Luxair

Business Class

d'Lëtzebuerger Land vom 08.04.2004

Être mis à la porte ou la claquer lui-même : telles semblaient être les options pour Christian Heinzmann, le directeur général de Luxair, à l’entrée de la réunion de crise du jeudi 1er avril. Une semaine plus tard, tout porte pourtant à croire que la compagnie aérienne gardera son patron. Malgré le désaveu réel qu’il a subi, son amour propre ne semble pas lui dicter de se retirer de sa propre initiative. Son principal actionnaire, l’État, n’a pour sa part plus de raisons de le limoger. Après tout, il s’est exécuté sous la pression du gouvernement. Selon nos informations, Henri Grethen a d’autres têtes en ligne de mire. Le ministre de l’Économie et des Transports réfléchit, par moments à voix haute, à refuser aux présidents aussi bien de Luxair que de Cargolux un nouveau mandat à la tête des conseils d’administration respectifs. Les mandats d’administrateurs dans les deux sociétés doivent être renouvelés à chaque assemblée générale, qui se tiennent dans les semaines à venir. Il semble que la rumeur se confirme au moins pour Roger Sietzen, 71 ans, qui se retirerait de la Cargolux. Parmi les noms murmurés comme possible successeur, Pierre Gramegna, ancien fonctionnaire et administrateur de Luxair, aujourd’hui directeur de la Chambre de commerce, serait le favori du ministre Grethen. Un éventuel retrait d’Alain Georges chez Luxair n’aurait par contre jusqu’ici pas été évoqué au conseil d’administration. Pour Christian Heinzmann, les six heures passées la semaine dernière au ministère d’État représentent jusqu’ici le point le plus bas de sa carrière luxembourgeoise. Il a dû faire marche arrière sur presque toutes ses oppositions aux revendications syndicales. L’exercice a culminé dans la décision d’annuler les licenciements décidés en janvier de cinq pilotes occupant des fonctions de management. Avant la réunion, Luxair avait été condamnée à verser 100  000 euros de dommages-intérêts pour le licenciement d’un des cinq, en plus délégué syndical. Un montant astronomique qui est sans doute la conséquence de la tentative de Luxair de lier les comportements du flight safety officer à tout prix à l’accident du 6 novembre 2002. La seule petite victoire de Heinzmann sera celle qu’il semble avoir obtenu qu’aucun des cinq ne pilotera plus d’avion Luxair. Force est toutefois de constater que les parties semblent diverger sur leur interprétation de l’accord trouvé. Pour les pilotes, rien de définitif n’a été décidé. C’est à Luxair de faire des propositions dans les prochaines semaines. Deux des pilotes partiront sans doute en préretraite, alors que d’autres solutions devront être trouvées pour les trois autres. Une nouvelle réunion au ministère d’État est convoquée pour le 6 mai prochain – pour faire le point. Christian Heinzmann n’est pas pour autant au bout de ses peines. Dans un mois, il devra présenter des résultats 2003 de Luxair qu’on dit décevants, bien que toujours bénéficiaires. Or, si même les finances ne suivent plus, il ne restera définitivement plus grand chose de l’aura du directeur général. Même si 2003 fut pour l’aviation en général une année maussade. L’embauche de Christian Heinzmann, qui a remplacé l’éphémère Jean-Donat Calmes à la tête de Luxair début 2001, s’était faite sur base de ses compétences professionnelles. L’homme avait géré avec un indéniable succès la compagnie aérienne flamande VLM, spécialisée dans les vols à destination du City Airport dans les docks de Londres. Les regrets étaient d’ailleurs réels quand, un an plus tard, Heinzmann devait quitter le Luxembourg pour prendre en main la SNCB, les chemins de fer belges. Même les syndicats plaidaient alors en faveur de son retour. Les débuts du Flamand à la tête de Luxair furent en effet prometteurs. La compagnie aérienne était certes déjà avant son arrivée une société profitable. Mais son activité de base, l’aviation, connaissait un déficit structurel. En 1999, année de la brève aventure new-yorkaise, la perte de l’activité se serait élevée à 16,7 millions d’euros. L’année suivante, il s’agissait toujours de 7,7 millions. Malgré un bénéfice net de 19,6 millions d’euros, Heinzmann parla ainsi d’un résultat «  mé

Jean-Lou Siweck
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