare pour se réjouir d’ores et déjà des proches jours de soleil où les belles vont troquer leurs martiaux tout-terrain pour d’érotiques décapotables. Elles enlèveront alors le haut de leurs belles machines pour rouler des pelles à ceux qui roulent des mécaniques.

Que le lecteur me pardonne cette chronique un peu courte et lègére, mais après tout, le carnaval est une période plus futile que subtil.

PS qui n’a rien à voir : Il y a quelques semaines, un quotidien eschois publiait une tribune où une ancienne magistrate se défendait, assez maladroitement il est vrai, d’accusations d’antisémitisme. Le même jour, le même journal titrait sur sa une à propos de la hausse des prix du gaz : « Ein Preis gibt Gas ». Sans commentaire…

Yvan
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