Expo Schulen in Deutschland

Vive l'école! (suite)

d'Lëtzebuerger Land vom 11.03.2004

Pour preuve de ses efforts de diffusion de l'architecture au Grand-Duché, la Fondation de l'Architecture, en partenariat avec le ministère de la Culture et le ministère de l'Éducation nationale présente actuellement le panorama des écoles lauréates du dernier concours (2002) de la Wüstenrotstiftung en Allemagne. Ne connaissant pas le contexte in situ réel de chacune d'elles, notamment en ce qui concerne les agencements intérieurs - on fera fi de l'ordre de classement des 23 sélectionnés de ce prix prestigieux outre-Rhin sur quelque 400 candidatures proposées. Si donc la qualité d'ensemble des projets présentés est d'un excellent niveau toutes catégories d'écoles confondues de la maternelle au Gymnasium, et les matériaux mis en oeuvre d'excellente qualité car, dans ce domaine, comme chez nous, on y met le prix, on en profitera pour dire que rien néanmoins ne remplace les visites en vrai. Pourquoi pas, dans cet ordre d'idées, organiser à l'avenir, au Luxembourg, une journée portes ouvertes des bâtiments scolaires à l'adresse des «grands»? Car les critères qui sont ceux d'une «bonne» école et qui font à ce titre partie de l'éducation de nos chers petits, vont du confort et de l'inventivité des espaces intérieurs à l'insertion ou au contraste du bâtiment dans un paysage, qu'il soit urbain ou rural. Si l'exposition qui se tient actuellement au Forum du Campus Geesseknäppchen a donc le mérite de donner un aperçu du bon niveau de la réflexion des architectes d'outre-Moselle concernant le parc immobilier scolaire allemand actuel, à créer et du siècle dernier à compléter, on établira pour notre part une distinction, sur base de deux des critères de sélection du concours: la conception architecturale et l'insertion urbanistique. Car il y a les architectes qui s'attachent à faire de la «bonne architecture», ce qui est déjà très bien dans le fourre-tout de ce qu'on range abusivement sous ce nom et il y a ceux, parmi les vrais architectes, qui se donnent la liberté de manier des éléments et des formes plus lu-diques. Au-delà des solutions à appor-ter en général aux programmes de l'architecture scolaire, dont font par exemple partie l'éclairage judicieux des salles de classe, la bonne distribution des élèves partant du hall d'entrée, l'agencement ad hoc d'une salle de sports ou d'une cour de récréation, ce qui prime en effet pour les uns reste de l'ordre de la symbolique attachée à la catégorie «architecture scolaire», comme c'est le cas par ailleurs pour un palais de justice, un musée, un théâtre. Et même si les écoles ont gagné, au fil du XXe siècle, une indépendance formelle par rapport aux modèles et aux codes de l'architecture pu-blique hérités du XIXe siècle, on est tenté de dire que la «patte» Bauhaus en fait office pour beaucoup aujourd'hui en Allemagne comme c'est le cas en France du registre formel édicté par Le Corbusier. Le dépouillement moderniste qui rimait dans les années 1920 avec amélioration fonctionnelle et hygiéniste, est devenu aujourd'hui synonyme d'esthétique auto-référencée par la profession pour ne pas dire conventionnelle. Notre préférence va donc, dans cette exposition, aux créateurs qui ont su penser l'architecture scolaire en termes d'échelles différenciées, de couleurs et de ma-tériaux contrastés, d'espaces ext-é-rieurs et intérieurs traités à l'égale de paysages, qu'ils soient minéraux ou végétalisés. Car ils s'adressent aux enfants et à leur apprentissage du monde dont le cadre de l'école est une des parties. L'attention très marquée, qui prime souvent dans les projets présentés à l'environnement urbanistique au sens strict, en dit long sur la lutte des architectes pour la reconnaissance de leur art dans l'espace social. En Allemagne comme chez nous via les efforts de la Fondation de l'Architecture.

L'exposition Schulen in Deutschland - Neubau und Revitalisierung dure jusqu'au 2 avril prochain. Forum du Campus Geesseknäppchen, du lundi au vendredi de 7 heures à 23 heures, le samedi de 7 heures à 12 heures. Le catalogue de l'exposition est disponible gratuitement sur place ou à la Fondation de l'Architecture, tél. 42 75 55. Site : www.fondarch.lu

 

Marianne Brausch
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