Ticker du 24 mars 2023

d'Lëtzebuerger Land du 24.03.2023

Sic transit

L’empire paneuropéen RTL continue à se disloquer. C’est par « communiqué conjoint » que le Service des médias luxembourgeois et RTL Belux annoncent ce jeudi que le « centre de décision » de cette-dernière sera déplacé « vers la Belgique francophone ». Une décision prise par les nouveaux actionnaires (les deux groupes de médias belges DGP et Rossel), dont les autorités luxembourgeoises auraient « pris acte », note sobrement le communiqué. Les concessions luxembourgeoises des chaînes de télé RTL TVi, Club RTL et Plug RTL deviennent dès lors « sans objet avec effet immédiat ». Les médias belges se réjouissent de voir leur concurrente entrer « pleinement dans le cadre juridique francophone, notamment en ce qui concerne les règles en matière de publicité, de protection des mineurs et de contribution à la production audiovisuelle ». Les studios de RTL Belgium sont situés à Bruxelles-Schaerbeek, tandis que son siège et surtout sa licence étaient restés au Grand-Duché, ce qui faisait grincer des dents chez le régulateur de l’audiovisuel francophone (CSA). Le déménagement officiel devrait donc apaiser les relations. Le Service médias luxembourgeois promet « une transition sereine » entre l’Alia et le CSA. Ce jeudi, le gouvernement a expédié un second communiqué sur les échanges « amicaux et francs » entre le ministre des Médias, Xavier Bettel, et le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jehot. Ce dernier a rappelé à quel point l’« ancrage, plein et entier dans le périmètre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est important pour mon gouvernement ». RTL Belgium qui délocalise son siège, RTL Nederland qui fusionne avec Talpa Network, RTL Croatia cédée à CME. Prochaine étape : La vente de RTL-Luxembourg à l’État luxembourgeois ? À suivre… bt

Acronymie

Comme nous l’écrivions dans la précédente édition, l’Association luxembourgeoise des employés de banque et d’assurance (Aleba) compte se représenter dans tous les secteurs aux prochaines élections sociales (qui auront lieu dans douze mois). Elle a dévoilé son nouveau nom qui préserve l’acronyme : Association Luxembourgeoise des Employés ayant Besoin d’Assistance. (Un nom qui a une vague consonance philanthropique.) Les éléments de langage sont finement ajustés. Aleba, « syndicat de cœur », « à taille humaine ». Son président, Roberto Mendolia, tente ainsi de se distinguer de l’OGBL et du LCGB, « deux syndicats politisés ». Chez l’Aleba, lit-on dans le communiqué, pas de secrétaires centraux (embauchés par le syndicat) : « Les délégués du personnel sont les dirigeants de l’Aleba ». Les trois publics-cibles de Mendolia sont les frontaliers, les délégations « neutres » et les jeunes. Trois flancs ouverts. Les premiers sont très sous-représentés dans les directions de l’OGBL et du LCGB, les deuxièmes représentent 57 pour cent des délégués et les troisièmes sont réticents à prendre leur carte (l’Aleba l’offre donc gratis aux moins de trente ans). La stratégie de l’Aleba ne manque pas d’audace : son implantation en-dehors du secteur financier étant presqu’inexistante à l’heure actuelle. Pour pouvoir prétendre à la représentativité nationale, un syndicat doit récolter au moins vingt pour cent des voix aux élections de la Chambre des salariés. Mais ce n’est pas le seul critère : l’organisation doit également disposer du pouvoir nécessaires pour soutenir au niveau national « un conflit majeur d’ordre social », ainsi que présenter « une activité
effective » dans la majorité des branches économiques. bt

George Nasra passe le relais

La banque privée Quintet (anciennement KBL) a annoncé ses résultats ce jeudi. La filiale de Precision Capital, société représentant les intérêts de la famille régnante du Qatar, fait état d’un bénéfice de 18 millions d’euros. Un profit maigrelet pour un revenu opérationnel de 524 millions mais un bénéfice quand même pour un exercice marqué par la guerre d’Ukraine, la hausse des prix énergétiques, l’inflation… et des indexations. Il est d’autant plus important que 2021 s’était soldé avec une perte de 140 millions d’euros, la faute notamment à une aventure entrepreneuriale en Suisse qui s’était finie en eau de boudin. La perte opérationnelle s’élevait à six millions d’euros, 17 l’année précédente.

Le bénéfice est aussi bienvenu car il est annoncé dans un contexte marqué par les faillites de Silicon Valley Bank et Credit suisse. Quintet ne manque ainsi pas de rappeler dès les premières lignes de sa communication que son ratio CET1 de fonds propres s’établit à 18,1 pour cent, « bien au-delà du seuil réglementaire ». « Les sources actuelles de financement et de liquidité restent extrêmement stables », insiste le communiqué. Rappelons que l’ancêtre KBL (banque fondée en 1949) avait recouvré son « indépendance » à la suite de la crise des subprimes en 2008 et du sauvetage de la maison-mère KBC par l’État belge. La Commission européenne avait exigé en retour une simplification du groupe et KBL avait été vendue en 2011 à la famille Al Thani.

George Nasra était arrivé dans les cartons, faisant le lien, avec les actionnaires. Il occupe aujourd’hui les fonctions de vice-président, mais envisage de prendre sa retraite à la fin du mois, comme il est écrit dans l’introduction au rapport annuel 2022 rédigée par le président du groupe, Rory Tapner. George Nasra, Libanais natif des territoires occupés palestiniens en 1947 (comme le renseigne le registre de commerce), était préalablement directeur de International Bank of Qatar. Il a ensuite dirigé la holding Precision Capital qui détient 99 pour cent du capital de KBL et a détenu 90 pour celui de la BIL, de 2011 à 2017. Les parts ont alors été vendues aux Chinois de Legend Holdings. Durant ces quelques années à la tête d’un groupe systémique, Georges Nasra n’a accordé que très peu d’interviews (à notre connaissance une seule, au Journal).

En 2016, George Nasra avait placé Luc Frieden à la présidence de l’établissement route d’Esch (il l’a quittée officiellement cette semaine). « En tant que nouveau président, Luc Frieden s’appuiera sur son impressionnante expérience aux niveaux local, européen et global, afin d’assurer que la plus ancienne banque du Luxembourg continue à atteindre de nouveaux sommets », avait-il affirmé. Luc Frieden effectuait alors son retour au pays après son exil à Londres chez Deutsche Bank. Ministre des Finances, il avait permis en 2011 que tout ou parties de Cargolux, KBL et Bil soient reprises par le Qatar et sa famille régnante, proche du Luxembourgeois Albert Wildgen. L’avocat avait occupé la présidence de la compagnie nationale de fret aérien quand Qatar Airways en détenait 35 pour cent. Il avait ensuite occupé des fonctions d’administrateur à la BIL ou chez KBL. Son nom circule à nouveau parmi les potentiels remplaçants de George Nasra à la vice-présidence. Contacté ce jeudi, l’intéressé n’avait pas encore donné suite quand nous partions à l’impression. pso

J’investis donc je suis

Vor vier Wochen hat LSAP-Verbraucherschutzministerin Paulette Lenert eine neue nationale Kampagne zur Förderung nachhaltiger Finanzprodukte vorgestellt, die sie zusammen mit der CSSF, der Alfi und der ABBL-Stiftung ins Leben gerufen hat. Mit Slogans wie „Pour prendre soin de la planète, j‘investis“ sollen Kleinanleger dazu ermutigt werden, ihr Erspartes in nachhaltigen Fonds anzulegen. „Faites fructifier votre épargne tout en soutenant des projets qui adoptent une approche responsable et respectent des valeurs éthiques, environnementales et sociales“, heißt es auf den Plakaten, die vom 1. März bis zum 15. April im öffentlichen Raum zu sehen sind. Im Begleittext schreibt das Verbraucherschutzministerium, die nationale Aufklärungs-kampagne könne den Bürger/innen dabei helfen, „nachhaltige Finanzen besser zu verstehen und eine bewusste Entscheidung für Investitionen in nachhaltige Produkte zu treffen“ und verweist auf eine Internetseite, die jedoch keine Aufklärung über die Risiken und Gefahren bietet, sondern nur weitere Werbung für die Finanzindustrie. Das kritisieren sechs Nichtregierungs- und zivilgesellschaftliche Organisationen diese Woche in einer Mitteilung. ASTM, Etika, Greenpeace, Justice et Paix, SOS Faim und der Cercle de coopération bemängeln, dass Verbraucher/innen mit der vermeintlichen Aufklärungskampagne in die Irre geführt würden und warnen von Green- beziehungsweise Socialwashing. Weil es an verbindlichen Regeln und Kriterien für sogenannte nachhaltige Finanzprodukte fehle, sei nicht sichergestellt, dass sie tatsächlich einen positiven Effekt auf Umwelt und Gesellschaft hätten, heißt es in der Mitteilung. Es sei bemerkenswert, dass ausgerechnet die Alfi sich in einer solchen Kampagne engagiere, habe sie in den vergangenen Monaten doch dafür gekämpft, dass Fonds von der EU-Richtlinie über die Sorgfaltspflichten von Unternehmen im Hinblick auf Nachhaltigkeit ausgenommen werden. Gleiches gelte für die ABBL, von deren Mitgliedsbanken keine den nationalen Pakt zur Umsetzung der UN-Leitprinzipien für Wirtschaft und Menschenrechte unterzeichnet habe. Nicht zuletzt hätten unabhängige Recherchen eines europäischen Journalistenkonsortiums gezeigt, dass sogenannte nachhaltige Fonds weiterhin in Unternehmen investieren, die fossile Brennstoffe benutzen. Für die CSSF und das Verbraucherschutzministerium stelle die Unterstützung dieser Marketing-Kampagne einen eindeutigen Interessenkonflikt dar, urteilen die sechs Organisationen. ll

Tax compliance fatigue

Un certain ras-le-bol de la conformité se diffuserait au sein des administrations fiscales, chez les professionnels et parmi les contribuables et cela nuirait à la lutte contre la fraude, selon Katerina Pantazatou, professeure à l’université du Luxembourg et invitée mardi à un débat organisé par le Centre for European Policy Studies. À la question posée par le think tank bruxellois « what does the future look like? », la chercheuse d’origine grecque passée par Cambridge répond en soulignant les efforts consentis par la Commission européenne pour chasser les montants évadés et rétablir la justice fiscale, mais elle regrette aussi que l’exécutif européen ne laisse pas assez de temps aux parties prenantes pour digérer les différentes couches de réglementations. Au sujet des récentes décisions des juridictions européennes conférant le primat à la protection des données personnelles aux dépens de la lutte contre la fraude fiscale, Katerina Pantazatou estime que la CJUE ou la Cour européenne des droits de l’Homme jugeront au cas par cas. « There is no easy way out of this conundrum (…) they will be assessing the particular circumstances and published data against objectives of general interest », dit-elle. Est notamment visée la décision de la CJUE qui limite l’accès du registre des bénéficiaires effectifs aux personnes qui ont un interêt légitime.

Enfin, la professeure à l’uni.lu relève l’absence de mécanisme de mise en œuvre des législations contre la fraude. « The standard sentence to be found in directives that suggests that, in case of infringement of the national implementing laws the penalties should be effective, dissuasive and proportionate not only does not establish a level playing field but it is also insufficient », explique Katerina Pantazatou. À côté d’elle, Benjamin Angel, responsable de la taxation directe à la Commission européenne, annonce travailler sur un texte qui exigera des pays tiers (comme la Suisse) d’envoyer les registres des bénéficiaires effectifs sur base automatique et annuelle. Voilà ce que relève le média spécialisé Tax Notes qui a couvert le panel : les pays non-coopératifs seront ajoutés à la liste noire de l’UE. pso

Bernard Thomas, Pierre Sorlut
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