Nosbaum Reding Projects

Rêves sous le duvet

d'Lëtzebuerger Land du 25.04.2014

d’Lëtzebuerger Land : Pourquoi avoir choisi Carl Palm pour lancer Nosbaum Reding Projects ?

Alberto Garcia del Castillo : J’ai choisi un artiste avec qui j’avais déjà travaillé pour des expositions solo et de groupe au centre d’art Komplot à Bruxelles. « Nosbaum Reding Projects » est une continuation de ma recherche curatoriale, ouverte et multiforme, car Carl Palm recherche la capacité des objets à interagir à l’intérieur du white cube, partant de leur histoire passée en-dehors. Et puis Palm invite d’autres artistes et curateurs à participer activement à ses projets jugeant que l’artiste est le centre d’une construction collective. Pour cette exposition, nous avons aussi accueilli le lancement du n° 2 de la revue Good Times & Nocturnal News, éditée par Palm et la curatrice lithuanienne Egle Kulbokaite.

C’est la deuxième expo de la galerie consacrée à la scène nordique après le Danois Ivan Andersen récemment. Est-ce que les artistes là-bas sont très actifs ? Novateurs ?

Il n’y a pas de relation avec l’exposition d’Ivan Andersen. Par contre, nous ne pouvons pas nier l’importance de l’art contemporain scandinave. Palm entretient une relation très spéciale avec la nature brute ou vierge, tell qu’on peut la trouver dans son pays, la Suède, et toute la Scandinavie. Dans une approche presque animiste, Palm envisage que sur Terre, aucun objet ou être vivant n’a un statut supérieur à l’autre. Toute matière garde une histoire en elle et cette histoire est l’objet de ses sculptures.

Par exemple ?

La table en aluminium qui est accrochée à un des murs de la galerie. Il s’agit d’un modèle à l’échelle 1:1, en quelque sorte le portrait de la table sur la plage d’une île en Suède. Pour sa production, l’artiste a fondu l’aluminium d’un mât de bateau pour après le couler sur le sable, où il avait troué les trois pieds de cette table.

J’aime beaucoup les duvets brodés, tordus comme après la nuit, également accrochés aux murs. Quelle est l’importance des rêves de Palm dans son travail ?

Cette nouvelle série dans son travail a été commencée au moment de sa dernière résidence d’artiste à Buenos Aires. L’objet en soi est une sorte de sachet ou d’enveloppe. On pourrait dire que ces duvets sont des « capsules de temps » : une sculpture qui contient des histoires, des rêves ou même des événements futurs ou de la fiction. Ainsi, chacun de ces duvets raconte une histoire, soit un rêve, soit une exposition future. L’expérience de Palm comme assistant d’autres artistes ou même une histoire policière.

Quelle est la signification des bronzes à l’entrée de l’exposition ?

Ces quatre sculptures en bronze sont des outils de travail ou des esquisses de sculptures. Disposées dans l’entrée de la galerie, presque rassemblées dans un coin, c’est un clin d’œil aux objets qui ont servi de modèle aux sculptures. C’est l’armoire de rangement de l’exposition.

À quel rythme allez vous continuer votre collaboration chez Nosbaum & Reding ?

« Nosbaum Reding Projects » prévoit quatre expositions pour l’année 2014, ce qui pourrait être le rythme dans le futur. Je curaterai ces expositions, parfois avec des curateurs invités et d’autres en collaboration avec des projets extérieurs à la galerie.

Quel est le type d’artistes que vous privilégierez ? Dans quel but pour la galerie Nosbaum & Reding ?

La jeune scène internationale d’avant-garde, plus éloignée de la formule classique des galeries d’art contemporain. Avec cette initiative, la galerie montre sa volonté de création, de soutien à la jeune et nouvelle scène d’art contemporain au Luxembourg et d’ailleurs. C’est la preuve que la galerie est engagée dans son époque et dans la recherche dans l’art contemporain.

Est ce que le Luxembourg vous semble être intéressant concernant cette démarche ?

Le Luxembourg me semble un espace très intéressant pour ce projet. La scène publique de l’art contemporain y est riche avec le Mudam et le Casino. Un espace plus expérimental, plus réactif, qui puisse rapidement réfléchir aux changements et tendances dans l’art de nos jours y a sa place. Luxembourg n’est pas loin de Paris et Londres, ou de la plus underground Bruxelles. Nosbaum Reding Projects correspond à notre envie, par un travail du risque, d’avant-garde et de qualité, de participer à la construction du « mythe du Luxembourg moderne ». Trop de gens méconnaissent encore cette ville et sa place dans l’art contemporain.

L’exposition de Carl Palm Chatty Paws Slips up in Smokes, est à voir jusqu’au 10 mai à la galerie Nosbaum&Reding. 4, rue Wiltheim à Luxembourg-ville ; ouvert du mardi au samedi de 11 à 18 heures ; pour plus d’informations : www.nosbaumreding.lu.
Marianne Brausch
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