Cinéma

Hypertension

d'Lëtzebuerger Land vom 21.09.2018

Dans son générique annonciateur, Thomas Lilti, médecin généraliste et réalisateur de films (Hippocrate, 2014), nous révèle le thème de son nouveau long-métrage, une fois de plus situé dans le milieu médical : des photos de l’immense hall du Parc des expositions à Paris, dans lequel plus de 2 000 étudiants attendent nerveusement les questionnaires de l’examen qui conclut leur année préparatoire en médecine. Les grands bacs bleus scellés contenant les formulaires sont amenés par chariots pendant que les visages des aspirants trahissent la tension extrême par des regards vides, des soupirs ou des ricanements nerveux.

Première année suit l’amitié passionnelle de deux étudiants tentant de passer cette fameuse étape en médecine en se penchant sur leur provenance et leurs approches différentes. Antoine (Vincent Lacoste), issu d’une famille de classe moyenne, essaie pour la troisième fois d’obtenir un classement suffisant en première année afin de continuer en médecine et non pas dans une des autres matières proposées, comme pharmacie ou dentaire. Benjamin (William Lebghil), enfant de médecin qui sort du lycée a plutôt choisi ses études par filiation. Alors qu’Antoine se remet à un régime de révisions assidu dès la rentrée, Benjamin prend tranquillement ses aises et affiche une attitude plus enjouée à l’égard du défi qui l’attend. Lorsque le novice est mieux placé dès la première épreuve, le comportement d’Antoine change et prend la direction d’une névrose.

Le troisième long-métrage de Thomas Lilti vit surtout de sa valeur documentariste. Les queues devant les amphis, la cohue poussant contre les portes fermées du hall pour accéder à l’affichage des résultats ou l’ampleur que prend la distribution de polycopiés ne sont que quelques exemples du stress généré dans un environnement ultra-concurrentiel. L’énorme différence entre le nombre de candidats et celui des places disponibles fait régner une nervosité palpable à tout instant. Du coup, même les moments de détente prennent des allures extrêmes, lorsque les étudiants hurlent de toutes leurs forces pour acclamer l’étudiante placée en tête du classement ou lorsqu’ils envahissent un cours déguisés et obligeant le prof à chanter une chanson grivoise.

Au niveau de la dramaturgie, Première Année a plus de mal à convaincre. Le plaisir qu’on éprouve à voir jouer le jeune duo d’acteurs Vincent Lacoste et William Lebghil ne vaut pas pour l’intrigue. Des ficelles scénaristiques trop apparentes rendent l’histoire souvent prévisible et le développement du film, partant du drame pour se diluer dans une bromance plutôt légère, est décevant.

Au final, le point de vue du réalisateur/auteur n’est pas clair : critiquer l’absurdité d’un système transformant les étudiants en « machines à répondre aux questions », comme le dit Benjamin ou nous dire qu’avec le bon mélange d’acharnement et de distance objective, c’est faisable. En tant que patients potentiels, on se dit qu’il est plutôt rassurant de savoir que les futurs médecins doivent connaître leurs cours sur le bout des doigts.

Footnote

Fränk Grotz
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