Concours Skip

La nouvelle vague

d'Lëtzebuerger Land du 18.09.2003

On ne dira plus que les pouvoirs publics ne savent pas communiquer ni demander à des créateurs de les aider à faire passer l'information auprès du grand public. Le concours du 

« Skip », le futur centre d'information et d'exposition du site des friches de Belval-Ouest, était donc d'autant plus intéressant que le concours d'architecture pour le pavillon de 400 m2 était réservé aux architectes de moins de 35 ans.

 

Sur les 87 dossier demandés et les 45 candidats qui ont répondu, les cinq premiers en tout cas, laissent entrevoir à quoi rêve la jeune génération en termes d'image. Le programme relativement simple (accueil, cafétéria, boutique, expositions, projections, deux bureaux), permettait d'imaginer une structure qui, pour le proche avenir, servira surtout de logo bâti à la gigantesque entreprise de remaniement confiée au Fonds sur les friches industrielles de Esch-sur-Alzette.

 

Exit donc (mais ils ont été mentionnés) deux projets à l'aspect quelque peu déconstructiviste : un parallélépipède (Lucio Wercollier et Jo Nei) disposé telle une rampe de lancement - la paternité du « plan oblique » revient à l'architecte Claude Parent et au philosophe Paul Virilio - et une tour zig-zag (Cédric Libert, Sinan Logie, Eloisa Astudillo Fernandez) - d'échelle certes plus réduite que les projets d'un Daniel Libeskind ou de Zahah Hadid mais proches très « tendance » sinon héritiers spirituels des premiers).

 

Le troisième projet était plus classique (l'équipe Din@3, François Müller, Tom Simon et Max Bauer). En forme de signal vertical façon mini-tour, l'aspect du parcours en escaliers sur plusieurs niveaux est néanmoins apparu comme peu praticable car visant un public le plus large possible, de tous âges et de toute condition physique. Impossible en effet, au vu du coût de la future réalisation ( 700 000 euros) d'imaginer l'installation onéreuse d'un ascenseur.

 

Si donc les qualités de l'image pavillonnaire (Mies van der Rohe est et restera pour longtemps l'icône architecturale en la matière avec sa réalisation pour le Pavillon allemand à l'exposition de Barcelone en 1929) et le petit air années 60 (en voie de réhabilitation ?), avec ses couleurs typiques, le blanc et l'orange et ses « hublots » en saillie du volume principal du troisième prix (Metaform et Stéphanie Thill) ont retenu l'attention du jury, ce sont des  « enveloppes » plus simples et surtout facilement utilisables en mètres linéaires d'exposition voire extensibles en volume, qui ont été retenues. Où le projet de Mathias Fritsch a été logiquement battu par l'équipe Polaris Architectes, car nécessitant d'emblée un remaniement de terrain, alors que le pavillon doit pouvoir être démonté et remonté facilement en un ou plusieurs lieux avant de trouver son emplacement définitif, au beau milieu du gigantesque site de chantier.

 

Le « Skip » aura donc un profil en forme de vague et une couleur franche, un jaune pétant. Qui bien sûr aideront à son identification dans l'histoire du lieu, où la mémoire industrielle d'Esch pèse de tout son poids sur les ambitions futures du Fonds Belval. Celui-ci doit en effet compter avec l'opinion publique eschoise, pas peu fière de son passé. Lequel nourrit aussi son attente inquiète pour l'avenir qui lui sera réservé... Le choix du jury, dont Alex Fixmer, directeur du Fonds Belval, Paul Bretz, le récent lauréat des Nouvelles Archives Nationales, et l'historienne Antoinette Lorang, paraît donc perspicace en termes d'image de communication, au vu du premier site d'implantation : à la sortie de l'autoroute venant de Luxembourg, à côté du CNFPC. Soit à l'extérieur des friches, encore impraticables mais avec vue panoramique sur le site.

 

L'avenir dira (le début de chantier est prévu à l'automne 2004) si les vues écologiques de l'équipe gagnante, un système de chauffage par le sol qui se veut symbolique de la récupération énergétique « historique » ne sont pas trop sophistiquées ni l'enveloppe en tôle ondulée, certes séduisante pour un rendu de maquette en... carton du même nom, trop éloignée du terme même de « skip « aux yeux du public : il qualifiait autrefois les wagonnets qui transportaient la fameuse minette. Mais la simple virgule de la marque d'un accessoiriste de sport n'est pas pour rien dans son succès !

 

Marianne Brausch
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