Sandweiler

Ça aurait pu être pire pour le LSAP

d'Lëtzebuerger Land du 14.10.2011

La surprise à Sandweiler, onze mandats, est sans doute le score réalisé par la liste LSAP, qui avait été épurée, quelques semaines avant le scrutin du 10 octobre, de sa tête de liste, le maire sortant Charles Unsen, en raison de l’implication de ce dernier dans une affaire d’immix[-]tion immobilière avec une femme de ménage de la commune1.

En dépit de ce lourd handicap, les socialistes, sans tête de liste, ont obtenu 20,96 pour cent des voix des électeurs, ce qui leur permet d’aligner deux élus : Jacqueline Breuer, échevine sortante, et Edouard Wolf. Il faut dire que les anciens camarades de Charles Unsen se sont totalement désolidarisés de l’ancien leader et ont fait amende honorable, ce que les électeurs ont certainement apprécié en déposant leur bulletin dans l’urne.

Le CSV avait choisi d’exploiter jusqu’à la corde l’affaire Charles Unsen pour mettre en cause la moralité de ses concurrents socialistes et tenter de revenir au pouvoir. Une stratégie qui a porté ses fruits. Le vainqueur incontesté du scrutin est un revenant qui savoure sa victoire et qui ne manquera pas au passage de régler ses comptes : John Breuskin, l’ancien bourgmestre, tête de liste du CSV, qui avait été écarté en 2009, a fait le plein de suffrages. L’homme a obtenu personnellement 906 voix des électeurs et sa liste 5 838, soit 40,43 pour cent des suffrages exprimés. Un score que l’on ne peut pas comparer au précédent scrutin, la commune ayant voté pour la première fois dimanche à la proportionnelle.

Troisième force politique, Déi Greng, dans la majorité sortante avec le LSAP, a obtenu 20,04 pour cent des suffrages, ce qui lui permet d’envoyer deux représentants au conseil communal. Le DP est arrivé en quatrième position avec 18,57 pour cent des voix.

Le mot d’ordre du CSV est de ne pas travailler avec les verts (au pouvoir depuis 2000), qui avaient été à l’origine de leur éviction de la mairie à mi-mandat en 2009, en refusant de voter le projet de budget. À la faveur d’une motion de censure, une coalition entre les socialistes de Charles Unsen et les Verts de Paul Ruppert s’est alors installée aux commandes de Sand-weiler. Tout donc sauf les Verts, qui devraient être logiquement relégués dans l’opposition.

« Nous avions dit avant les élections qu’en cas de victoire, il était exclu d’aller avec les verts. Ça reste d’actualité. Il n’est pas question d’une alliance avec eux », assure John Breuskin dans un entretien au Land.

Paul Ruppert a promis de participer « constructivement » à tous les projets dans l’intérêt de Sandweiler. La composition de la future coalition reste à définir. Compte tenu de leur score de dimanche, les discussions ont commencé lundi soir avec les élus socialistes (deux élus). « Ils ont été nos premiers invités et nous sommes tombés d’accord sur beaucoup de points », raconte John Breuskin. Mardi soir, ce fut le tour du DP (deux élus) d’être les hôtes de la table des chrétiens-sociaux. Les deux formations furent également au diapason pour envisager un programme commun.

Mercredi soir, au moment où ce supplément était mis sous presse, le comité de la section de Sandweiler du CSV devait se prononcer sur le choix du partenaire. Une coalition à trois avait été exclue dès dimanche soir, le bourgmestre pressenti cherchant un partenaire stable et surtout fiable, ne voulant pas revivre l’électrochoc de 2009 avec l’ancien partenaire des Verts : « Pour nous, les choses sont claires, souligne John Breuskin, le bourgmestre et le premier échevin seront issus du CSV ». À prendre ou à laisser.

1 Charles Unsen a fait l’acquisition d’un terrain classé en zone d’aménagement à faible densité à un prix plus de quatre fois inférieur à celui que la commune a dû débourser à la même propriétaire, une femme de ménage récemment recrutée par le collège des bourgmestre et échevins. Selon les actes notariés enregistrés au bureau des hypothèques de l’Administration de l’enregistrement, une parcelle de 3,07 ares a été vendue à la commune par sa propriétaire pour un prix total de 215 000 euros. Quelques mois plus tard, devant le même notaire, le couple Unsen acquiert auprès de la même propriétaire une parcelle de 9,08 ares bordant le premier terrain et situés tous les deux en zone d’aménagement à faible densité en déboursant 150 000 euros seulement.
Véronique Poujol
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