Coopération régionale

Agissons ensemble

d'Lëtzebuerger Land vom 18.05.2000

Paru sous la signature du ministre de l'Intérieur, un long article (voir d'Land du 12 mai 2000) retrace l'évolution du dossier des friches industrielles de l'Arbed depuis 1996 et énonce un certain nombre d'initiatives pour l'avenir.

Le ton serein de cette contribution tranche avec les réactions verbales irritées, souvent violentes du ministre de l'Intérieur et du Premier ministre face aux premières critiques adressées au gouvernement quant au maniement de ce dossier. Décidément les ministres détestent être contredits, mais sont prompts à changer de tactique suite à la contestation.

Ainsi le gouvernement a au tout dernier moment décidé de ne pas lever le voile sur le dossier « friches » lors du débat sur l'état de la Nation. L'embargo sur l'information, décrété il y a deux mois tourne au dérisoire. Enfin il semblait que la voie de la concer-tation allait s'ouvrir. Nouveau volte-face du gouvernement : le Premier ministre, décidément sous l'empire de la rage, lance un diktat aux communes. Elles ont moins de trois semaines ( !) pour réagir, sinon le gouvernement (qui a pris de longs mois pour mettre au point sa position) passera outre.

Le large débat public et la concertation, apparemment souhaités par le ministère de l'Intérieur, risquent ainsi de tourner court. En jouant au plus fort, le gouvernement, Premier ministre en tête, prend l'énorme responsabilité de saboter un des grands dossiers d'avenir du pays.

Jamais en peine de jongler avec les notions de transparence et de dialogue dans les discours, la coalition au pouvoir éprouve de grandes difficultés à les traduire en pratique. Le secret qui a entouré le dossier des friches industrielles de l'Arbed est une illustration parfaite de ce double-language du gouvernement et de sa majorité. En tablant pour des raisons de politique politicienne sur un effet d'annonce, le gouvernement a brusqué certaines communes du Sud et hypothéqué l'évolution de la discussion. On ne peut qu'espérer qu'avec le temps le bons sens va enfin reprendre le dessus dans une thématique qui ne se prête guère à la polémique entre partis.

Les socialistes, au gouvernement et aux communes, ont été - avec quelques autres - à la base de l'idée du plan régional Sud, de la coopération régionale et de la nouvelle affectation des friches de l'Arbed. Dans la mesure où le gouvernement reconnaît leur droits d'auteur et leur volonté de participer, rien ne s'oppose à une relance du dialogue que le gouvernement avait interrompu.

Néanmoins l'exécutif devra ré-pondre à certaines question légitimes de la part des responsables régionaux du Sud :

1) Pourquoi le gouvernement a-t-il abandonné l'idée de faire participer directement les communes dans la structure de gestion des friches industrielles ?

2) Pourquoi le gouvernement a-t-il misé sur le travail secret en comité interministériel au lieu d'associer dès le début les responsables communaux ?

3) Quelles démarches concrètes le gouvernement a-t-il entreprises pour faire avancer les projets préparés voire décidés avant les élections ? Pourquoi avoir fait perdre une année à la salle de concert pour jeunes approuvée unanimement par le Parlement ?

4) Pourquoi faire croire à un changement de politique alors que le gouvernement ne fait que concrétiser les idées développées par l'étude Agiplan de 1997 ?

À toutes ces questions s'ajoute la nécessité d'examiner si l'accord non public conclu entre le gouvernement et l'Arbed garantit suffisamment la priorité de l'intérêt général par rapport à l'intérêt privé.

En jouant enfin cartes sur table et en faisant preuve d'ouverture d'esprit et d'une véritable volonté d'associer les communes et les citoyens à la gestion du dossier, le gouvernement peut faire bouger les choses.

Les axes de réflexion et les objectifs décrits par le ministre de l'Intérieur correspondent à ceux arrêtés au début des travaux en 1997. Les socialistes y souscrivent encore aujourd'hui. 

Les structures de décision et de planification voulues par le nouveau gouvernement ont pris une autre configuration que celles discutées en 1998/1999. Il faudra en débattre. Le détail des accords gouvernement/Arbed n'est pas connu. On devra les examiner de près. Plus de transparence et un véritable dialogue... et tout devient possible.

 

L'auteur est député du POSL

 

Alex Bodry
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