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Éditorial

« Ex Libris »

Bernard Thomas

Ce lundi, Claude Conter a présenté son contingency plan. « Wenn’s hart auf hart kommt », il pourrait avoir besoin « de bons arguments face au ministère des Finances », a-t-il glissé lundi, en conclusion d’une conférence de presse. Le directeur de la Bibliothèque nationale (BnL) pressent que les légitimations classiques de l’« accès à l’information » et de la « cohésion sociale » ne feront plus forcément le poids si la machine à croissance venait à se gripper. Il a donc tenté d’étayer la valeur économique de la BnL : Un euro investi générerait une « plus-value » de 3,34 euros pour les usagers. Pour arriver à ce montant (fictif), la BnL a dépensé de l’argent (réel). Le sondage et la campagne afférente (brochure, graphiques et traductions) ont coûté 144 616 euros, dont 52 650 payés à « BMS – Marketing research & strategy ». La firme de consultance munichoise a aligné les adjectifs dithyrambiques, ce lundi, pour décrire la performance de son client : « fantastisch », « erstklassik », « sensationnell », « einfach hervorragend ». 2 166 utilisateurs de la BnL (sur un total de plus de 40 000 lecteurs inscrits) ont pris la peine de remplir le questionnaire. Leurs retours sont enthousiastes. Il s’agirait du « meilleur benchmark » jamais atteint, et ceci de très loin, assurent les consultants bavarois. Cela en devient presque gênant. On peut y voir une forme de compensation narcissique. Car si la BnL était une firme privée, elle serait célébrée sur LinkedIn comme « fleuron national » qui a réussi le grand écart entre l’analogue et le digital. Sa gigantesque base de données eluxemburgensia.lu est en constante expansion et a révolutionné l’historiographie luxembourgeoise.

Or, en prétendant quantifier un retour sur investissement, Claude Conter s’engage sur une pente glissante. C’est l’accord de coalition qui lui a indiqué la direction : « La culture étant elle-même considérée aussi comme un vecteur économique, le gouvernement va initier une étude pour mesurer sa contribution à l’économie nationale », y lit-on à la page 185. Claude Conter joue le jeu. En new public manager, il dit assumer « le devoir de l’avant-garde » : « Nous ne devons pas avoir peur de ces discussions ». Assis à ses côtés, le ministre libéral de la Culture assure ce lundi ne forcer aucune institution culturelle à copier l’exemple de la BnL. Or, l’initiative de Claude Conter fait monter la pression sur l’ensemble du secteur. Or, les calculs de BMS peuvent être contestés. Ils se basent sur la « méthode d’évaluation contingente », qui assigne une valeur monétaire aux biens non marchands tels que l’environnement ou la culture. Les citoyens-utilisateurs de la BnL ont été sondés comme s’ils étaient de purs agents économiques. On leur a soumis différents scénarios : Si la bibliothèque ne recevait plus de fonds publics, combien seraient-ils prêts à payer ? (Le montant moyen cité est de 28 euros par mois.) Si la BnL venait à fermer, quelle serait une compensation appropriée ? (589 euros par mois.)

Cette légitimation comptable reste relativement puérile. L’argument d’un service public démocratique, que Conter développe par ailleurs, est bien plus pertinent et efficace. On touche ici à ce qui fait l’âme des bibliothèques : Il s’agit d’un point d’ancrage scientifique, culturel et social. Ce lundi, Conter a évoqué les demandeurs d’asile qui trouvent dans la salle de lecture une ambiance sereine, qui fait souvent défaut dans les foyers d’accueil. Il a également parlé des sans-abris qui, durant les mois d’hiver, fréquentent la salle de lecture « parce qu’ils peuvent y être au chaud » : « Pour nous, c’est parfaitement normal ; cela en fait partie. Nous n’allons pas exclure ces gens. » Il suffit de s’y rendre pour le constater : La BnL est un événement de masse, un happening quotidien. Tous les jours (sauf dimanche), des centaines de lycéens et d’étudiants s’approprient cet immeuble qu’ils ont transformée en lieu de vie, d’études et de sociabilité. (En 2024, plus de 322 000 entrées en salle de lecture ont été comptées.)

Cette grande bibliothèque, la première jamais construite par l’État luxembourgeois, était présentée comme « Wohlfühlbibliothéik » en 2013. Sur les bancs de l’opposition, cette qualification n’avait pas manqué de faire sourire. Mais, douze ans plus tard, l’immeuble (situé entre les sièges d’EY et KPMG) apparaît comme un des seuls tiers lieux qui fonctionnent. Comme pour le tram, la BnL a favorisé l’éclosion d’une nouvelle forme d’urbanité, à des années-lumière du provincialisme d’antan. Et comme pour le tram, c’est l’offre qui a créé la demande. Ce qui pourrait servir de leçon aux édiles locaux, qui restent très réticents à ouvrir des bibliothèques municipales.

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