Obskura

Just for fun

d'Lëtzebuerger Land vom 27.10.2005

La veille d'Halloween, cette fête dont la célébration, dans nos régions, relève plus du commercial que du traditionnel, un objet étrange fera son apparition sur les écrans luxembourgeois. Une production indépendante, autofinancée et réalisé par une asbl, loin des modes de financement habituels et leur devise: «You're nobody 'til somebody loves you », pour emprunter ces paroles à Sinatra. Le genre choisi est lui aussi du jamais vu au Luxembourg, à savoir le film de zombie. Profitant de la démocratisation des outils nécessaires à la production d'un film, l'association Obskura a, pendant un an, investie son temps libre, son énergie et 13000 euros dans la production du film au titre banal Zombie Film. Le scénario essaye de reprendre un schéma qui a fait ses preuves des classiques du genre tel qu'Evil Dead jusqu'au récent Cabine Fever: une bande de jeunes (ici deux potes et leur poupée gonflable) se retire dans un chalet en pleine forêt pour faire la fête. Mais la beuverie programmée tourne vite au cauchemar, lorsque des morts-vivants envahissent l'habitation pour dévorer les fêtards. Pour rajouter des personnages à démembrer, un autre groupe de jeunes se perd dans la forêt et atterrit comme par hasard au même endroit. Obskura et son président Patrick Ernzer, qui a co-réalisé le film avec l'acteur principal Mike Tereba, ont une vue réaliste sur leur projet, annoncé comme film trash et insistent sur son caractère amateur. La plupart des nombreuses lacunes techniques et narratives de Zombie Film, résultant de l'inexpérience de l'équipe dont tous les membres sont autodidactes, se laissent résumer par l'argument qu'il n'assume pas ce statut trash à part entière. Le maquillage, qui est sans doute un des éléments les plus maîtrisés par les créateurs, aurait permis de pousser le bouchon un peu plus loin, afin de réaliser un film encore plus gore et auto-dérisoire. L'ironie des deux fans de films d'horreur agressés par des zombies se perd ainsi rapidement. En plus, des problèmes techniques pendant le tournage font qu'aux craquements des os se rajoutent ceux des coupures sonores, d'autant plus dommage que les compositions de Patrick-Yves Kleinbauer, de sa formation Toxkäpp! et celles des nombreux autres groupes tels que Last Millenium Suckers ou S.M.U.S. soulignent bien l'action et créent une ambiance de film d'horreur que les images ne réussissent pas à suivre. Le casting rassemble les stéréotypes du genre tel que la brute impulsive (Steve Thull), le beau gosse (Lionel Becker) ou la blonde pulpeuse (Sarah Hoffmann) servant de screamgirl, tous donc interprétés par des amateurs, dont les problèmes de décontraction et les hésitations dans le jeu nous rappellent sans cesse qu'on est en train de voir un film d'amateur. La touche luxembourgeoise caricaturée sous forme de packs de bière, jurons et références locales pourrait constituer un élément d'attraction pour certains.Zombie Film bénéficiera d'une exploitation étonnante dans plusieurs salles. Ce long-métrage pas très long de 75 minutes constitue un projet dont l'initiative est louable, mais pas justifiée par un savoir-faire conséquent. Pour d'autres projets qu'Obskura affirme avoir en réserve, il est très souhaitable que le know-how vienne se rajouter aux moyens techniques et financiers.

 

 

Fränk Grotz
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