Luxemburgensia / Bédé

Artisanat à la sauce Genen

d'Lëtzebuerger Land du 08.05.2020

Andy Genen est un homme de parole ! Au printemps de l’an dernier dès la sortie du deuxième tome de sa série Tow & Tank, l’auteur grand-ducal, annonçait déjà la sortie de troisième opus pour la LuxCon 2020. L’album est prêt, mais avec la crise du Covid-19 qui a amené l’annulation de tous les événements culturels, LuxCon compris, « ND » a dû improviser tout un système de distribution.

Helga, la gentille zombie qui parle plus vite que son ombre, et Tow, le très taciturne conducteur de tank de remorquage, sont de retour pour la troisième partie de leurs aventures. Ainsi, après A Man, His Tank & a Zombie, sorti en 2018, et Of Browsing Through Books and Brawling with Bugs, publié en avril 2019, voici The Disciples of Gil’ Den Sul. Les deux héros poursuivent leur quête dans cet univers post-apocalyptique fait d’humains, de zombies, de monstres, de bandes aux montures étonnantes et de décors plus surprenants les uns que les autres. Une quête dont l’auteur livre les détails goûte à goûte, au fur et à mesure des tomes. Et comme le récit approche lentement de sa moitié – la série est prévue en sept opus –, on commence, enfin, à y voir à peu près clair. Il est question d’un codex ancien disparu, d’une prophétie ancestrale et d’un disciple dont l’avènement annoncerait « le début de la quatrième ère, et ainsi le début de la fin du monde ». Rien que ça !

D’un univers inspiré, au départ, de l’univers des zombies, nous voici dans une sorte de mashup entre Mad Max, Star Wars et Da Vinci Code. Mais ici, ni Aigles de la Mort, ni Empire galactique, ni moine albinos assassin. Car si l’aventure imaginée par Andy Genen pour ses personnages n’a rien d’un long fleuve tranquille, ici les bagarres et les courses poursuites se terminent sans le moindre blessé grave. Un peu comme dans les aventures d’un village peuplé d’irréductibles Gaulois. Mais sans potion magique.

L’auteur ne semble vouloir ni violence gratuite, ni images choquantes, ni référence olé-olé. Son Tow & Tank est un récit familial. Et les héros, bien ronds, souriants et expressifs de l’auteur, ajoutent une couche dans ce sens. Des personnages d’ailleurs plutôt naïfs et au parlé pour le moins « jeune ». Si certains peuvent regretter un récit qui avance lentement, entrecoupée par de nombreuses petites histoires secondaires – à l’instar de ce qu’on voit dans de nombreux mangas – d’autres apprécieront l’aspect léger et mignon de l’ensemble et ce récit en ligne droite, sans la moindre ellipse, au point que chaque tome commence au point exact où le précèdent s’est achevé. Un récit plein de surprises et de rebondissements.

Les tomes 1 et 2 de Tow & Tank, toujours disponibles auprès de l’auteur, ont été publiés en anglais, luxembourgeois, français et néerlandais. Le tome 3 est, pour l’heure, disponible dans la langue de Shakespeare et celle de Dicks. Tow & Tank, est la série la plus personnelle de la carrière d’Andy Genen (De leschte Ritter, Dream Catcher, Alex&Tun, De Roude Puma…). Il s’est chargé du scénario et du dessin, mais aussi de l’édition et de la distribution. Un projet artisanal, que l’auteur se plait à présenter habituellement dans les manifestations BD des alentours. « Mais le Coronavirus est arrivé, et avec ça l’annulation de tous les festivals », note-t-il, pragmatique. Pas question pour autant de laisser The Disciples of Gil’ Den Sul au fond d’un tiroir. Au contraire : « J’ai décidé que j’allais quand-même le lancer, proposer aux gens de le commander directement chez moi et leur envoyer par courrier », précise-t-il, à la fois ravi de pouvoir ainsi dédicacer chaque exemplaire, et un brin inquiet en pensant à tout ce que cela implique : enveloppes adéquates, prix de l’envoi, moyens de payement… Toute une structure administrative à mettre en place. L’existence auprès du public de son album est à ce prix !

Andy Genen : Tow & Tank, vol3, The Disciples of Gil’ Den Sul. Happy Ant Studios, avril 2020;
52 pages, 15 euros ; towandtank@gmail.com.

Pablo Chimienti
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