Ticker du 30 avril 2021

d'Lëtzebuerger Land vom 30.04.2021

L’Aleba ouvre un nouveau front

Le tribunal administratif (photo : sb) siégeant en référé écoutait ce jeudi les plaidoiries de l’avocat du syndicat bancaire opposé au retrait de la représentativité décidée en mars par le ministre Dan Kersch (LSAP), des représentants des ministères et d’autres syndicats. Au terme des élections sociales en 2019, l’Aleba a perdu de quelques votes (49,22 pour cent) la majorité absolue dans les représentations du personnel des banques et assurances. Saisi par les deux syndicats multisectoriels OGBL et LCGB après que l’Aleba ait annoncé un accord sur la convention collective des banques, le ministre du Travail a tranché dans le vif et retiré la représentativité sectorielle au syndicat des banques. Le recours administratif en référé s’ajoute à celui au fond introduit devant la même instance. Il oppose comme moyen l’absence de rapports circonstancié et motivé établi par l’Inspection du travail et des mines, comme la loi l’exige. Le document qui s’y apparenterait, consulté par le Land, n’a ni en-tête ni signature de l’ITM et pas de date qui indiquerait son élaboration avant la décision ministérielle attaquée. « Mais il y avait une lettre attachée datée du 21 février, soit bien avant la décision », souligne le représentant du ministère ce jeudi. Par son avocat Benoît Entringer, l’Aleba requiert en référé un sursis de la décision de retrait de sa représentativité afin de récupérer son pouvoir de négociations sur la convention collective des employés de banque, théâtre d’une lutte syndicale face à un patronat qui n’en demandait pas tant. Les plaidoiries relatives à la contestation au fond de la décision de Dan Kersch n’ont pas été fixées. L’Aleba a également déposé une plainte devant le Bureau international du Travail à Genève (Land, 2.4.21) pso

Gestion de fonds qui tâche

La Commission de surveillance du secteur financier a publié vendredi dernier la lourde sanction prononcée en décembre 2020 à l’encontre de la société Finexis, sise sur le boulevard Royal. Le gendarme de la place annonce une amende de 240 000 euros, un record pour les gestionnaires de fonds d’investissement (création et gestion de véhicules d’investissement), le quintuple du montant le plus élevé relevé depuis début 2020. Dans son communiqué, la CSSF énumère toute une série de reproches mais en particulier des manquements dans les procédures d’entrée en relation avec un client, des problèmes constatés lors d’une visite sur site des agents de la CSSF. Contactée, Finexis fait amende honorable et dit ne pas contester pas la sanction devant le juge administratif. La CSSF relève d’ailleurs que la société incriminée a procédé à des mesures correctrices. Dans un courrier adressé à son personnel et ses clients, Finexis écrit que ces actions ont visé la gouvernance à travers notamment le renforcement de l’équipe dirigeante, le recrutement d’une nouvelle responsable compliance, le changement d’auditeurs interne et externe. « Aucune activité de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme n’a été identifiée (…) Il est important de noter que cette sanction n’a aucune conséquence sur les licences dont dispose Finexis pour développer ses activités », écrit encore la direction. pso

Le vert est dans le fruit

La « grande épicière » et ancienne élue déi gréng, Christiane Wickler (photo : pso), a pris la tête du conseil d’administration de Cargolux mercredi, une société qui a explosé son record de rentabilité en 2020. La compagnie nationale de fret aérien a annoncé cette semaine avoir réalisé
769 millions de dollars de profit l’an passé (contre un record précédent établi en 2018 de déjà 211 millions) et table sur les mêmes résultats en 2021, profitant de la pandémie et des avions passagers cloués au sol. Ceux-là transportent normalement en soute des marchandises dont Cargolux hérite depuis mars 2020. La demande surpasse l’offre de capacité de transport, les prix de transport au kilo ont augmenté de trente pour cent et Cargolux voit sa marge opérationnelle passer de cinq à 31,3 pour cent, grâce aussi à une chute du prix du kérosène (laquelle a fait économiser
200 millions de dollars à la compagnie qui exploite trente avions).

« Qu’adviendra-t-il de cet argent ? », demandons-nous à la nouvelle présidente Christiane Wickler pour sa première conférence de presse cette semaine au nouveau siège de Cargolux à Sandweiler. Une autre société du Findel majoritairement capitalisée par l’État et actionnaire de référence à 35 pour cent (10 ppt de plus que les Chinois de HNCA), Luxair, racle les fonds de tiroir pour rester à flot. Selon les informations du Land, les pertes de la compagnie aérienne s’élèvent à plus de 150 millions d’euros pour 2020 (compte non-consolidé, excluant donc la participation dans Cargolux). Nommée au conseil d’administration de Luxair vendredi dernier et à celui de Cargolux cette semaine, Christianne Wickler laisse le CFO et numéro deux de Cargolux répondre à notre question : la compagnie de fret versera un dividende de quinze pour cent à ses actionnaires, soit 115 millions de dollars, explique Maxim Straus. Puis Cargolux est endettée à hauteur de 1,5 milliard sur ses avions et évolue toujours en solde négatif (dette totale moins le cash). Le CEO Richard Forson rappelle la nature « capital intensive » de la société qu’il dirige depuis 2016 et souligne la nécessité d’investir dans des avions à 150 millions de dollars l’unité. Cargolux investit en outre dans des projets de compensation carbone. « Mon job consiste à faire en sorte que Cargolux survive en des temps plus difficiles », explique Forson. Les actionnaires avaient recapitalisé la société en 2013 afin de financer la flotte. Concernant la Coronasteier envisagée par le socialiste Dan Kersch, numéro deux du gouvernement ? Richard Forson explique que plus une société fait de profit, plus elle paie d’impôts. En 2020, Cargolux a fait valoir des crédits d’impôts sur l’acquisition de ses avions pour ne verser « que » cent millions à l’État.

Face à RTL et Radio 100,7, la membre de déi gréng et du Conseil supérieur pour un développement durable, Christiane Wickler, s’est dite « surprise » de la proposition du ministre (écolo) des Transports François Bausch, un appel reçu alors qu’elle se trouvait chez le coiffeur, raconte la patronne de Pall Center à la radio socioculturelle. Sur les ondes comme en une du Tageblatt ce jeudi, la presse relève que Christiane Wickler préside une association Expressis-Verbis dont le site internet véhicule des « alternative facts », notamment sur la pandémie de Covid-19. pso

Les pertes s’enchaînent malgré les cessions

Quintet (anciennement KBL) la banque propriété de la famille royale qatarie signe un exercice 2020 dans le rouge à moins de vingt millions d’euros (contre -44 millions d’euros en 2019). La teinte est toutefois deux fois moins sombre que l’an passé. Grâce notamment à la vente (au mois d’août dernier) des bâtiments que Quintet occupe à Luxembourg, notamment son siège boulevard Royal. La transaction a généré un gain de 62,7 millions d’euros pour le groupe. L’acquéreur n’est autre que la SPF des proprios la famille Al Thani, via la société Zenith Corp.

En plus du décès de son directeur général Jürg Zeltner (d’une maladie foudroyante), l’année passée a été marquée par le changement de nom de KBL en Quintet et par la mise en place d’un plan censé faire de KBL une franchise de banque privée avec une seule entité européenne. « Nous sommes devenus un groupe, pas un ensemble d’entités lâchement assemblées », lit-on dans le rapport annuel. Quintet a notamment ouvert une succursale au Danemark et racheté Bank am Bellevue en Suisse d’où l’établissement sert des marchés à forte croissance : l’Asie, l’Amérique latine et le Moyen Orient. Par conséquent, le résultat opérationnel a augmenté de quinze pour cent (de 443 à 513 millions d’euros), les dépenses de quatorze pour cent (de 470 à 534 millions d’euros). Le cost to income ratio reste ainsi supérieur à 1 (104 pour cent contre 106 pour cent l’année précédente). Quintet emploie 2048 personnes réparties sur cinquante villes en Europe, dont 67 pour cent en dehors du Luxembourg. pso

BCEE : résultat plombé par les provisions

Le résultat net de la Spuerkeess s’effondre de 25 pour cent en 2020 par rapport à 2019 à cause des provisions pour crédits à risque en cette année de pandémie. Le bénéfice net de la banque publique s’établit à 135 millions d’euros au lieu de 184 l’année précédente. Les provisions brutes pour risques augmentent de 156 pour cent à 67 millions d’euros. Françoise Thoma considère néanmoins que le « résultat est plus que décent » en cette année exceptionnelle. La directrice de l’établissement regarde « l’indicateur le plus pertinent », le produit bancaire et constate qu’il s’est stabilisé autour des 600 millions d’euros, a-t-elle informé lors d’une conférence de presse en ligne en fin de semaine dernière (photo : BCEE). Spuerkeess versera quarante millions d’euros de dividende à l’État pour son exercice 2020, le même montant qu’en 2019 (qui n’a toujours pas été versé du fait de restrictions demandées par la Banque centrale européenne). pso

Le mystère Paul Wurth demeure

Le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) a entrepris lundi à la Chambre des explications sur la cession au groupe allemand SMS des 41 pour cent du capital que l’État détenait dans l’emblématique entreprise luxembourgeoise Paul Wurth, mais le trublion de l’opposition dans les affaires économiques Laurent Mosar (CSV) ne comprend ni la forme ni le fond. Le député chrétien-social s’étonne d’abord que le gouvernement, qui a fait vœu de transparence, taise les termes d’une transaction liant l’État et des sociétés financières qu’il détient, la BCEE et la SNCI. D’autant plus que les données paraîtront au grand jour à la faveur des publications des rapports annuels 2021 des institutions concernées. Sur le fond, face au Land, Laurent Mosar s’étonne que l’État et en l’occurrence la SNCI (qui soutient sa politique économique en apportant du capital aux sociétés locales) se retire d’un « joyaux » de l’industrie sidérurgique luxembourgeoise qui est en train de se convertir au durable. Certes, l’entreprise centenaire va investir dans un nouveau siège et l’emploi local est censé être préservé pendant quinze ans, mais le désengagement est vu comme un choix imposé par SMS qui voulait devenir seul actionnaire. « Franz Fayot dit qu’on n’avait pas d’alternative à la vente, mais personne ne peut obliger un actionnaire à vendre ses actions », réagit Laurent Mosar. Le député du centre sous-entend que SMS a tordu le bras à l’État en menaçant de déraciner l’entreprise. La dissociation du volet immobilier avec le transfert des dix hectares de terrain à Hollerich dans une newco détenue à soixante pour cent par SMS et à quarante par l’État convainc Laurent Mosar par sa pertinence, mais le député s’interroge sur l’absence de Paul Wurth dans le deal. pso

Pierre Sorlut
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