Musique électronique

Forget instructions !

d'Lëtzebuerger Land vom 22.02.2001

« La musique électronique est attractive parce qu'on peut très facilement créer quelque chose qui sonne très sauvage ! » Fränz Hausemer, alias Frambo, sait de quoi il parle : deejay, animateur de radio sur 100,7, musicien et accompagnateur (découvert lors du dernier spectacle de cabaret de Scène libre), mais aussi technicien du son et programmateur, il connaît la musique sous toutes ses coutures, qu'elle soit analogue ou digitale. « J'ai horreur de la monotonie, des 'sectes' de musiciens qui se cloîtrent chacune dans leur domaine, les tripoteurs de boutons d'un côté, les éternels bluesmen solitaires avec leur grat' de l'autre, » affirme-t-il. 

La musique électronique a aujourd'hui dépassé le stade de la nouveauté et atteint une certaine maturité, au moins telle qu'elle se permet une certaine ouverture, qu'elle est de plus en plus mélangée à des instruments analogues. Fränz Hausemer estime que « nous sommes arrivés au point où les deux musiques s'influencent mutuellement, l'une s'inspire de l'autre. » Tous les instruments et tous les sons peuvent être recréés sur ordinateur, mais il semble désormais plus intéressant de mélanger, d'enregistrer des sons réels pour les sampler ensuite... 

Par exemple les percussions. La boîte à rythme, résolument eighties, est définitivement out, les groupes de musiques électroniques ont recours à de vrais batteurs avec leurs vrais instruments de percussion. « La percussion se situe à l'extrême opposé de la musique électronique, estime Philippe Kralj, alias Phil, dans un certain sens, c'est un instrument archaïque. » Musicien expérimentateur dans différents groupes, comme Chaos am Re, son parcours professionnel sinueux l'a mené d'une formation d'éducateur en passant par des études de biologie à un emploi dans l'éducation différenciée à mi-temps, qu'il complète actuellement par une formation en thérapie musicale. Ce qui le fascine dans la percussion, c'est son accès direct, décomplexé.

La passion pour la musique et un zeste  d'engagement social ont fait se rencontrer les deux hommes pour un projet de workshop de musique électroacoustique qui relie les deux domaines. « Ce qui m'intéresse, c'est justement de combiner des domaines que tout oppose, explique Phil. Là où la musique électronique est plus intellectuelle, qu'elle passe par la tête, la percussion est immédiate, plutôt une technique. » 

Le workshop a déjà fonctionné durant la Caravane de l'an 2000, les deux fanas le relancent maintenant à la Kulturfabrik et à l'Auberge de jeunesse à Hollenfels, s'adressant à des jeunes à partir de douze ans. Aucune formation musicale préalable n'est requise, au contraire, la première devise est : oubliez tout !

Personne ici ne dira comment il faut faire, tout est dans l'expérimentation : un mini-disc, un micro, et hop !, voilà les membres du workshop partis à la recherche de sons à enregistrer. Ajoutez à cela la percussion qu'ils joueront eux-mêmes, le tout retravaillé sur ordinateur, déformé, réenregistré... et voilà un premier enregistrement et un concert à la clé. Histoire de montrer à la génération MTV que la musique est partout et que l'électronique n'est pas sorcière. Les deux musiciens sont fiers d'être les premiers à proposer un tel workshop, une telle approche immédiate à la musique électroacoustique.

Mais peut-être que les deux pôles ne sont de toute façon pas si opposés que cela : la musique électronique et la percussion ne sont-elles pas muettes, non-verbales (a priori), comme si tout était dit, comme si on ne pouvait plus véhiculer de message. Signes du temps ? Si Phil estime que l'on peut tout à fait s'exprimer sans paroles - « je m'intéresse aussi beaucoup aux non-dits » - Frambo a des influences qui dépassent ce stade de la musique électronique, comme par exemple le label Ninja Tune, dont beaucoup d'artistes véhiculent aussi un message politique. L'Histoire n'est pas à sa fin. 

 

Le workshop de musiques électro-acoustiques aura lieu du lundi 26 février au jeudi 1er mars, tous les jours de 14 à 18 ans à la Kulturfabrik d'Esch-sur-Alzette, inscriptions à partir de 12 ans en virant 4 000 francs au CCP 112 374-48 (communication: workshop MEA); téléphone pour informations: 55 44 93-1. Une deuxième édition aura lieu du 16 au 18 mars à l'auberge de Jeunesse de Hollenfels ; nuitées comprises ; informations sur les tarifs et inscriptions : Centrale des Auberges de Jeunesse, téléphone: 26293-500; e-mail: information@youthhostels.lu 

 

josée hansen
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