UMTS

Convergence «modèle Tango»

d'Lëtzebuerger Land du 13.06.2002

D'ici six mois, Tango se dit prêt à offrir des services UMTS au Grand-Duché de Luxembourg. À quoi bon cet UMTS, longtemps loué au-delà de toute raison? Tango croit voir la réponse dans une substitution au réseau fixe. L'avenir sera donc mobile. Évidemment, c'est la logique d'un groupe à la culture mobile, d'un groupe où les réseaux fixes n'ont guère de place sinon pour compléter le mobile. Les prix du mobile toujours à la baisse ­ suivant les responsables de Tango ­ attirent de nouveaux clients qui eux n'auront plus besoin d'un raccordement fixe.

Autre atout de l'UMTS, selon Pascal Koster, directeur général de Tango/Tele2, la capacité des réseaux GSM vient d'atteindre ses limites avec +/- 500 millions de minutes par an. Lié à la convergence multimédia, le besoin d'un accès à large bande passante se résume, toujours selon le responsable de Tango, en un besoin accru pour l'UMTS.

Le discours Tango est donc nettement plus optimiste que celui de l'Entreprise des Postes et Télécommunications. Et pour cause, Tango projette de démarrer l'UMTS dès janvier 2003 avec une couverture initiale de 90 pour cent de la population et 69,5 pour cent de la surface du Grand Duché. Cette approche est non seulement optimiste mais très ambitieuse. En effet déjà les affirmations sur le réseau GSM existant nous semblent un peu trop optimiste: Tango parle d'un nombre très faible de drop calls, c'est-à-dire de communications qui sont coupées sans l'intervention de l'utilisateur. Le chiffre très bas s'explique par le mode de calcul, seules les interruptions initiées par le réseau entrent dans la statistique, explique Pascal Koster; néanmoins il admet qu'il y a des problèmes avec certains modèles de portables. Pour le client, cette astuce technique ne joue point, il constate tout banalement qu'il n'arrive pas à téléphoner, la cause ne l'intéresse guère. 

Côté couverture, les chiffres avancés par Tango nous paraissent très optimistes aussi (la même remarque est d'ailleurs vraie pour LuxGsm). Une fois de plus il y a lieu de se demander si l'ILR ne devrait pas refaire une étude de couverture et publier cette fois-ci le résultat au lieu de constater que les deux réseaux remplissent les critères fixés dans le cahier de charges. C'est néanmoins sur ces chiffres que repose la stratégie de déploiement UMTS de Tango. La première phase en est basée sur les sites GSM existants, ceux-ci sont réutilisés pour l'UMTS, donnant ainsi au projet ambitieux une note réaliste. La stratégie est géniale: construire sur ce qui existe. C'est d'ailleurs dans cette optique que de nombreux producteurs de réseaux ont orienté leur marketing depuis des années. Ils vendent des réseaux qui - en théorie - se laisseraient transformer par simple tour de tournevis en réseau UMTS. En théorie, tout comme en théorie, il est simple de configurer un portable afin de pouvoir surfer sur Internet. 

Les ingénieurs de Tango se voient du coup confrontés, à l'échelle supérieure, aux mêmes problèmes que le commun des mortels. Comment faire marcher en pratique ce qui en théorie fait la différence? S'ils réussissent, ils seront définitivement les champions du mobile, après avoir étonné le monde professionnel par la rapidité de déploiement de leur réseau en 1997/1998. S'ils échouent, ils devront expliquer à l'ILR la cause des délais éventuels. En effet les promesses faites par les trois opérateurs Tango, Orange et l'Entreprise des Postes et Télécommunications ont résulté dans le classement final où Tango a devancé la concurrence. 

Le calendrier lié au plan de bataille présenté par Tango prévoit une migration douce vers l'UMTS qui a déjà débuté. Le pas le plus important étant celui du passage au GPRS. Malheureusement, ce mode de transmission de données n'est pas vraiment gâté de succès. Malgré les promesses au lancement du service, la transmission n'a pas encore dépassé les 53kbit/s (très) théoriques. Le maximum promis, de l'ordre de 172kbit/s, a vite été rayé des présentations. La faute n'est pas forcément à chercher du côté des opérateurs, mais, une fois de plus, chez les producteurs de terminaux. À l'heure actuelle les terminaux sont «bloqués» à 53kbit/s. Malgré les apparences le GPRS ne connaît donc pas le succès qu'on lui a prédit. 

La raison en est que le roaming au niveau du GPRS est simplement inexistant. En clair, le GPRS est une affaire locale. En dehors du réseau auquel l'utilisateur est abonné, il ne pourra profiter du service. Autre point faible du GPRS: le coût élevé des transmissions. Ainsi, 1MO de données se paye entre 20 et 60 euros, évidemment le temps brut n'est pas facturé, ce qui constitue un avantage pour les connexions longue durée - faible volume (email par exemple). Le problème du roaming se pose évidemment aussi pour l'UMTS, aussi longtemps que pour le GPRS il n'est pas encore résolu.

D'où l'idée de Tango de parler de substitution du réseau fixe. Deux mouches d'un coup. Le déploiement de l'UMTS (limité sur le plan national) et la concurrence au réseau fixe de l'opérateur historique sans devoir s'aventurer sur le terrain de l'infrastructure du réseau fixe.

Mais comment motiver le client pour migrer du fixe vers le mobile, d'une technologie qui a fait ses preuves vers une dont on ignore les capacités réelles. Une fois de plus l'Internet doit attirer les clients. Un modem USB permet de connecter l'utilisateur à raison de 348kbit/s sur Internet, en voie descendante pour 64kbit/s pour la voie montante. 

À raison de 25 euros/mois,le client disposera d'une connexion permanente sur Internet, la voix sera soit transmise par GSM (pour les clients qui ne veulent pas encore acheter un nouveau portable) soit par le mélange UMTS/GSM géré par un portable intelligent qui choisira au fur et à mesure entre la meilleure des réceptions possibles. Pourvu que ces appareils soient disponibles au démarrage de Tango UMTS, ils pourront alors inonder les utilisateurs de MMS, Internet et TangoTV, version mobile.

 

Add.: Welcome to the Brave New World. . . à condition de trouver la porte d'entrée

Prenons le banal exemple de la configuration d'un GSM afin que celui-ci devienne connectif. Le marketing des deux opérateurs luxembourgeois mise sur la configuration dite OTA (over the air). Cette méthode est basée sur un SMS qui contient les paramètres de configuration dès la réception. Ce principe apparaît limpide, mais il cache cependant un certain nombre de pièges: Il est tout d'abord indispensable que le GSM contienne dès le départ une configuration qui permet d'envoyer des SMS. Enfin, disons qu'en règle générale cette condition est remplie. Ensuite, pas tous les GSM ne supportent cette fonctionnalité. Elle n'est garantie que chez les modèles de Nokia  et Sony-Ericsson. Pour les autres marques, il faudra prendre recours à la configuration classique. Après avoir écarté les préliminaires, l'utilisateur n'a plus qu'à envoyer un SMS à son opérateur, qui lui renvoie, par retour de courrier, un SMS de configuration. Mais que mettre dans cet SMS ?

Heureux ceux qui ont accès à Internet - et sont clients Tango, l'opérateur alternatif a en effet une liste des codes nécessaires sur son site web, l'utilisateur n'a plus qu'à les copier dans un SMS et c'est parti. Moins heureux la solution de LuxGSM. Les responsables se sont donnés beaucoup de peine à rassembler une multitude de manuels Step-by-Step, mais ce n'est pas ce que nous recherchions. Comme nous savons qu'il existe, nous persistons et enfin, dans la rubrique WAP, il se cache et se trouve. 

Pour ceux qui n'ont pas encore Internet, il reste l'appel à la Helpline. Chez Tango (après la navigation quelque peu énervante dans les menus) les réponses sont claires et précises, notre interlocuteur nous donne le code qu'il nous faut pour configurer notre téléphone.

Moins de chance chez l'EPT, le numéro de contact est gratuit (de même pour Tango) mais pas de support le samedi, ni le dimanche. La suite sera donc pour lundi.  PT

 

P.S. Lundi, appel au Helpdesk de l'EPT. Les renseignements sont pertinents et justes. OTA ne fonctionne que pour Nokia et Ericsson, pour les autres il faudra passer à travers les menus.

 

 

 

 

 

 

Pascal Tesch
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