Université

Études et travail - un couple compliqué

d'Lëtzebuerger Land du 29.05.2008

Tout le monde sait que la vie est chère au Luxembourg. Ce fait n’est pas nouveau, mais lorsqu’on est étudiant, particulièrement étranger en provenance d’un pays tiers, et qu’on ne bénéficie pas de bourses aussi avantageuses que les résidents du grand-duché, cela peut poser problème en matière de financement des études. 

En effet, le coût de la vie d’étudiant est évalué, selon le Service des étudiants de l’Université du Luxembourg, à quelque 800 euros pour vivre par mois, ce qui inclut 350 à 500 euros pour le logement et le coût approximatif de 45 euros pour le transport. Or, si on calcule bien, les 300 euros par mois, qui restent après la déduction du loyer, ne suffisent guère pour vivre aisément au Luxembourg. Le fait que le coût de la vie d’étudiant au Luxembourg correspond désormais au même budget que projette le service d’étudiants de la Sorbonne pour « vivre correctement » à Paris, en dit long.

La question se pose donc : Comment peut-on financer ses études au Luxembourg en tant qu’étudiant étranger ne bénéficiant pas de bourses? La solution semble vite trouvée, à savoir ce qui est la norme dans beaucoup de pays européens : le travail d’étudiant. En Angleterre, par exemple, où le coût des études est certainement devenu très cher – jusqu’à 3 700 euros pour les frais d’inscription par année –, les étudiants étrangers appartenant à l’Espace économique européen (EEE) ont le droit de trouver un emploi sans restrictions et sans permis de travail. Les ressortissants de nouveaux pays européens et ceux de l’extérieur de l’Union peuvent travailler, sous certaines conditions, vingt heures par semaine pendant leurs études. En Allemagne, où 68 pour cent des étudiants gagnent de l’argent à côté de leurs cours, les conditions pour les étudiants de l’EEE sont les mêmes qu’en Angleterre. Les ressortissants des autres pays, par contre, ont le droit de travailler 90 journées ou 180 demi-journées par année sans permis de travail.

Au Luxembourg, les étudiants appar­tenant à l’EEE ont aussi le droit d’exercer une activité salariée sans permis de travail. Mais les conditions pour exercer un travail en tant que ressortissant d’un autre pays sont plus difficiles. Selon le projet de loi sur la libre circulation des personnes et l’immigration, sur lequel le Conseil d’État vient de sortir son avis le 20 mai, les étudiants des pays tiers sont autorisés « à exercer une activité salariée limitée à une durée maximale d’une moyenne de dix heures par semaine sur une période de un mois, en dehors du temps dévolu des études. » Or, cette autorisation de travail, déjà assez limitée par rapport à d’autres pays européens, s’applique seulement au cas où l’étudiant en question est inscrit dans un programme de master ou de doctorat. Les ressortissants de pays tiers en formation de bachelor, par contre, n’ont le droit de poursuivre une activité salariée qu’à partir de la deuxième année d’étude. Apparemment, il s’agit d’éviter que des étudiants étrangers s’inscrivent en première année à l’université seulement pour trouver un emploi mieux payé que chez eux.

Le projet de loi donne aussi un nouveau cadre au travail sur le campus, qui est désormais autorisé pour toutes les nationalités confondues, à partir de la première année. Cependant, cette option demeure peu attractive pour les étudiants du premier cycle, vu que, dans la pratique, elle se limite avant tout à des postes de chercheur au sein de l’établissement ou dans un systèmede recherche agréé.

Finalement, la seule façon par laquelle un étudiant étranger de premier cycle peut gagner de l’argent pour s’offrir des études au Luxembourg est d’attendre les vacances académiques, pendant lesquelles il peut poursuivre une activité salariée de deux mois, dont la rémunération doit correspondre au minimum à 80 pour cent du salaire social minimum. Or, cela ne suffit guère pour financer une année d’études.

 

David Goebbels
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