Stroossefestival Stroossen

Dans la rue les baladins

d'Lëtzebuerger Land du 28.09.2018

Deux buissons vivants se baladent dans le centre du village de Strassen. Des haies de forme humaine que les nombreux badauds abordent, prennent en photo et câlinent. Il s’agit des Hedge Men, performance artistique de la Living Statue Company, directement en provenance d’Angleterre. En plein centre-ville donc, une partie de la rue des Romains est bloquée, ouverte qu’aux piétons. Là, des centaines de personnes, beaucoup de familles pour un fourmillement d’enfants qui courent dans tous les sens. D’un côté de la route comme de l’autre, une multitude de stands de restauration. Pour sa neuvième édition, le Stroossefestival mise une fois de plus sur la convivialité. En ce samedi 22 septembre, 39 spectacles ont été programmés. Des dizaines d’artistes et musiciens se succèdent dans les scènes en intérieur et plusieurs formations déambulent dehors, malgré le mauvais temps. Les équipes ont prévu le coup. La compagnie Aramelo est au rendez-vous, le duo, spécialisé en trampoline et en acrobatie, se permet une pause plus terre-à-terre, enfin presque. Ole, sur des échasses, est grimé en femme dans une tenue traditionnelle. Il conduit une poussette géante dans laquelle Mara est assise, sa tête en dépasse de temps à autre sous les regards des passants.

Le Stroossefestival est un festival d’arts de la rue et de musique, organisé bi-annuellement dans la commune de Strassen. L’évènement est gratuit et la programmation est, on ne peut que le reconnaitre, extrêmement variée. Musique folk italienne, musique expressive cubaine, électronique ou expérimentale, les plus curieux feuillètent la brochure avec attention. Outre les musiciens, ce sont surtout les saltimbanques en tous genres que le festival met en avant. Sur la chaussée se propagent de nombreux baladins. Des personnages hauts en couleur sillonnent le voisinage. Des caniches anthropomorphes aux couleurs criardes déboulent sur les passants à l’aide d’échasses bondissantes camouflées sous du pelage factice. Derrière ces personnages, les artistes de la Dulce Compania, spécialistes des walk acts.

Sur le parking de l’administration communale de Strassen, réquisitionné pour l’occasion, d’autres stands. Une file assez conséquente se développe devant celui d’un sculpteur de ballons. Plus loin, un magic mirror, chapiteau de verre et de bois, a pris place. Un spectacle de la Vaya compagnie y démarre aux alentours de 17 heures. Les deux membres, Berna Huidobro et Tim Belime, font une promesse ambitieuse aux spectateurs, assez nombreux et entassés. Conter « l’évolution de la race humaine » par le biais d’un spectacle intitulé Atempo. Les deux artistes entrent d’abord sur scène, à quatre pattes, imitant des singes. Une approche darwiniste des plus intrigantes. On redoute d’abord l’arrivée du malaise en repensant à une scène de The Square de Ruben Östlund dans laquelle un artiste se fond dans la peau d’un gorille et met le souk dans un dîner mondain. Ici, les artistes s’amusent et les enfants sont hilares. Musique corporelle et acrobaties assez impressionnantes se suivent.

Tandis que les buvettes ne se désemplissent pas, c’est Marco Massa qui prépare sa montée sur scène. Le chanteur guitariste italien, habitué du Grand-Duché, est accompagné par Pietro La Pietra à la guitare électrique, Gautier Laurent à la contrebasse et Jean-Marc Robin à la batterie. Greg Lamy, qui accompagne habituellement Marco Massa dans ses dates luxembourgeoises, endosse ici le rôle de maitre de cérémonie. Il prie les parents de surveiller leurs progénitures. Les enfants spectateurs sont infatigables. Le concert commence par une ode à la ville d’origine du musicien, Milan. S’ensuivent quelques titres issus de son beau projet Sono cose delicate. Le parquet éphémère vibre au rythme des pincements de la contrebasse. Dehors, les artistes de la compagnie La Salamandre préparent leur spectacle pyrotechnique. La soirée approche sa fin et laisse présager le meilleur.

Kévin Kroczek
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