CD Lost over Luxembourg des Astronoids

How Berny Z. found his way home

d'Lëtzebuerger Land du 20.10.2005

S'il n'y avait qu'un disque luxembourgeois à se procurer en cette fin d'année, ce serait certainement la dernière œuvre du chanteur/compositeur Berny Z. et de ses Astronoids, Lost over Luxembourg. Pure merveille aboutie, après huit longues années d'attente depuis la sortie de Nothing is holy, ce nouvel album tient toutes ses promesses. Depuis le temps que les rumeurs vont bon train, le résultat est d'autant plus remarquable. Pendant quelque temps, personne ne voulait plus croire à la sortie de Lost over Luxembourg. Le titre étant déjà évocateur, quelques fans se demandaient déjà si Berny Z. s'était vraiment perdu dans l'atmosphère. Mais de travail difficile et de longue haleine, il ne reste plus aucune trace. Dès la première écoute, dès les premiers sons de cloche de l'église de Mersch, l'ambiance est créée. D'une traite, on avale les  dix chansons que contient cet album. Tout de suite, on se laisse entraîner par une ambiance mélancolique mais aussi par la voix envoûtante de Berny Z. Les mélodies sont captivantes, tristes et surtout belles. Les textes viennent souligner cette mélancolie qui semble hanter la tête du créateur de ces purs bijoux musicaux. L'enregistrement de cet album s'est étalé sur quelques mois. Différents musiciens de la scène musicale luxembourgeoise (Thierry Kinsch, Thierry Till, Menni Olinger ou encore Fränk Villanueva pour ne citer qu'eux) se sont succédé sur les morceaux. L'unité persiste tout de même, et l'intelligence des compositions traverse comme un fil rouge chaque chanson. Parfois la voix de Berny Z. résonne comme une longue plainte, une souffrance qui perce à travers la chanson (tel le refrain de Too vain tune, lorsqu'il chante « I don't need anybody, (…) as I don't see no more sunlight (…) sing to myself »). Personnage touchant à travers ses textes, personnage que l'on voudrait prendre dans ses bras et mener dans un monde meilleur, où les rêves et les chimères ne seraient que pure réalité et où Berny Z. retrouverait peut-être un peu confiance dans l'humanité.   Mais ces textes laissent aussi transpercer une qualité d'observateur du genre humain. Dans pratiquement tous ses textes, un oiseau revient et contemple ce qui se passe sur notre terre. Berny Z. semble être cet oiseau qui nous survole et nous relate ses visions et des peurs qu'il rencontrent au jour le jour. Depuis la dernière apparition remarquée de Berny Z. à la soirée Elektro vs Acoustic (à l'Urban, le 4 juillet dernier), accompagné de Serge Tonnar, le public attendait avec impatience la sortie de cet album. L'univers musical y était déjà représenté. Intimiste, acoustique et toujours mélancolique, Berny Z. donnait déjà l'impression de vouloir s'envoler de nouveau, de se perdre comme un oiseau au-dessus-dessus de Luxembourg, au-dessus-dessus de la terre ferme. Des comparaisons pourraient être établies avec des artistes internationaux de renom. Berny Z. trouve certainement ses racines musicales dans les meilleures formations des années 1960. Mais ne comparons pas cet objet unique de la scène luxembourgeoise. Berny Z. démontre avec cet album qu'il sera désormais plus qu'incontournable dans l'environnement musical luxembourgeois. Un des rares albums à tenir tête avec des productions internationales, une des rares œuvres à donner le sentiment d'avoir été pensé, réfléchi, joué et rejoué jusqu'à l'approche de la perfection… même si ce n'est pas encore parfait, et heureusement, sinon l'écoute en deviendrait de nouveau ennuyeuse. Cette perle est, pour moi, une découverte. On me l'avait annoncée il y a longtemps, mais je n'y croyais plus vraiment. Courez chez tous les bons revendeurs de musique et ne manquez pas sa prestation live en première partie d'Andrew Bird à la Kufa, demain, 22 octobre à 21 heures.

 

 

Joanne Goebbels
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