Université

L'Université est mal partie

d'Lëtzebuerger Land vom 08.07.2004

Ils faisaient pitié, les responsables de l'Université du Luxembourg lorsqu'il y a deux semaines, ils organisaient une conférence de presse pour informer de l'état d'avancement du projet. Ce qu'on appréhendait a été confirmé sur toute la ligne. Le dossier n'a pas avancé d'un iota depuis le décès inopiné du recteur François Tavenas le 13 février dernier. Et on n'arrête pas de faire son deuil sur cette disparition tragique en invoquant en guise d'excuse les difficultés à trouver un remplaçant. Mais cela en dit long sur ce projet mal emmanché. Depuis sa mort, rien n'a bougé, et surtout pas l'élaboration de la planification à moyen terme des activités futures de l'université, qui aurait dû servir d'argumentaire pour  l'appel à des fonds publics conséquents destinés à accompagner sa montée en puissance progressive. Tout a été reporté d'au  moins une année et l'on devra se contenter de la poursuite des activités modiques et modestes des quatre entités qui forment le noyau dur de l'université, faute de mieux (Cunlux, IST, ISERP, IEES).

Certes, on évoque maintenant le nom de Frans van Vught, l'actuel recteur de l'université de Twente aux Pays-Bas, comme homme prodige. Mais reste à savoir si cet homme certes estimable et honorable parviendra à rattraper le temps perdu depuis le décès de Tavenas qui commence à peser lourd et qui risque d'hypothéquer gravement nos ambitions démesurées. À ce qu'il paraît, le recteur van Vught aurait même eu le culot de rappeler à ses interlocuteurs grand-ducaux que le projet ne réussira qu'à la condition qu'on se donne enfin les moyens de ses ambitions! Mais que diable, qui et quoi a vraiment empêché les responsables en place à donner de la consistance à leur démarche et à déclencher enfin un débat publique sur les finalités de cette entreprise qui cherche toujours sa voie et sa place dans le paysage universitaire européen? Il est trop facile de se réfugier derrière l'argument des difficultés  rencontrées à trouver un successeur à François Tavenas. Qu'attend-on pour sauter le pas? 

 

Mario Hirsch
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