CD The Bracelets High de La Fa Connected

Haut les cœurs

d'Lëtzebuerger Land du 25.11.2011

La Fa Connected remet le couvert avec un deuxième album intitulé The bracelets high. En activité depuis quelques années, l’éternel outsider a vu bien d’autres formations locales étendre leur popularité et gagner les faveurs d’un public plus nombreux, alors que La Fa Connected est toujours confiné au cercle d’initiés, statut dont le groupe semble s’arranger, préférant prendre le spectateur-auditeur par surprise.

Pour cet album, la formation a fait appel à Charel Stoltz pour effectuer un enregistrement dans des conditions proches du live. En effet, les parties de guitares, de basses et de batterie ont été enregistrés en prise direct tandis que la voix de Sim Ramos est venue se greffer par la suite en post production. On a d’ailleurs l’impression que la voix plane au-dessus des quatre autres intervenants qui jouent de manière assez ramassée. Le mixage a, quant à lui, été réalisé par Yves Melchior et Dirk Mechtel, la section rythmique de La Fa Connected tandis que pour le mastering, les bandes ont traversé l’Atlantique pour atterrir dans les mains de Jamal Ruhe (Blonde Redhead, Modest Mouse, Frank Black, The Gossip, Pavement).

Musicalement, depuis l’arrivée de Felix Faber, bassiste de feu Defdump mais aussi de Heartbeat Parade, comme deuxième guitariste, le groupe a adopté une patine plus rentre-dedans, voire métallique. On reconnaît cependant toujours dans La Fa Connected cet amour pour un certain post-hardcore US, qui aime soigner ses mélodies. Amour aussi pour les structures sophistiquées, qui toutefois ne s’égarent pas dans une surenchère alambiquée et sont servies de main de maître par des instrumentistes hors pair. On retrouve également les éléments qui font la réussite de leur démarche à savoir : un chant passionné, chevrotant et harangueur ; une batterie confondante de pertinence et d’élégance ; une basse sobre et ronde, tandis que les guitares sont aussi versatiles que rageuses.

Après une brève introduction électronique qui ouvre l’album, l’efficace Overnight specialists se met vite en place, porté par des guitares toutes griffes dehors et une voix passablement énervée. Cosmetic existence poursuit dans le même sillon, ajoutant de-ci, de-là des breaks millimétrés. C’est là qu’on se rend compte que La Fa Connected, en bons vétérans aguerris, remplissent parfaitement leur rôle d’angry (old) men, prêt à hausser le ton pour se faire entendre, mais n’ayant pas peur de montrer ses fêlures au grand jour. Plus rock dans son entame, Long road se permet des passages plus calmes mais non moins tendus, avant de verser dans un final lorgnant vers quelque chose de plus burné.

Avec Constrain the collective, on a droit à une première bouffée d’oxygène avec une longue et calme mise en place, qui privilégie beaucoup de subtilité de la part des intervenants avant de ressortir la rage dans son dernier tiers. Crazy parts reprend les choses tambour battant avec un riff de guitare saccadé. Le court mais intense Promoting yourself flirte avec Iron Maiden, par l’entremise d’un rythme mené à la cravache et des guitares tout en clin d’œil à cette période. In geometrics approche par ses guitares claires en mode postrock une autre facette de La Fa Connected, celle de la lente mais inexorable combustion. À nouveau, à mi-chemin, le morceau s’enflamme.

A glass device, qui malgré un final dévastateur, ne parvient pas à dépasser le stade du remplissage. Fort heureusement, l’album se clôt sur deux des plages les plus marquantes, le poignant et planant Shannon and weaver qui bascule vers des instants plus saignants et Spoiled boy au riff et au leitmotiv accrocheur, morceau que l’on pouvait déjà retrouver sur le précédent EP A distant fortune. Au final, La Fa Connected continue à son rythme sur sa trajectoire et démontre à qui veut bien l’entendre que le groupe n’a rien perdu de sa superbe.

Pour plus d’informations : www.facebook.com/lafaconnected, www.myspace.com/lafaconnected.
David André
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