Saarland-Museum

Études d'atmosphère

d'Lëtzebuerger Land vom 22.03.2001

Du bâtiment administratif du musée, Dr. Ernst-Gerhard Güse voit le parking sous la pluie et plus loin le théâtre. Plus loin encore, le paysage boisé, surplombant la Sarre. 

Comment va-t-il ? « Mal, » dit-il. Il lui faudrait « etwas mehr Handlungsspielraum ». Il y a dix ans, quand Dr. Güse est entré en fonction, il y avait plus de moyens et le support des musées n'était pas mis en question. La privatisation n'existait pas. Quelle politique culturelle va-t-on appliquer ?

 

d'Lëtzebuerger Land : C'est pourtant plus intéressant aujourd'hui que de simplement défiler devant les collections...

 

Ernst-Gerhard Güse : Le débat peut-être, mais la situation ne suit pas.

 

Y a-t-il une politique par région ?

 

Par ville et par région, par Bund, mais la tendance générale est, et ce du théâtre au musée, comment privatiser la culture. C'est dommage, voire négatif. Les lois concernant les fondations devraient être adaptées, les impôts devraient être autrement répartis, les institutions autrement rétribuées, mais les conditions ne sont pas les mêmes. Nous sommes dans une période de transitions.

 

Cela va venir...

 

Peut-être. Mais ce n'est pas le cas. En tout cas pas en Allemagne. En règle générale, les musées aux USA sont parfaitement organisés. J'ai eu l'occasion d'y voyager longuement et le travail qui y est fait est remarquable, mais ils sont soutenus par l'industrie privée. Ici, je ne vois pas d'où vont venir les financements. Un directeur américain est quelqu'un qui fait du fund raising et rien d'autre. Les collaborateurs scientifiques sont à un échelon inférieur.

 

Est-ce un handicap ?

 

C'est une manière de régler le fonctionnement. Les objets confiés aux musées sont prêtés et l'institution n'a pas à en faire l'achat. Les prêteurs ont ainsi des avantages fiscaux. Il faudra définir ce que l'on veut atteindre.

 

Vous-même, Dr. Güse, de quelle direction venez-vous ?

 

J'ai étudié l'Histoire de l'art.

 

Et il aurait fallu faire du droit ?

 

Par exemple, ou l'on se serait dirigé vers des études de gestion, de management culturel, ce qui à l'époque n'existait pas. Et l'on ne serait jamais vu engagé dans ce domaine.

 

Comment avez-vous développé ce musée ? Avez-vous appliqué ou dévié vos  connaissances ? 

 

Disons, que j'espère ne pas avoir été un frein à son développement... C'est-à-dire qu'il a fallu faire un travail qui puisse d'abord conserver les oeuvres. Il y avait quatre murs et un toit, il a fallu un système de climatisation, des murs qui se déplacent, un dépôt adéquat, une équipe de restaurateurs, de pédagogues et non pas un directeur et sa secrétaire. Et puis concevoir des achats, des prêts, des expositions qui façonnent le profil d'un musée. Plus de collaborateurs ont donc été engagés et c'est ainsi qu'il a été possible d'introduire l'élargissement. Donc repenser la structure.

 

Quels sont vos points forts ou vos préférences actuellement ?

 

Je pense qu'il faut être aussi large dans ses expositions que l'est l'époque dans laquelle on vit. Que toutes les tendances soient représentées. Un musée, logiquement, doit montrer son ouverture.

 

Est-ce que par rapport à la région vous faites un travail muséal particulier ? 

 

Nous essayons. Évidemment, nous ne sommes ni le Louvre, ni le Centre Pompidou, mais nous essayons avec les moyens du bord. À partir du 8 avril, nous allons montrer La conquête de la lumière consacrée au développement du paysage dans la peinture française de 1830 à 1886, et qui regroupera environ 50 peintures en provenance de collections particulières en Europe. Montrer les fluctuations de la lumière que les artistes ont étudiées hors de leurs ateliers avec la plus grande minutie. Les effets de la nature ne sont presque jamais les mêmes aux mêmes instants ou à pareille heure.

Nous avons le haut patronage de Jean-Claude Juncker, de Peter Müller et de Gérard Longuet pour ce projet Saarlorlux. Mais vous ne pouvez pas vous imaginer le temps que cela a pris avant que tout le monde comprenne ce que je voulais avec cette action. 

Qui allait pouvoir approcher un chef d'État avec une telle requête ? Nous ne sommes pas le nombril du monde, évidemment et les musées encore moins. Néanmoins les expositions devraient pouvoir se faire ainsi, non seulement se les passer, mais carrément concevoir des parties complémentaires dont une partie à Strasbourg, une à Sarrebruck. Qu'il faille voir les deux musées, pour voir un tout. Que les commissaires travaillent ensemble à un thème. Un concours de circonstances dont il serait facile de tirer parti. 

Depuis toujours, passer une frontière veut dire être à l'étranger. Si quelqu'un a un accident à 500 mètres de la frontière ici, objectivement, le secours allemand sera là plus rapidement. Mais il n'ira pas, car il faudra probablement appeler le Premier ministre français ou que sais-je... Les choses les plus simples qui devraient se faire de suite, le moins bureaucratiquement du monde, eh bien, elles ne se font pas. On essaie. 

On obtient des résultats sur les marchés, l'euro bon. Mais dans les tréfonds des consciences on n'atteint pas les gens. Ni visible, ni accessible, insondable. Depuis 50 ans, ce n'est venu à l'idée de personne de simplifier les modalités de secours transfrontalier. Pourquoi les enseignants français n'enseignent-ils pas en Allemagne ?

Les dix heures qu'un professeur de français de Sarreguemines a à faire, pourquoi ne les partage-t-il pas en deux fois cinq heures de chaque côté de la frontière ?

Pourquoi ne pas être maîtresse d'enfants et à Saint-Avold et à Sarrelouis et faire des petits bilingues ? Ce serait beaucoup plus intéressant que de faire l'euro, à mon avis.

 

Saarland Museum ; Bismarckstraße 11-19 ; D-66111 Saarbruck ; téléphone 0049 681 9964-0 ; Fax :  0049 681 66393 ; Internet: www.saarlandmuseum.de ; E-mail info@saarlandmuseum.de 

 

Anne Schmitt
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