Cargolux

Retour à la case départ

d'Lëtzebuerger Land du 05.12.2002

À quoi auront servi les deux années d’intérim de Roger Sietzen à la tête de Cargolux ? En principe à trouver un nouveau patron à la compagnie, avec, s’il vous plait, un profil international. Après deux ans de recherche d’un candidat expérimenté dans les milieux de l’aéronautique mondiale, le vieux papy de l’aviation luxembourgeoise va céder sa place à un quadragénaire, Ulrich Ogiermann. Ce dernier fut, il y a deux ans, candidat à la succession de Heiner Wilkens, lorsque celui-ci fut remercié par le conseil d’administration de la compagnie de fret en raison de divergences de vue entre lui et les actionnaires. On aurait donc pu économiser deux ans d’ère « Sietzen », le presque auto-proclamé Chief executive officer (CEO) de la compagnie qui cumulait ses fonctions avec celle de président du conseil d’administration. Ogiermann, 43 ans, vient du sérail de Cargolux dont il était jusqu’à présent vice-président des ventes et du marketing. Cet ancien de Lufthansa Cargo fut amené au Luxembourg par Wilkens en 1998.   Le recrutement du numéro un de Cargolux est un feuilleton de télé. À la demande de l’actionnaire suisse, SairLogistics - aujourd’hui Swisscargo - (groupe Swissair actuellement en faillite), un chasseur de tête fut mandaté pour cette mission. La firme finira par jeter l’éponge. Dans l’intervalle, la faillite de Swissair, actionnaire de référence avec 33,7 pour cent du capital, mettra les recherches en veilleuse. Les actionnaires luxembourgeois de Cargolux voulaient attendre que le liquidateur de Swissair leur présente un repreneur avant de trancher sur ce volet. Mais là aussi, les choses ont traîné et traînent encore en longueur, au point que les actionnaires se sont résolus à puiser dans le vivier de l’entreprise pour remplacer Roger Sietzen. La candidature d’Ogiermann a été appuyée des deux mains par l’État - et ses satellites BCEE et SNCI -, deuxième actionnaire de Cargolux.     Ulrich Ogiermann avait déclaré ses intentions début 2001 après l’éviction de Wilkens. Il n’était pas le seul prétendant. Le job était également convoité par un Islandais. Leurs noms avaient été proposés au conseil d’administration de Cargolux par un comité ad hoc chargé de trouver le nouveau patron (on y retrouvait également Roger Sietzen). Swissair fit la moue devant Ogiermann. Les Suisses auraient sans doute voulu imposer un des leurs dans Cargolux. Quant à l’Islandais, venu de l’extérieur, c’est lui qui refusera les conditions d’embauche. Dans l’intervalle, Roger Sietzen se maintint aux commandes d’un job qui devait être provisoire. « Il nous a supplié pour lui trouver un remplaçant », souligne un proche du dossier.   Ceci dit, Roger Sietzen ne lâchera pas le morceau aussi vite. Il faudra qu’Ogiermann compte avec lui pendant quatre mois encore jusqu’au  1er avril 2003. Sietzen assistera  l’Allemand en effet jusqu’à cette date, selon les termes d’un communiqué. Ce sera comme un dernier tour d’honneur pour le vieux « routier » qui quittera peut-être la direction mais pas la présidence du conseil d’administration. Curieux tout de même de jouer les maîtres d’école d’un élève patron pour lequel Cargolux ne doit plus avoir beaucoup de mystères ! L’accession de Ogiermann à la tête de Cargolux ne fait pas que des heureux. Dans la pépinière Cargolux, d’autres cadres espéraient eux aussi une promotion suprême, notamment David Arendt, celui par qui la tête de Wilkens était tombée. L’ambiance promet à la compagnie de fret. 

Véronique Poujol
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