Conjoncture

Déprime du secteur financier

d'Lëtzebuerger Land du 18.07.2002

Le Statec maintient inchangées à six pour cent ses prévisions de croissance pour 2003 et table sur une petite reprise de l'activité au cours de ce second semestre. La croissance du PIB en 2002 restera tout de même « médiocre » à 2,7 pour cent, sous le niveau déjà très bas de 2001 à 3,5 pour cent. « Les chiffres (…) ne donnent pas encore de signes marquants d'une reprise économique généralisée au Luxembourg », relève la dernière Note de conjoncture. 

Le secteur financier, totalement dépendant d'une demande internationale endeuillée par les cours boursiers, tire la langue et montre des signes inquiétants de faiblesse avec des niveaux de recrutement proches de zéro. Rien ne dit que la locomotive de l'économie luxembourgeoise redressera l'échine en 2002. Les investissements nets dans les fonds d'investissements restent en recul par rapport au niveau de 2001 (-8,7 pour cent entre janvier et avril) même si, dans l'absolu, les actifs nets  s'affichent en hausse (plus huit pour cent). 

D'autant que le régime sans sel que se sont imposées les banques depuis le printemps 2001 ­ le « coup » a été accusé plus ou moins en douceur en 2001 où les établissements ont pu jouer sur les provisions mais il sera nettement plus douloureux cette année ­ a des répercutions importantes sur le reste de la chaîne économique, notamment la branche des services aux entreprises (-5,9 pour cent au premier trimestre). Dans le secteur des communications, la chute du chiffre d'affaires est assez sensible au cours des trois premiers mois de 2002 avec -15,6 pour cent.  

Les branches qui sont directement connectées à la demande intérieure (secteur horesca, commerce ou construction) ont moins souffert. Ainsi, la production dans la cons-truction a progressé de 7,2 pour cent en moyenne entre janvier et mars. Dans le même temps, le chiffre d'affaires en volume du commerce de détail grimpait de 9,4 pour cent. Cette défonce du consommateur ne doit rien au hasard. Les Luxembourgeois ont profité des allégements d'impôts et de la hausse des salaires sur laquelle le Statec ne donne pas d'indications chiffrées pour 2002, les chiffres faisant l'objet d'un nouveau calcul. L'institut national prévoit d'ailleurs une nouvelle tranche indiciaire au milieu de l'année 2003.    

La production industrielle a reculé de 3,8 pour cent en volume entre janvier et mars derniers contre une baisse de -3,1 pour cent du carnet de commande en 2001.  

Au premier trimestre, l'entrée de commandes nouvelles montrait une chute de plus de onze pour cent qui se ventilait ainsi : -6,6 pour cent pour la demande européenne et -16,1 pour cent pour la demande des pays tiers. La parité euro/dollar n'est pas pour rien dans la perte d'attractivité des produits qui sortent des usines luxembourgeoises. Les prix industriels ont reculé de 1,1 pour cent au premier trimestre. Parallèlement sur la même période, le coût salarial unitaire augmentait de 7,5 pour cent en glissement annuel, entamant davantage la compétitivité des entreprises industrielles. Dans le secteur sidérurgique, le coût salarial par unité produite a progressé de près de 20 pour cent. 

Les prévisions du Statec pour l'année prochaine rejoignent à peu de choses près celles de l'OCDE ainsi que celles de la Commission européenne : le premier parie sur une croissance de 6,6 pour cent tandis que la seconde évoque le chiffre de 5,2 pour cent. 

 

Véronique Poujol
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