Art contemporain

Rien que des histoires

d'Lëtzebuerger Land du 06.12.2019

Décembre, c’est le mois qui célèbre deux messieurs à barbe blanche et qui viennent distribuer des cadeaux : Saint Nicolas et le Père Noël. Au Fëschmaart, le galeriste Alex Reding a également préparé une exposition surprise avec dans sa hotte Just so stories.

Voici une dizaine d’artistes qu’il a sélectionnés pour l’expression fraîche, enjouée de leurs travaux récents, apportant la preuve s’il le fallait, que la peinture, la sculpture et même les arts appliqués ne sont pas à bout de souffle. La peinture bien sûr est largement représentée ici (expression artistique à laquelle la galerie est fidèle depuis ses débuts), mais on verra aussi des sculptures de Stefan Rinck, (né dans la Sarre voisine, il vit et travaille à Berlin) dont l’expression oscille entre l’art anthropomorphe et le fantastique.

Plus surprenant ou rare est que les arts appliqués sont également représentés avec les kakemonos en soie de l’anglaise Emma Talbot. Ses bandes alternées de dessins et d’écritures peuvent faire penser à la liberté d’expression des artistes de l’art brut et si Just so stories raconte des histoires, on peut dire aussi que ces banderoles sont comme les séquences de pellicules cinématographiques, sans bande-son. La parole, on la trouvera dans l’œuvre de la luxembourgeoise Sophie Jung, dont on écoutera Story that this guy au bout du fil d’un mini-iPod niché dans le cocon d’une main en céramique.

Une œuvre assez étrange, que l’on peut rapprocher des sculptures également, quasi surréalistes, de la néerlandaise Jennifer Tee, alors que le travail de Sophie Ulrich paraît parfaitement lisible : au bout d’un long bras juste suggéré au trait, la Suissesse, qui a étudié et travaille à Düsseldorf, trempe deux doigts d’une main dans une coupelle ou tient délicatement un poisson. On ira à la galerie voir la suite, qui cache sans doute un rapport à l’art pas aussi simple qu’il n’y paraît.

Mais si on veut, on peut n’y voir que de l’humour, comme dans le petit format Humpty the Eggman de Nel Aerts, ou le grand format Narzissismus (190x140 cm) du même. À l’inverse du Belge, le duo roumain Gert & Uwe Tobias, également habitué des grands formats, montre ici trois petits portraits sur fond noir, plutôt avenants, ne seraient les longues oreilles rose vif, pointues et poilues du personnage masculin du trio. Just so stories est fantasque ou fantastique, brillant ou, à l’instar de Max Marion Kober, encore en phase de recherche : des sculptures apparaissent à peine ébauchées sur la toile.

Contrairement à ces apparitions encore dans les limbes de l’artiste germanique, les travaux de la Californienne Ana Karkar sont de la peinture au sens fort. Est-ce l’influence européenne, notamment de son passage aux Beaux-Arts de Paris qui font que ces œuvres sont les plus picturales de l’exposition ?

L’exposition collective Just so stories, avec des œuvres de Nel Aerts, Paul Gondry, Sophie Jung, Max Marion Kober, Stefan Rinck, Emma Talbot, Jennifer Tee, Gert & Uwe Tobias ainsi que Sophie Urich, est à voir jusqu’au 18 janvier 2020, Galerie et espace Projects Nosbaum Reding, 2 et 4, rue Wiltheim, Luxembourg-ville ; nosbaumreding.lu.

Marianne Brausch
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