Banque et art

Valoriser une collection

d'Lëtzebuerger Land du 10.12.2009

La Banque de Luxembourg développe depuis maintenant trois ans un véritable programme de services autour des collections et objets précieux : Comment savoir gérer une succession d’objets précieux, faire évaluer sa collection d’art contemporain, faire appel à un spécialiste de la conservation préventive ou encore faire une donation d’œuvres d’art à un musée, tels sont les aspects. Ainsi, les services proposés vont de la valorisation à l’évaluation de collections, en passant par l’accompagnement législatif et fiscal, la question de la TVA et l’achat d’œuvres à l’étranger, la création de fondations, la prévention des convoitises, la conservation préventive, la restauration et l’inventaire des œuvres d’art. Interview avec Paul Wilwertz, le responsable de ce service, afin de mieux en comprendre le fonctionnement.

d’Land : Pourquoi avoir mis ce service en place ? Est-ce que ce type d’activités est fréquent dans le domaine bancaire ?

Paul Wilwertz : C’est une particularité de la Banque de Luxembourg, car ce service ne guide pas les clients dans leurs investissements (note de l’auteur : contrairement à l’Art Banking qu’on trouve dans d’autres banques). Un certain nombre de nos clients ont des objets précieux et des collections et cela fait partie de leur patrimoine. Nous voulons les aider à les valoriser et à les transmettre dans les meilleures conditions possibles, afin qu’ils soient préservés et puissent avoir une seconde vie. Cela découle avant tout d’un besoin et d’une demande de nos clients, c’est souvent dans le cadre de successions et concerne des œuvres d’art. D’autre part la Banque de Luxembourg était déjà reconnue au Luxembourg comme mécène culturel. Nous avions donc des demandes de conseils et de mises en relations avec des experts de l’art.

Pouvez-vous détailler les grands axes de ce service ? Ce service a-t-il évolué depuis sa création ?

Oui, il évolue suivant les demandes de nos clients et nous les mettons en relation avec des personnes de confiance. Nous offrons premièrement des compétences propres sur les questions de fiscalité, de transmissions et de successions ainsi qu’au niveau culturel et philanthropique. Ensuite nous mettons nos clients en relation avec des experts, des galeristes, des musées, des assureurs spécialisés. La Banque de Luxembourg agit comme un intermédiaire rendant service aux clients et les mettant en contact avec ces professionnels. Nous accompagnons donc nos clients dans la valorisation d’une collection dans un château par exemple, la transmission d’une collection dans un musée ou la création d’une fondation.

Comment la Banque de Luxembourg a-t-elle constitué ce réseau d’experts et quels domaines recouvre-t-il ?

Cela s’est fait durant nos activités de mécénats au fil des rencontres. Les domaines touchent à l’évaluation, l’assurance, la vente et l’achat afin de répertorier une collection ou de créer des catalogues.

Cela rejoint donc les goûts pour l’art de la Banque de Luxembourg, car elle-même possède une collection d’art… ?

Nous avons une certaine sensibilité à l’art contemporain, par nos activités de mécénat et notre partenariat avec le Mudam pendant plusieurs années. Cependant, la banque n’a pas de réelle collection et n’a jamais souhaité en créer une, ni la volonté de collectionner. Nous avons quelques œuvres acquises grâce à des rencontres avec des artistes et suite à des coups de cœur.

Incitez-vous vos clients à acheter de l’art ?

Non, nous ne considérons pas l’art comme un secteur d’investissement. Nous ne croyons pas qu’il y ait des systèmes de mesures assez fiables pour conseiller nos clients dans ce sens et nous ne suivons pas le marché de l’art. L’art doit rester un achat passionnel et de goût. Le prix d’un tableau doit être le prix qu’une personne a envie de donner, avec une possibilité de revente. À l’acheteur de s’assurer, éventuellement en suivant le conseil d’experts, que le marché pour cette œuvre est liquide pour qu’en cas de revente, il puisse retrouver tout ou partie de sa mise de départ.

Qu’est-ce que gagne la banque à jouer l’intermédiaire ?

Nous sommes au service de nos clients pour les conseiller sur les valeurs personnelles qui leur appartiennent. C’est aussi un approfondissement de la relation avec ces collectionneurs. Nous conseillons sur plusieurs générations et devenons le confident de familles entières ou de personnes qui ont hérité. Toute collection reflète l’âme de son collectionneur. Nous aidons les collectionneurs à répertorier, classifier, cataloguer les objets constitués quelle que soit leur valeur monétaire, cela peut aller de bijoux précieux, d’une commode héritée, de collections de soldats de plomb à des bandes dessinées rares.

Quels autre services offrez-vous en parallèle de ce programme ?

Nous offrons un cycle de conférences Collection et Objets précieux ouvertes aux non-clients où nous abordons des questions attenantes à l’achat et à la détention d’objets précieux, en collaboration avec des intervenants professionnels extérieurs et des historiens de l’art. Nous les organisons pour proposer un terrain de rencontre à des collectionneurs, amateurs d’art ou personnes qui se posent des questions sur des objets précieux ou rares en leur possession.

Nous avons commencé par présenter une introduction au marché de l’art, afin de comprendre les grandes places des marchés, les grandes tendances et comment les côtes sont fixées. Nous allons continuer sur des questions autour des principes d’évaluation (aspects juridiques et pratiques) avec notamment l’intervention de Serge Lemoine le 13 janvier sur les grands collectionneurs d’art contemporain, ainsi que François Tajan d’Artcurial le 13 mars 2010. Ensuite Eric Hemeleers (Léon Eeckman Art Insurance, Hiscox) traitera des questions d’assurances et de protections, la façon d’évaluer les biens propres et la conservation préventive. Enfin, la transmission de patrimoine sera présentée par l’avocat spécialisé François Derème des barreaux de Luxembourg et de Bruxelles (5 mai 2010).

Didier Damiani
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