Up to eleven au Mudam

Numéro gagnant : le 11 !

d'Lëtzebuerger Land du 19.05.2017

Depuis plus de dix ans, le Musée d’art moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg – ou Mudam – ne cesse de réinventer les formes de culture qu’il souhaite offrir non seulement au public de la capitale luxembourgeoise, mais également aux nombreux touristes qui viennent découvrir ce lieu devenu emblématique. Ainsi, depuis le début de cette saison 2016/2017, c’est sur le mercredi soir que souffle un vent de nouveauté avec une vraie nocturne nommée Up to eleven et qui conjugue habilement visites, conférences et performances...

L’idée d’un afterwork culturel au Mudam n’est pas nouvelle : en effet, depuis son ouverture, le musée proposait une ouverture jusque 20 heures le mercredi lors des Wednesdays at Mudam, avec entrée gratuite et programmation musicale live ou en playlists. Mais l’ouverture plus tardive proposée par la suite également le jeudi et le vendredi semble alors déconcerter le public : « L’offre était diluée et le mercredi avait perdu son identité de soirée spéciale », confie Anna Loporcaro, programmatrice des événements culturels et artistiques.

L’équipe communication, encore articulée autour d’Enrico Lunghi, planche alors sur un nouveau concept encore plus fort pour le mercredi, notamment avec une vraie nocturne jusque 23 heures qui mettrait à la fois les expositions et le café en avant. Ce projet se concrétise dès la rentrée 2016 avec Up to eleven... Ainsi, en plus d’une ouverture gratuite et tardive, il est possible pour les visiteurs de profiter de visites en anglais chaque semaine à 19 heures, de conférences occasionnelles organisées par Design Friends ou encore de performances de danse et de théâtre privilégiant tantôt une approche légère et « entertaining », tantôt la mise en contexte de réalisations fortes plus sérieuses telles On the road to paradise, mis en scène par Carole Lorang et reprenant les interrogations sur le vivre-ensemble de migrants accueillis au Grand-Duché dans une volonté d’évoquer la vie avant la guerre et la persécution, les racines et les périples de chacun et d’autrui.

La musique n’est pas en reste avec une programmation live plus fréquente et pointue que jamais, mettant à l’honneur des artistes de la Grande Région tels que DJ Lowic, Christophe Hanesse ou encore Ralitt, qui développent au point pour l’occasion des sets exclusifs. La musique est également en partie à l’origine du nom de l’événement hebdomadaire car ce dernier s’inspire du faux documentaire / comédie musicale This is spinal tap, qui retraçait en 1984 les aventures grotesques d’un groupe de heavy metal fictif. Alors que les amplificateurs des musiciens de cette œuvre malheureusement trop peu connue peuvent monter jusqu’à un niveau dix, l’un d’entre eux se targue de pouvoir aller jusqu’à onze – « Up to eleven » – expression depuis passée dans le langage anglais courant et signifiant le dépassement de ses propres limites...

Mais que l’on ne s’y trompe pas : même si l’événement semble se trouver doucement mais sûrement un public d’habitués et de novices et que l’atmosphère – souvent taxée à juste titre de légèrement guindée jusque-là – se détend joyeusement peu à peu, Up to eleven n’est pas une excuse pour faire du Mudam un endroit de fête alternative comme peut l’être par exemple Bozar à Bruxelles. Il est avant tout une nocturne qui veut proposer une vraie valeur ajoutée culturelle comme le souligne avec amusement Anna Loporcaro :  « On laisse la fête à ceux qui savent faire, et ils sont nombreux à Luxembourg ! Ce qui est important pour nous c’est de proposer des choses uniques que les gens ne verront pas ailleurs, qu’ils repartent avec en tête une expérience qui les a touchés ». Hors de question cependant de reléguer le bar à un rôle secondaire : il s’agit bien d’un espace crucial au Mudam, synonyme d’échange et de vie sociale. Géré en interne par Pascal Aubert, le Mudam Café propose en permanence snacks et boissons en mettant l’accent sur le bio et le local. Pour le mercredi soir, on regrette pour le moment l’absence d’Enzo, qui concoctait chaque fois un cocktail du jour très apprécié, absence comblée très bientôt par l’arrivée d’un nouveau barman, Christophe, qui « va donner un petit coup de frais » à l’apéritif. D’ailleurs, toujours dans cet objectif de ne rien laisser au hasard et de promouvoir la création locale, le Mudam s’est associé au créateur luxembourgeois Ezri Kahn pour dessiner les nouveaux tabliers du bar. Cette volonté de ne jamais être un « geste gratuit », Up to eleven la promet donc autant qu’il la réalise très souvent avec son programme éclectique, changeant et toujours surprenant... Et ce n’est que le début !

À ne pas louper prochainement : la Fête de la musique, qui a la bonne idée de tomber un mercredi, avec DJ Lowic puis Fatnotronic, duo de DJs brésiliens très en vue et adoubé par des références mondiales telles que Diplo ou Fatboyslim. Le 21 juin de 19 à 23 heures ; mudam.lu.

Fabien Rodrigues
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