CD Welcome to the Golden City d'Eternal Tango

Stratego

d'Lëtzebuerger Land du 04.03.2010

Avec leur premier album First round at the Sissi café, paru il y près de trois ans, Eternal Tango (ET) a pu asseoir sa notoriété au Luxembourg et se faire un petit nom en dehors des frontières, grâce à un travail sans relâche qui semble porter petit à petit ses fruits. Mais le chemin vers l’objectif avoué du combo, qui est de vivre de sa musique, est long et loin d’être sans encombres.

C’est dans ce contexte que sort leur nouvel opus, Welcome to the golden city produit et mixé par Markus Schlichtherle, qui s’est fait un nom en poussant les manettes pour Kreator, Sick Of It All, Madsen ou encore Hugo Race and the True Spirits. Quant au mastering, il a été pris en charge par Ted Jensen, gourou new-yorkais en la matière, récompensé par un Grammy Award pour son travail sur un album de Norah Jones. Si le groupe a préféré lancer sa propre structure avec Golden Fox Records, il a su trou-ver en Rough Trade un distributeur de poids. Tout cela ressemble à un plan carrière passablement mûri et réfléchi, où l’on met chaque atout de son côté.

D’ailleurs la première impression qui vient à l’esprit lorsqu’on écoute ce Welcome to the golden city, c’est d’assister à un entretien d’embauche où Eternal Tango démontre tout son savoir-faire, en vue de décrocher un ticket vers les divisions supérieures. Tout est pesé, réfléchi, présenté dans un emballage nickel tant sonore que visuel (l’artwork de Tom Gatti, bassiste d’ET, étant plus que réussi) et inter-prété avec ce qu’il faut de niaque et de conviction. Efficaces, mais sans coups d’éclat et autres fulgurances, ils remplissent le cahier de charges sans démériter. Par ce déterminisme à réussir dans le business de la mu-sique, on pourrait croire qu’ils ont suivi l’une ou l’autre recommandation de ces requins, qui font et défont les carrières, à coups d’avis bien arrêtés, comme on peut en voir à l’œuvre sous leur versant beauf dans les émissions de télé-crochet.

Eternal Tango souhaite passer à la radio, et fait tout ce qu’il faut pour plaire, sans toutefois retourner sa veste. Ratissant large, leur rock-pop dans l’air du temps, aux accents US, pointant quelques réminiscences emo et punk, chasse sur les mêmes terres que My Chemical Romance, Fall Out Boy ou encore 30 Seconds to Mars. Ces influences restent présentes, mais le midtempo et ses guitares hachées présentes sur les siamois Ronny Roy Johnson et Oh ! No rappellent les Queens Of The Stone Age version light et Mando Diao. Mais si leur son s’est encore édulcoré, ce n’est pas encore demain qu’ils prendront le train fantoche d’une electropop faisandée et putassière.

Attention, cet album s’écoute très (trop) facilement, dévoilant assez rapidement ses charmes avec un sens de l’accroche qu’Eternal Tango a encore réussi à peaufiner. Très calibré, il contient une bonne poignée de morceaux qui feraient les beaux jours de stations FM jeunes. On pourra détacher The golden city, Da/Da, le lacrymal Slow down, Pink white sheets et le morceau de clôture Touch the end qui exploitent efficacement ce filon. Mais est-on en droit de demander autre chose de la part d’Eternal Tango qu’une avancée stratégique, certes réussie, de ses pions ?

Pour plus d’informations : www.eternaltango.net.
David André
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