Art contemporain

Du lourd au léger

d'Lëtzebuerger Land du 30.11.2018

Assan Smati revient à Dudelange après une exposition à la galerie Nei Liicht en 2007 et plusieurs présentations, à Luxembourg, chez Bernard Ceysson, originaire comme l’artiste de Saint-Etienne, où il est né en 1972. À parité égale homme-femme. Danielle Igniti, pour la deuxième de ses dernières expositions en tant que directrice des galeries d’art de la Ville de Dudelange, a choisi d’exposer Passeri à la galerie Dominique Lang.

Des moineaux, ou, plus proche du mot italien, des passereaux, il y en a plein face à l’entrée de la galerie. Ils sont peints avec virtuosité, tous différents, sur un grand rond blanc. Le cercle, en géométrie, est la forme parfaite, absolue. Assan Smati semble-t-il ne redoute pas de s’y confronter. C’est un artiste plasticien accompli, aussi à l’aise dans les peintures grand format que la sculpture ou le dessin. Mais étant donné les dimensions réduites de la gare de Dudelange Ville, on verra ici essentiellement une sélection de petits formats, propices au dessin (terme générique utilisé ici pour désigner l’exécution rapide au crayon, à l’encre ou encore à l’aquarelle ou au lavis).

Danielle Igniti, souvent pionnière, dénicheuse de talents et d’expressions artistiques, expose avec Passeri d’Assan Smati, un travail plastique hors du temps. Ou plutôt, le travail montré ici, prouve qu’au fil du temps, l’art « à la manière » classique a toujours droit de cité. Cela équivaut, en la personne d’Assan Smati, à un talent qui n’a pas peur de se confronter aux « maîtres » : Vinci ou Caravage, selon Sofia Eliza Bouratsis dans le texte d’accompagnement.

Deux pièces de grand format ont tout de même été hébergées au rez-de-chaussée de la galerie. La sculpture de grande dimension est également référencée comme appartenant au répertoire classique. C’est aussi le cas des sujets représentés ici : des corps aux bras et aux jambes tronqués, l’un est un plomb (Smati sait modeler la matière), l’autre est en bois (Smati sait tailler la matière).

Assan Smati a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et deux ans durant, de 2014 à 2016, il a eu le loisir de s’immerger dans le répertoire de la sculpture antique et l’iconographie chrétienne. Aussi, on reconnaît dès l’entrée, le corps transpercé de flèches de Saint-Sébastien ; le second buste évoque la statuaire antique.

Les dessins de l’exposition se réfèrent également à des sujets, voire des confrontations avec l’histoire de l’art : une tête puissante, un corps d’atlante, un cavalier nu chevauchant un cheval lancé au galop, des fauves qui s’affrontent, encore un Saint-Sébastien, et d’autres scènes rapidement croquées, plus quotidiennes. Une danseuse les bras levés, un garçon en maillot rayé. Et puis une sorte de scène de cirque, avec le Minotaure à l’avant-plan et une voûte céleste parcourue de planètes colorées. Est-ce vers elles que s’envolent les passeri ?

Passeri, d’Assan Smati, dure encore jusqu’au
23 décembre à la Galerie Dominique Lang, gare de Dudelange-Ville ; ouvert du mercredi au dimanche de 15 à 19 heures ; www.centredartdudelange.lu

Marianne Brausch
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