Pisa II

À tâtons

d'Lëtzebuerger Land du 13.01.2005

Lors de la présentation des résultats de l'étude Pisa II en décembre dernier, la ministre de l'Éducation nationale Mady Delvaux avait annoncé que l'Université du Luxembourg allait rapidement analyser les données pour en tirer la substantifique moelle. Un mois plus tard, les modalités ne sont toujours pas fixées. D'abord, il faut trouver le personnel qualifié et disponible – une question d'emploi du temps chargé – ensuite, il faut trouver les moyens financiers. C'est une des raisons pour lesquelles la commission parlementaire de l'Éducation nationale a été flanquée de celle de l'Enseignement supérieur. « Ses membres doivent prendre leurs responsabilités pour que l'analyse puisse se faire, souligne Jos Scheuer, le président de la commission de l'Éducation nationale, c'est leur mission de trouver une solution au niveau de l'Université qui est débordée et ne peut effectuer cette tâche à moins que des fonds supplémentaires soient débloqués. À eux maintenant de mandater les ministres compétents.» Jos Scheuer n'est visiblement pas persuadé de l'idée d'associer en plus la commission de l'Économie dans le débat sur l'évaluation (assessment) de l'enseignement luxembourgeois. À la base, l'étude Pisa de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, a pour souci principal de tester si le niveau des jeunes est suffisant pour qu'ils soient intégrables dans le marché du travail, d'où l'intérêt économique d'une formation solide. « Si nous étendons les discussions à d'autres commissions, nous risquons de finir par un bavardage infructueux, » ajoute le président. C'est aussi la raison pour laquelle il ne souhaite pas organiser de hearing à la Chambre qui implique la consultation de tous les milieux concernés : « Les données sont connues, tout a été dit. Il faut passer à la vitesse supérieure. » Un débat de consultation sera organisé fin février, début mars à la Chambre des députés sur les résultats de l'étude Pisa II. La ministre Mady Delvaux voudrait entendre l'avis des députés pour décider de la marche à suivre en matière de politique de l'Éducation. Mais le président de la commission ne sait pas encore comment s'y prendre, s'il faut un rapport ou pas, car c'est la première fois qu'un tel débat aura lieu au parlement ¬– une inconnue qui ne tient peut-être qu'au fait que ce débat n'engage à rien. Du point de vue contenu de l'étude, le président de la commission souhaite se concentrer sur le deuxième volet : le climat dans les établissements scolaires, la motivation des élèves et les compétences des enseignants. Dans ces domaines-là, il pense qu'il sera possible de changer la donne à court terme. « Un exemple est l'aide aux élèves en difficultés, précise-t-il, il ne devrait pas être trop difficile d'instaurer assez rapidement des structures manquantes dans les lycées. Un autre problème est la pénurie en personnel qualifié, les chargés de cours qui n'ont pas de formation pédagogique. Aujourd'hui, nous avons digéré le choc de l'étude Pisa I et nous sommes capables de mener un débat serein qui mènera à des changements. Le projet-pilote annoncé par la ministre s'inscrit dans cette logique-là. » Même si le député socialiste n'a pas tout à fait tort sur l'urgence de certaines mesures, il semble tout de même fort optimiste de croire à des changements rapides. Le 26 janvier prochain, la commission a invité deux experts allemands, les professeurs Jürgen Baumert et Olaf Köller pour entendre leurs interprétations des résultats de l'étude en relation avec l'impact de la migration au Grand-Duché et les exemples de réactions des autorités allemandes sur le fiasco de Pisa selon les spécificités des Länder.

 

anne heniqui
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