Virage serré

La grève n’aura pas lieu. C’était dû moins la proposition des dirigeants syndicaux aux pilotes Luxair concernés par l’appel à la grève pour aujourd’hui, 2 avril, après la réunion de crise de hier matin. (À la mise sous presse, la décision de la réunion des délégués n’était pas encore connue.) Après sept heures de négociations entre gouvernement, direction de Luxair et syndicats, le Premier ministre Jean-Claude Juncker aurait donc réussi à faire annuler une nouvelle fois une grève. Selon les premières informations sur l’accord négocié - surtout le principe d’un retour des pilotes licenciés -, c’est surtout Christian Heinzmann, le directeur général de Luxair qui a dû battre en retraite devant les revendications syndicales. Le gouvernement envisage une réouverture de l’enquête technique relative à l’accident du Fokker 50. La journée avait déjà commencé avec une première défaite pour la direction de Luxair : le tribunal de Travail a jugé hier, jeudi, non fondée la mise à pied du délégué du personnel Jean-Paul Weitz par la compagnie aérienne. Pilote mais aussi flight safety officer, Weitz était accusé par Luxair d’avoir contribué à l’accident de novembre 2002 par la dissimulation d’informations relatives à la sécurité aérienne. Le tribunal a rejeté en bloc les arguments de Luxair, selon RTL Radio Lëtzebuerg. Jean-Paul Weitz obtient une indemnité de 100 000 euros. Un appel aurait été possible, mais est maintenant peu probable. Christian Heinzmann, qui excluait lundi encore un retour de Weitz à Luxair, entrait donc encore un peu plus fragilisé dans la réunion de crise avec les syndicats convoquée par le Premier ministre. Mardi, le ministre du Transport Henri Grethen avait déjà menacé la direction de Luxair. S’il n’y avait pas de solution, le ministre se disait prêt à intervenir « à titre d’actionnaire » dans la compagnie. Henri Grethen comptait au conseil d’administration de Luxair jusqu’ici parmi les plus solides supports de Heinzmann.