Biennale d'Architecture

Agitation...

d'Lëtzebuerger Land du 26.08.2004

Toujours en quête de soi-même, mais plus sûr de soi, tel pourrait être le leitmotiv du discours luxembourgeois à la Biennale d'architecture de Venise. Mais on attendra la présentation du film de Andy Bausch et du catalogue (co-réalisé avec la revue Adato) pour juger, le 3 septembre prochain, du contenant que dores et déjà, Fränz Valentiny, commissaire du pavillon luxembourgeois, défend via un discours au contenu qu'il veut très politique. Si donc le thème de cette Biennale s'intitule Métamorphoses, la chrysalide de l'architecture grand-ducale compte beaucoup sur le cocon de la Ca' del Duca pour attirer l'attention des papillonnants visiteurs, il est vrai désormais au fait de l'adresse luxembourgeoise via la renommée spectaculaire que lui ont assurée Su Mei Tse et l'équipe du Mudam, remportant l'année dernière un Lion d'or dans le domaine des arts plastiques. On ne peut pas dire que l'expression architecturale nationale soit aussi spectaculaire et sans doute, nos créateurs en leur domaine ne le veulent-ils pas, dénonçant  d'ailleurs encore et toujours, comme des concurrents déloyaux, ces confrères étrangers «stars» auxquels il fut fait appel ces dernières années pour construire nos bâtiments les plus prestigieux... Fränz Valentiny compte donc énormément, dans le futur, sur une collaboration active des politiques, qu'ils aient des responsabilités nationales, régionales ou communales, pour donner l'occasion à la profession de montrer qu'elle a du souffle, trop souvent, selon ses dires, appelée seulement à revêtir esthétiquement des fonctions qui ne seraient, programmatiquement, pas de son domaine de compétences. Il faut dire que le développement du pays dans le futur, à l'échelle nationale, requiert effectivement plus que des habillages de circonstance: l'organisation territoriale devra faire appel à toutes les compétences réunies en synergie. Ceci, et en premier lieu, pour stopper le mitage du paysage qui ne cesse de s'étendre comme un lèpre aux abords de tous nos villages dortoirs, laissant par ailleurs souvent à des promoteurs le champ libre dans des opérations de plus grande envergure, lesquelles revêtent alors cet aspect sans goût et sans odeur qui font des villes du monde entier, grandes ou petites, des cités commerciales et de bureaux  interchangeables. On verra donc, à Venise, aux dires de Valentiny - qui y exposa en duo international avec son associé autrichien Huber Hermann en 1991 - que, partant des «anciens» et de leurs manifestes (Rob Krier et la maison Dickes, Georges Reuter et le château d'eau de Koerich), puis, passant par les «seniors» qui ont su insuffler l'écriture contemporaine dans le tissu historique (Christian Bauer pour le Musée national d'histoire et d'art), si beaucoup (pour ne pas dire tout) reste à faire, les architectes luxembourgeois sont prêts à relever tous les défis inhérents à l'acte de bâtir. Surtout ceux de la jeune génération comme Nico Steinmetz (rénovateur des thermes de Mondorf), Françoise Bruck (récente lauréate d'un immeuble administratif différent à Esch-Belval avec Thomas Weckerle) ou encore, la rigoriste Tatiane Fabeck et, à l'opposé, le très fun

Stefano Moreno. À suivre, via aussi l'ouverture de cette profession espère-t-on aux autres disciplines du champ des sciences humaines (philosophies sociologie) et domaines de création formelle (plastique, design) qu'ils ont trop souvent tendance à négliger au risque d'entretenir le pur langage architectural... académique voire utopique! 

La neuvième édition de la biennnale internationale d'architecture, placée sous le thème général Metamorph, aura lieu du 12 septembre au 7 novembre dans le Giardini et dans tout Venise. Pour plus d'informations: www.labiennale.org. Le vernissage du pavillon Luxembourg studio aura lieu le 10 septembre à 17 heures ; pour plus d'informations sur le pavillon luxembourgeois ainsi que le programmes des conférences qui ont lieu dans ce cadre-là: www.fondarch.lu.

Marianne Brausch
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