Femmes candidates aux législatives 1999

Rejets

d'Lëtzebuerger Land vom 17.06.1999

Sii, à première vue, on pouvait se réjouir de l’arrivée de deux nouvelles femmes dans la Chambre des députées — la bourgmestre de Mondorf-les-Bains Maggy Nagel (PDL) et Marie-Josée Meyers-Frank (PCS), conseillère communale à Betzdorf; toutes deux dans la circonscription Est d’ailleurs —, il s’avère que le nombre de députées immédiatement élues reste exactement le même que lors du dernier scrutin: douze femmes sur soixante hommes. D’autres femmes doivent donc abandonner leur mandat. Françoise Kuffer (Posl) par exemple, bien que n’ayant perdu qu’une centaine de voix, termine troisième à l’Est où son parti n’a plus acquis qu’un seul siège, et n’entrera plus au parlement. Au Sud, Marcelle Lentz-Cornette (PCS) a clairement été envoyée en pension et sa collègue Nancy Kemp-Arendt, bien qu’ayant fait un meilleur résultat qu’en 1994 (plus 1 300 voix pour un total de 18 680), ne se retrouve que suppléante; comme la dernière fois d’ailleurs). Ferny Niklaus-Faber (PCS, Centre) perd elle aussi son mandat.

Paradoxalement, ce sont les femmes les plus exposées et les plus engagées qui ont fait les scores les plus désastreux : au Nord, Marie-Josée Jacobs (PCS), la ministre de la Promotion féminine, progressiste au sein d’un parti conservateur et courageuse dans ses actions positives pour l’égalité des chances, perd plus de trois mille voix et en totalise 13 700. Dans sa circonscription, elle s’est faite dépasser par Charles Goerens (PDL) et est suivi d’assez près par le folkloriste Jean-Pierre Koepp (ADR). Lors d’une conférence de presse mardi, Erna Hennicot-Schoepges, présidente du PCS et tête de liste de son parti au Centre, ne se montrait pas vraiment étonnée de son mauvais score (moins 6 852 voix pour un total de 15 469), l’expliquant par les critiques virulentes et persistantes contre sa politique au ministère de l’Éducation nationale. Mady Delvaux-Stehres (Posl) doit essuyer elle aussi un échec personnel de taille (moins 5 104 voix), probablement dû à son engagement décidé dans des dossiers aussi controversés que la réforme des pensions du secteur public, ou, dernièrement, du projet BTB. Lydie Err (Posl), très brièvement ministre d’État, et Lydia Mutsch (Posl), toutes deux féministes engagées, encaissent des pertes importantes. Lydia Mutsch n’entrera à la Chambre des députés que si Jacques Poos part effectivement à Strasbourg, comme il l’a annoncé. Au Centre, Viviane Reding (PCS) voit sa popularité jadis acquise dans le Sud divisée par deux. En fait, seules Nelly Stein (PCS), bourgmestre de Schifflange, et les trois copines et fortes têtes du PDL au Centre (Lydie Polfer, Anne Brasseur et, avec quelques restrictions, Colette Flesch) ont su stabiliser leurs scores respectifs. Aucune de ces quatre femmes ne revendique une représentativité plus juste de leur sexe au parlement.

Tout se passe comme si, malgré les efforts politiques entamés en faveur de l’égalité d’accès des femmes aux postes de pouvoir ou, justement, à cause de ces efforts, les électeurs exprimaient un certain rejet. Lors du sondage d’opinion réalisé le 31 mai par RTL et l’ILReS, 53 pour cent des femmes disaient ne pas prendre en compte le sexe du candidat, dix pour cent seulement voteraient préférentiellement pour des femmes. L’Observatoire de la participation politique des femmes, créé il y a deux mois, va faire une évaluation plus précise et fine de ces résultats afin de tenter des explications ; une première ébauche sera présentée la semaine prochaine.

Renée Wagener (Déi Gréng) pourtant est la preuve que l’engagement pour l’égalité des chances ne doit pas forcément être synonyme de recul : avec un plus de 2 364 voix pour arriver à un total de 9 686, elle est la députée ayant connu la plus forte progression. Pourtant, elle est persuadée que son gain de voix est surtout dû au fait qu’elle ait été tête de liste de son parti — comme pour sa collègue Dagmar Reuter-Angelsberg, en troisième position des Verts dans le Sud (mais non-élue). En fait, ce seront les partenaires de coalition qui décideront combien de députées seront appelées au gouvernement et si le ministère de la Promotion féminine continuera sa jeune existence — se serait le signe d’une volonté politique bien plus progressiste que l’opinion de l’électorat.

josée hansen
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