Pro-Europa

La Moldavie se tourne vers l’UE

d'Lëtzebuerger Land vom 05.12.2014

L’Europe ou la Russie ? La Moldavie, petit pays enclavé entre l’Ukraine et la Roumanie, a choisi son camp dimanche 30 novembre à l’occasion des élections législatives. La victoire des libéraux pro-européens ancre ce pays dans la sphère d’influence de l’Union européenne (UE) et permet à cette ancienne république soviétique de prendre ses distances avec Moscou. Selon la Commission centrale électorale de Chisinau, les trois partis libéraux pro-européens – Parti libéral-démocrate (PLDM), Parti démocrate (PDM) et Parti libéral (PL) – ont gagné 54 sièges sur les 101 du parlement. Le Parti communiste (PCRM) et le Parti socialiste (PSRM) doivent se contenter de 47 élus. « Cette élection n’a pas été une compétition entre les partis, mais une compétition pour définir qui allait guider la Moldavie de l’extérieur : Moscou ou Bruxelles », explique l’analyste Oazu Nantoi.

Avec ses quatre millions d’habitants la Moldavie est un ancien territoire roumain annexé par l’Union soviétique après la Deuxième Guerre mondiale. Elle est devenu pays indépendant en 1991 après l’effondrement de l’URSS, mais les communistes l’ont plus ou moins contrôlée jusqu’en 2009 lorsque la jeunesse moldave a fait tomber le régime à la suite de violentes manifestations. L’arrivée au pouvoir d’une coalition libérale pro-européenne a permis au pays de prendre petit à petit ses distances avec Moscou. Le 27 juin, la Moldavie a signé un traité d’association avec l’UE et en mai les Moldaves avaient reçu le feu vert pour voyager sans visa dans l’espace Schengen de libre circulation en Europe. « Regardez les pays d’Europe centrale, la Roumanie, la Bulgarie, les pays baltes !, explique le premier ministre libéral-démocrate Iurie Leanca. La perspective d’adhérer à l’UE a été le meilleur levier pour réformer non seulement les élites, mais aussi la société. »

Le taux de participation de 55,8  pour cent a été inférieur aux attentes de la droite pro-européenne qui espérait une meilleure mobilisation de la jeunesse moldave. La jeunesse pro-européenne a été la cible visée par la droite pour remporter cette élection. « Jeunes Moldaves, la liberté ne se demande pas, elle doit se conquérir, a lancé Mihai Ghimpu, président du Parti libéral, dans son appel mobilisateur à la veille des élections. Voulez-vous que votre avenir soit contrôlé par ceux qui veulent nous exiler en Sibérie comme ils l’ont fait avec nos parents et nos grands-parents ? Voter pour l’Europe. Il n’y a pas d’avenir en dehors de l’Union européenne. »

Les pro-européens vont gouverner le pays mais ils n’ont pas le minimum de 61 députés sur les 101 élus du parlement pour élire le président en 2016. La Moldavie n’est pas à l’abri d’une déstabilisation venant de Moscou dans cette ancienne république soviétique. D’une part, la Transnistrie, région sécessionniste qui s’est autoproclamée pays indépendant en 1992, est sous le contrôle de l’armée russe qui compte sur place plus d’un millier de soldats. D’autre part, la Gagaouzie, région autonome située au sud du pays, avait annoncé avant les élections qu’une éventuelle victoire des pro-européens lui donnerait le droit de demander le rattachement à l’Union eurasiatique proposée par Vladimir Poutine. Mais pour l’instant c’est l’UE qui a la cote en Moldavie.

Malgré la petite taille de la Moldavie la victoire des pro-européens devrait donner aussi une bouffée d’oxygène à l’Ukraine voisine déstabilisée par l’expansionnisme de la Russie. La Moldavie a gagnée une partie mais la guerre n’est pas finie. La surprise des élections législatives a été le score de 21 pour cent des voix remportées par le Parti socialiste, l’allié le plus fidèle de Moscou sur la scène politique moldave. « Je remercie nos électeurs pour leur confiance et leur soutien, a affirmé Igor Dodon après l’annonce des estimations officielles. Le Parti socialiste se positionne comme la principale force d’opposition. Nous souhaitons que notre avenir soit stable aux côtés de nos partenaires traditionnels. Nous serons ensemble avec la Russie. » Une affaire à suivre.

Mirel Bran
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