Festival

Retour en terrain connu

d'Lëtzebuerger Land vom 06.05.2022

Dimanche se clôturait le festival Aralunaires à Arlon. Une 22e édition qui, c’est même la marque de fabrique de ce festival, mélangeait les styles musicaux (hip Hop, indie pop, post rock, post punk, electro, jazz,…), mais aussi les lieux de concerts (église Saint-Martin, l’Entrepôt, le Palais, l’escalier de l’Université de Liège,…)

C’est simple, tous les gens qu’on a rencontré le premier soir s’accordaient pour dire que, « en ville » (comprendre dans le centre d’Arlon), c’était un joli foutoir. Un foutoir bien sympathique, organisé et créé par l’équipe du festival avec Sa Majesté McCloud Premier, Prince Carnaval de Schaerbeek depuis 2020. C’était évidemment bien plus calme du côté de l’église Saint-Martin avec la venue d’Antoine Wielemans, leader des Girls in Hawaii. À l’Entrepôt, Sopico qui, deux jours plus tard s’offrira l’Olympia, a mis le feu, comme souvent.

Le lendemain, on voulait surtout voir Lo Bailly (à mi-chemin entre Fauve et Orelsan), mais c’est finalement Léa Bastien, une gamine de 19 ans qui, sous ses faux airs d’une mini-Angèle, nous aura fait craquer. Il faut dire que l’endroit – les surréalistes escaliers de l’Université de Liège, est assez incroyable et aura ajouté un supplément d’âme étonnant. Imaginez : des escaliers en colimaçon qui grimpent à onze mètres de haut avec et la scène, tout en bas ! C’est un lieu unique, un peu comme l’écriture de Léa d’ailleurs, à la fois naïve et mature. Elle explique : « Le processus d’écriture chez moi, se fait dans l’instantanéité. J’écris mes ressentis, mes émotions, mes expériences lorsque je les vis et qu’elles m’enflamment. J’ai constamment le besoin d’extérioriser mes histoires de façon brute. Lorsque je les relis ou les chante plus tard, je me rends compte des proportions qu’elles prenaient dans ma vie, disproportionnées, parfois, pour ce que c’était et il est probable que le côté enfantin vienne de là… mais je trouve ça assez chouette ! »

Pas tout à fait une première pour la jeune femme. « Les Aralunaires, c’est un festival très symbolique pour moi, c’était mon tout premier concert en 2019. À l’époque, j’étais déjà très contente de m’y produire dans le Lab. Mais cette fois-ci a été encore plus émouvante étant donné le cadre idyllique dans lequel je me produisais. Et le fait d’avoir chanté mes compositions, qui depuis deux ans, ne demandaient qu’à être entendues par un public, était à la fois carrément déstabilisant… et émerveillant. » Léa Bastien, fan aussi bien d’Iliona que de James Blake, croyez-moi, on va en reparler.

De ces escaliers dingues aussi on va reparler. C’est là une des grandes forces de l’équipe du festival : trouver des endroits improbables pour y faire jouer les artistes. Khalid, l’un des organisateurs explique : « C’est toujours un challenge de trouver de nouveaux endroits car les contraintes sont nombreuses. Mais aujourd’hui, on est mieux équipé et généralement, les lieux possèdent leur propre sono, ce qui nous facilite la tâche. » Fred, responsable logistique, confirme : « Après une année 2021 loin d’être évidente vu les conditions (pour rappel, le festival se déroulait uniquement en plein air et sur le site de l’Université de Liège, ndlr), on est revenu en terrain connu. Du moins, en ce qui concerne l’Entrepôt. Pour les scènes situées en ville, on n’est jamais à l’abri d’une surprise… comme une cérémonie d’enterrement à l’église qui nous a obligé à changer nos plans. »

Sébastien, programmateur bien connu du festival, était radieux dimanche soir lors de la clôture. « Je suis content même si on a eu un peu peur cette année car les préventes ont mis beaucoup de temps à démarrer. Mais on s’en sort très bien au final. Comme à chaque fois, on essaye vraiment d’installer le festival dans la ville et d’en faire surtout quelque chose de local comme avec la bière que l’on a créée avec la BAC (Brasserie Arlon Coopérative). On continue aussi à chercher des endroits originaux où faire jouer les groupes et on essaye toujours de terminer le festival avec quelque chose de festif, comme avec Lalalar ce soir. Un truc qui nous a plu cette année est la création du premier jour. Ça, c’est quelque chose qu’on va vraiment travailler pour l’année prochaine. On a d’ailleurs une idée avec un artiste qui s’est produit cette semaine. Espérons que ça puisse se faire ! »

Romuald Collard
© 2023 d’Lëtzebuerger Land