Les Shakesperiades

The truth is out there

d'Lëtzebuerger Land du 23.05.2002

Au premier étage du T.O.L, les jours de soleil, l'on présente un Shakespeare avec rien que des moments clés. Toutefois l'on prendra soin d'expliquer où l'on se trouve - que ce soit en Ecosse, au Danemark ou en Égypte. Trois sorcières viendront en coup de vent serpenter, la poitrine haute et la croupe reptilienne - Shakespeariades d'après Shakespeare's Greatest Hits de George Isherwood. Adaptation française et mise en scène de Claude Schmit. Les extraits de Shakespeare sont joués dans les traductions d'André Gide, de Maurice Maeterlinck et de Victor Hugo.

D'abord, donc l'Écosse et surgira Richard III, duc de Gloucester, être difforme qui se débarrasse sans remords de tous ceux qui lui barrent la route. Considérablement aidé par une claudication, il tangue sur des fonds luminescents, reniflant et ordonne pour jouer des divisions de ses ennemis et arriver à ses fins. L'on fait connaissance de ses manoeuvres par une nuit sans lune, de deux moines, lady Ann et des chiens, pour, de suite après se retrouver au soleil d'Égypte, où la belle Cléopâtre (Caroline Mario, toulousaine avé l'accent) reçoit Antoine. Rappelé à Rome par la mort de sa femme et les événements politiques, ce dernier s'arrache aux bras de Cléopâtre. 

De nouveau dans un sombre nord, Hamlet voit apparaître le spectre de son père, qui lui apprend qu'il a été assassiné par son frère Claudius, d'accord avec son épouse, et que le coupable lui a ravi à la fois sa femme, sa couronne et la vie. Le jeune prince contrefait le fou pour préparer sa vengeance, délaisse sa fiancée Ophélie, qui devient folle et se noie. Le spectre est interprété par une marionnette - rien n'est ce qui semble être. 

L'irruption du comique dans la  plus noire tragédie, rappelle les traitements du dessinateur Gotlieb dans le journal Pilote - les excellents Jacques Paquer et Norbert Rutili en petits princes, Edouard et Henri, qui ne veulent pas dormir sont des spécialistes en la matière. Joli aussi en Écossais, monsieur Paquer, et Rutili en danseur nubien n'a pas moins de charme. Le switching auquel la pièce oblige, laissant au coeur de l'action les uns pour rejoindre les autres, tient du roman-feuilleton que le metteur en scène a qualifié de « plus physique que métaphysique ». 

Jean-Marc Barthélemy et Hervé Songe jeunes blonds, jouent à tour de rôle, de leur pâleur ou de leur étrangeté. Quatre pièces en deux heures, cela aurait pu tourner court. It doesn't. La Lady Macbeth de Jane Horsburgh a du poids et de la nostalgie, elle dissimule des contacts inavouables sous des oeillades démoniaques et sait ne jamais appuyer. Un décor minime et trois chiffons noués à la faveur de l'obscurité, juste un peu de son pour les nuits pluvieuses et pour finir Puck : Le songe d'une nuit d'été pour éclaircir les dessous de l'affaire.

 

Se jouera encore ce soir et demain ; les 29, 30 et 31 mai ainsi que les 1er, 13, 14, 20 et 21 juin à 20h30 au TOL ; réservations au téléphone : 49 31 66

 

Anne Schmitt
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