CD Glass de Teletextile

Fibre de verre

d'Lëtzebuerger Land du 06.01.2012

Lili is Pi continue à étoffer son carnet d’adresses. Cette fois, le choix du label basé à Differdange s’est posé sur un album d’un groupe originaire de Brooklyn, Teletextile. Menée par Pamela Martinez, la formation s’aventure pour ce Glass (qui compile l’EP Reflector et certains morceaux de leur premier album Care package) sur les terrains d’une pop onirique et racée pas très éloignée de celle de Bat For Lashes, Glasser, Feist, Tori Amos ou encore leur mère spirituelle, Kate Bush. Alors que cette dernière vient de se prendre piteusement les pieds dans le tapis cette année-ci avec son prétentieux et faiblard 50 words for snow, il reste encore des héritières qui s’essayent à tutoyer les cimes atteintes par les Babooshka, Army dreamers, Cloudbusting et autres Wuthering heights passés.

Après le court et introductif The moment, il ne faut que quelques instants pour comprendre que la voix de Pame[-]la Martinez focalise les débats et ce malgré des arrangements riches et imaginatifs. Versatile et puissante, elle montre toute son étendue sans en faire des tonnes, évitant, la plupart du temps, de faire la diva omnipotente et omniprésente. Si l’album est un écrin pour cette voix, il faut tout de même des chansons qui tiennent la route. Ça, Martinez et ses comparses (Luke Schnieders à la batterie et aux percussions tandis que Caitlin Gray se charge des basses et des guitares) l’ont bien compris.

Ainsi I don’t know how to act here commence sur les chapeaux de roues, créant un univers proche de l’envoûtement, sophistiqué et rythmé. Au jeu de la sophistication, What if I s’entiche de glockenspiels et d’autres instruments. Notons aussi qu’outre le fait d’être une chanteuse largement au-dessus de la moyenne, Pamela Martinez se révèle aussi une harpiste, pianiste et violoniste émérite. Plus loin, construit sur un jeu de piano assez fluide Ampm two se fait plus enjoué et gagne progressivement en épaisseur. Quant à John, Teletextile brise un peu ce vernis plein de distanciation pour devenir plus poignant et émotionnel. What if you déploie alors une langueur plus gothique et presque vénéneuse. Le dyptique Safer one et Safer two se développe sur deux versants : le premier plus onirique et apaisé alors que le deuxième se montre plus minimaliste. Voilà pour quelques-unes des réussites de cet album.

Cependant, il manque un je-ne-sais-quoi pour que l’intérêt et la curiosité se transforment en enthousiasme émerveillé. Tout le savoir-faire affiché et léché n’arrive pas à masquer l’absence de prise de risques. Rien ne dépasse. En entendant ces musiciens très doués réciter la leçon, on se demande si un peu d’input personnel n’aurait pas élevé le débat. Ce faisant, on a un peu l’impression que, outre les fans des personnes citées ci-dessus, on cherche aussi à gagner le cœur de ceux d’Alanis Morissette, à la carrière plus middle of the road et lucrative.

Plaisant, ce Glass est un album plus qu’honnête et Teletextile recèle assez d’atouts et de savoir-faire pour se démarquer. Encore faut-il mieux canaliser leur personnalité et sortir encore plus des chemins balisés.

Pour plus d’informations : www.lili-is-pi.com, www.teletextile.com.
David André
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