Icom Luxembourg

La vie des musées

d'Lëtzebuerger Land du 18.05.2018

d’Land : Depuis quand les musées luxembourgeoises ont-ils des liens avec l’International council of museums, Icom ?

Michel Polfer : Je rappellerai ici pour vos lecteurs, que l’Icom, qui a son siège à Paris, est une organisation non-gouvernementale en relation formelle avec l’Unesco. Son but est la coopération et les échanges scientifiques entre musées et sa mission est de promouvoir et protéger le patrimoine culturel et naturel, présent et futur, tangible et intangible. Maintenant, pour répondre à votre question, le Musée national d’histoire et d’art (MNHA) est membre de l’Icom depuis sa création à la fin des années 1940. La situation était simple : il n’y avait qu’un musée au Luxembourg. Il n’était donc pas nécessaire d’avoir un conseil national.

La création d’un comité national est donc tout récent ! Expliquez-moi…

Quand je suis devenu directeur du MNHA en 2006 et que j’ai été à la première réunion de l’Icom à Paris, j’étais ipso facto le représentant du Luxembourg ! Ici, on me disait «  tu fais ça très bien, on continue comme ça ». À Paris non plus cela ne semblait pas poser de problème. Ils avaient une personne de contact, une adresse…

Le fait est qu’il y avait quand même d’autres musées luxembourgeois qui étaient membres – les Musées de la Ville, le Mudam, le Naturmusée – en sorte qu’à Rio, en 2013, lors de l’assemblée générale – entre temps encore d’autres musées nationaux étaient devenus membres – l’Icom International m’a dit « écoutez, c’est bien qu’on aie fonctionné comme ça jusqu’à présent, mais vous devriez, nous devrions tout de même réfléchir : en France par exemple, il y a un comité national qui représente des dizaines de milliers de musées et en ce qui concerne le Luxembourg, nous avons presqu’autant de contacts qu’il y a de musées ouest-européens ! ».

Là-dessus est venu se greffer une question d’ordre plus technique. Pour que des Fondations – je rappelle que l’Icom est un organisme non-gouvernemental – puissent doter des organismes internationaux, il est exigé que chaque comité national soit une association de fait. Donc, il fallait qu’au niveau luxembourgeois, il existe un comité national avec ses statuts, sa comptabilité, etc.

Tout cela a fait qu’il était devenu évident qu’il y avait nécessité de créer un comité national. J’ai fait un draft concernant les statuts en 2017, mes collègues y ont travaillé aussi et donc, nous existons sous forme de « comité national luxembourgeois de l’Icom » depuis cette année, 2018.

Quel est son rôle ?

Le premier rôle d’un comité national, c’est dans son propre pays, de représenter les professionnels des musées. C’est un comité d’intérêts des gens qui travaillent dans les musées, par rapport à la politique, par rapport au public. L’Icom International pourra donc prendra position dans certains contextes critiques pour les musées. La deuxième mission d’un comité national, c’est de représenter son pays une fois par an à l’assemblée générale annuelle à Paris où les comités nationaux et internationaux se réunissent. Tous les trois ans, il y a la grande assemblée générale à tour de rôle dans un pays qui s’est porté candidat pour l’accueillir et donc dans le cas du Luxembourg, de le représenter. Voilà pour le volet associatif.

Ensuite, la mission d’un comité national, c’est aussi d’entretenir des contacts avec les pays et les régions voisines : les échanges d’informations sont un aspect important, la formation est un autre aspect important. Je vous donne un exemple concret : ici, au MNHA, aura lieu fin mai une formation sur un outil informatique nécessaire pour rendre des collections publiques accessibles sur le Net. Je précise que cela n’intéresse pas le grand public, ni même tous les gens qui travaillent dans les musées, mais le personnel du service communication, etc. Nous allons donc organiser une formation pour notre personnel, ouverte aussi aux autres musées membres d’IcomLuxembourg.

Il faut peut-être repréciser que l’Icom est un réseau de professionnels…

L’Icom est un organisme de services qui s’adresse en premier lieu aux musées, c’est-à-dire des institutions qui ont une collection accessible au public et en deuxième lieu à des membres individuels qui sont des professionnels qui travaillent dans un musée. Je résumerai la chose comme suit : cela couvre les institutions qui ont une équipe permanente de professionnels, mais aussi les musées semi-professionnels qui ont un staff bénévole. Cela peut aussi être un site : un bâtiment historique avec son mobilier, à condition qu’il soit accessible au public. Ceci exclut les collections privées comme des banques qui ont des collections, mais qui ne sont pas accessibles au public. Ensuite, seuls les professionnels qui travaillent dans un musée peuvent être membres individuels.

Quels sont les services de l’Icom à ses membres ?

Quand on est membre de l’Icom, on est dans un réseau mondial et on a accès à toutes les informations qui circulent dans ce réseau en ce qui concerne les formations, les nouveaux développements techniques et technologiques par exemple. Il existe plus de trente comités internationaux dont on peut recevoir les informations sur des thématiques particulières : musées scientifiques et leurs problématiques spécifiques, musées d’histoire et leurs problématiques particulières, restauration, conservation, médias digitaux, gestion de collections, etc. On est invité à des réunions…

Et les devoirs d’un comité national sont ?

Tout musée qui est membre s’engage à respecter la charte d’Icom International, c’est-à-dire une série de règles, comme par exemple ne pas accueillir dans sa collection une œuvre dont l’origine n’est pas clairement authentifiée ou restituer des pièces qui se trouveraient dans la collection et qui ne seraient pas légalement acquises.

Quels sont pour conclure les conséquences immédiates et à terme de la création d’Icom Luxembourg ?

Le fait d’avoir désormais un comité national a pour conséquence directe ou indirecte de donner aux musées du Luxembourg une plus grande visibilité au niveau international. Nous sommes présents désormais sur la home page du site Internet, nous allons envoyer un rapport de synthèse à Paris à la fin de l’année sur les formations qui ont eu lieu au Luxembourg.

Personnellement, j’espère que d’ici deux ou trois ans, tous les musées seront devenus des membres institutionnels. L’Icom Luxembourg a un effet de levier dans le pays : plusieurs musées sont devenus membres depuis le début de l’année et nous pourrons mieux travailler dans la perspective d’organiser des colloques et des événements interrégionaux.

Terminologie

La définition du musée selon l’Icom : « Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » Statuts de l’Icom internationale, adoptés par la 22e Assemblée générale à Vienne (Autriche) le 24 aout 2007.

Selon les statuts de l’Icom Luxembourg, déposés en août 2017, l’objet de l’association est « d’assurer la gestion des intérêts de l’Icom au Grand-Duché de Luxembourg, représenter les intérêts des musées et de la profession muséale, représenter les intérêts de ses membres auprès de l’Icom, contribuer au financement de l’Icom et à la réalisation de ses objectifs tels qu’ils sont exprimés à l’article 2 des statuts de l’Icom, promouvoir les buts et les projets de l’Icom parmi les professionnels de musées et les musées du Grand-Duché de Luxembourg, promouvoir la formation et les échanges entre professionnels de musées et faire progresser les connaissances liées à la conservation du patrimoine, coopérer avec les Comités nationaux et internationaux de l’Icom et les organismes nationaux et internationaux intéressés par les musées et les professions qui s’y rapportent. »

La liste des institutions membres d’Icom Luxembourg : Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain ; Musée d’Histoire(s) Diekirch ; Millemusée & Naerdener Gare ; Musée national d’histoire naturelle – Naturmusée ; Minett Park Fond-De-Gras ; Conservatoire national de véhicules historiques ; Musée national des mines de fer Luxembourgeoises; Musée national d’histoire et d’art ; Centre national de l’audiovisuel ; Mudam ; Centre national de littérature ; Musée rural et artisanal ; Musée de calèches ; Musée rural Binsfeld ; Musée national de la Résistance ; Kulturhuef asbl. ; Musée national d’histoire militaire ; Les 2 Musées de la Ville de Luxembourg ; Musée Eugène Pesch ; Service culturel de la Ville de Differdange ; Palais Grand-ducal. Pour plus d’informations : http://icom.museum/

Marianne Brausch
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