Luxair

Horizon brouillé pour 2003

d'Lëtzebuerger Land vom 15.05.2003

Si en 2002, Luxair a échappé à la calamité, 2003 pourrait plonger la compagnie luxembourgeoise dans une déprime identique à celle qui  frappe les autres entreprises aériennes en Europe et aux États-Unis. Les trois premiers mois de l’année ont accusé une baisse du trafic de passagers de 14 pour cent. La petite reprise connue en avril et en ce début du mois de mai ne donne pas beaucoup d’illusions aux dirigeants de Luxair sur ce que seront les résultats 2003. Il faut espérer que l’activité de maintenance dans le secteur du fret, qui génère une part essentielle de ses revenus et qui s’est « internationalisée » avec l’ouverture d’un centre de logistique à Francfort (avec d’ailleurs le nouvel actionnaire suisse Panalpina), ne piquera pas du nez. La compagnie aérienne a dégagé en 2002 un résultat net de 29,6 millions d’euros, en hausse de 46 pour cent par rapport à 2001. Son résultat d’exploitation, qui ne tient pas compte des revenus exceptionnels, a été assez bon : 14,6 millions contre dix millions un an plus tôt. Une lecture dans le détail des chiffres, laisse tout de même poindre une certaine inquiétude : 1,4 million d’euros « seulement » est venu de l’activité aérienne proprement dite contre des pertes de 16,7 millions en 1999 et de 7,7 millions en 2000. Les principales sources de revenus (13,3 millions d’euros) étant tirées des « autres activités », principalement de l’activité de cargo et de maintenance (handling) de passagers, qui affichent une assez bonne rentabilité. En revanche, la branche tour operator avec Luxair Tour, qui n’en finit pas de digérer le cinglant échec du système de réservation Atlas, est restée dans le rouge en 2002. Cette activité devrait d’ailleurs passer par un sérieux relissage de son offre et surtout de ses tarifs, peu compétitifs par rapport à ses principaux concurrents. La compagnie mise en partie sur le renouvellement de la flotte des Boeing (avec l’acquisition d’appareils de type 737-700 qui ouvriront de nouvelles destinations de vacances) pour redresser la barre. Le tour operator luxembourgeois a été frappé de plein fouet par la désaffectation de la clientèle allemande (-27 pour cent) qui représentait le fonds de commerce traditionnel après la clientèle locale. En 2002, le marché français (28,8 pour cent des ventes) a dépassé l’Allemand. Et le rapport risque encore de se dégrader au profit de la Lorraine puisque la compagnie va desservir à partir de cet été l’aéroport de Metz-Nancy vers trois destinations de vacances, ce qui ne fut pas possible en 2002, faute d’un accord avec les autorités aéroportuaires françaises sur les droits de trafic. Cette année, tout est rentré dans l’ordre. 2003 ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour le secteur aérien. Luxair, qui a gelé cette année les recrutements, sera amenée dans une prochaine étape à s’attaquer aux frais salariaux qui  augmentent automatiquement de six pour cent par an alors que l’accroissement annuel moyen de son activité pointe à deux pour cent. L’heure est aux réductions de coûts et à l’amélioration du coefficient d’occupation des avions. La compagnie s’apprête à lancer des billets first minutes, qui offriront des tarifs avantageux à ceux qui les réservent longtemps à l’avance. Quant aux réductions des coûts salariaux, les dirigeants de la compagnie devront sans doute laisser passer l’automne et les élections sociales avant de pouvoir s’atteler à la tâche.

Véronique Poujol
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