Films made in Luxembourg à Cannes

Perspectives d’un jeune cinéma

d'Lëtzebuerger Land du 19.05.2011

Deux coproductions luxembourgeoises ont réussi à intégrer les projections cannoises de cette année, à savoir Les Géants de Bouli Lanners, coproduit par Samsa Film et programmé comme film de clôture de la prestigieuse Quinzaine des réalisateurs, ainsi que le long-métrage d’animation The Prodigies, réalisé par Antoine Charreyron et coproduit par la société luxembourgeoise LuxAnimation. Notons également que le jeune ­producteur David Grumbach (Paul Thiltges Distri­butions) a été choisi pour représenter le grand-duché à la manifestation Producers on the move, une initiative de la European Film Promotion destinée à présenter des producteurs européens au talent ­pro­metteur à la presse spécialisée, à l’industrie cinématographique et au ­public.

Dans le cadre de la journée luxembourgeoise qui s’est déroulée dimanche dernier, le ministre François Biltgen (CSV), a signé un accord de coproduction avec la Suisse, qui a envoyé son conseiller fédéral Didier Burkhalter comme représentant à ce festival de Cannes. Après le succès de la coproduction La petite chambre et les dernières apparitions du regretté Thierry Van Werweke dans des films comme Der Fürsorger ou Tausend Ozeane, l’aventure entre ces deux pays européens peut continuer pour prouver dans le futur au public que le Luxembourg et la Suisse peuvent acquérir une renommée dans d’autres domaines que le secteur tertiaire. Après les accords conclus avec la France, l’Allemagne et l’Autriche, un autre accord de coproduction serait envisagé pour le mois de juillet avec l’Irlande ainsi qu’un renouvellement de l’accord avec le Canada et le Québec.

Épaulé pendant cette journée par le directeur du Film Fund, Guy Daleiden, et le nouveau président Bob Krieps, le ministre a également mis l’accent sur une meilleure coopération au sein du Film Fund avec un rapprochement des deux ministères intimement liés au secteur audiovisuel luxembourgeois, à savoir le ministère des Communications pour Guy Daleiden, et le ministère de la Culture pour Bob Krieps.

La discussion avec les professionnels du milieu au sein du pavillon luxembourgeois qui précédait la signature de l’accord de coproduction avec la Suisse portait sur plusieurs dossiers. Les Ciav (Certificats d’investissement audiovisuels), que les producteurs luxembourgeois peuvent vendre à des entreprises luxembourgeoises pour acquérir par ce biais une aide supplémentaire à l’aide directe décernée par le Film Fund, seront peut-être l’objet d’un remaniement en septembre. Quant au projet des studios sur les terrains de l’ancienne aciérie d’Arcelor-Mittal à Dudelange, projet qui est en discussion depuis plusieurs années, les producteurs ont de nouveau insisté sur la nécessité d’avoir une réponse définitive dans les plus brefs délais, ce qui fût confirmé par le ministre, qui escompte une décision gouvernementale avant la publication du budget de 2012.

Après les dernières assises et la fête des vingt ans du Film Fund, le ministre a noté que jusqu’à présent ils avaient réussi à hausser le plafond des productions purement luxembourgeoises de 25 pour cent, s’élevant maintenant à 1,25 million d’euros. Une autre augmentation a été obtenue au niveau des courts-métrages, films d’animation et documentaires.

Le dossier sur le financement de l’écriture de scénario n’a par contre pas encore été entièrement bouclé. S’il faut augmenter le salaire des ­scénaristes pour pallier au déficit que le Luxembourg connaît encore aujourd’hui dans ce domaine, le Film Fund veut éviter un saupoudrement des scénaristes qui mènerait peut-être à une multitude de scenarii qui ne verront jamais le jour sous la forme d’un film. Producteurs et scénaristes sont en train de discuter afin de créer un système qui permettra des phases d’écriture plus longues afin d’améliorer la qualité des scénarios tout en évitant le risque d’une surabondance de scénarios recouverts de poussière dans les tirroirs des producteurs.

À l’autre bout de la chaîne, notamment en distribution, les professionnels ont fait un brainstorming conséquent afin de réfléchir à une manière efficace de promouvoir les œuvres accomplies, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. En discussion est notamment une plateforme de video on demand sur Internet ainsi qu’une implication de RTL dans la production du contenu, qui se concrétisera sous peu avec la création de deux sitcoms, dans lesquelles le Film Fund a néanmoins également investi des fonds.

La prochaine édition du Lëtzebuerger Filmpräis, bébé revendiqué par le ministre François Biltgen, a été décalé au 9 mars de l’année prochaine, afin de transformer, avec la deuxième édition du festival Discovery Zone, qui se déroulera pendant la semaine qui précède le Filmpräis, une véritable fête du cinéma luxembourgeois.

Un dernier volet fût consacré à la formation. Le secteur audiovisuel va de nouveaau être représenté à la foire de l’étudiant les 10 et 11 novembre prochains, avec l’appui du Centre national de l’audiovisuel. Y sera présenté le BTS « animation » du Lycée technique des arts et métiers, qui va être l’objet d’un remaniement, ainsi qu’une présentation des écoles de cinéma présentes dans les pays étrangers. Un nouveau BTS en vue d’un diplôme de technicien de cinéma, toujours au Lycée des arts et métiers est également en train d’être mis en place. En parallèle est développé un deuxième BTS audiovisuel, destiné à préparer les jeunes passionnés du septième art aux concours des écoles de cinéma en leur fournissant les premières bases théoriques et pratiques qui leur permettront de perpétuer le rêve commun d’un cinéma luxembourgeois de haut niveau.

Thierry Besseling
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