Boomer travel tips

d'Lëtzebuerger Land du 24.10.2025

Nicolas Schmit (LSAP) s’est retrouvé dans un conflit générationnel lors d’une conférence organisée à Science-Po Bordeaux jeudi soir dernier sur le thème du voyage. « Je suis peut-être d’une autre génération et un peu moins radical », a consenti celui dont le nom a été cité cet été pour reprendre du galon chez les socialistes luxembourgeois. En face de lui pour ce débat préparé par le quotidien régional Sud-Ouest, deux jeunes auteurs du documentaire Les Pieds sur terre qui promeut les voyages bas carbone. Interrogé par des étudiants sur la recette pour moins nuire à l’environnement en vacances, l’un d’eux, Antoine Payot, propose « d’arrêter de prendre l’avion ». « Dire aux gens ‘vous n’avez plus le droit de prendre l’avion’, notamment à ceux qui doivent absolument le prendre, c’est un mauvais discours », a rétorqué Nicolas Schmit.

Le socialiste craint que l’incompréhension ne se généralise face à « un grand interdit » en réponse à l’urgence climatique. Il faudrait être plus « modéré ». Les même-pas-trentenaires préconisent que chacun s’interroge sur les raisons qui poussent à choisir le transport aérien : « Il y a beaucoup de voyages professionnels pour se montrer, des déplacements professionnels à l’autre bout du monde parce que ça fait bien. » Nicolas Schmit, soulignant s’être déplacé en train dans la capitale girondine, confesse ne pas avoir eu un bon bilan CO2 ces dernières années, notamment en 2023, quand il était tête de liste des socialistes européens et qu’il a « dû faire campagne » dans toute l’UE. « Quand vous êtes commissaire, vous n’avez pas beaucoup de temps et vous voyagez dans les 27 pays européens », prétexte-t-il encore. Il explique que l’avion s’impose pour certaines professions : « Moi, il y a quelques années, j’étais ministre des Affaires étrangères et le train n’est pas toujours la solution possible. Quand vous allez en Grèce… on n’a pas le temps de prendre le train ». Il poursuit : « À titre privé, je ne suis pas quelqu’un qui prend énormément l’avion, mais ça m’arrive, j’ai beaucoup d’amis en Grèce par exemple. » Il s’enfonce un peu plus : « Et pour aller en Argentine, pas d’autre moyen que l’avion ». « Le bateau », s’exaspère l’une des cent personnes dans le public.

Puis Nicolas Schmit s’enterre : « Est-ce que vraiment, ça vaut la peine de prendre un avion pour passer un week-end au Maroc ? C’est une bonne question. Maintenant, découvrir le Maroc, l’Atlas ou sa bande côtière, pour y aller, il n’y a pas mille façons… il faut a priori prendre l’avion. » Antoine Payot souligne que, grâce au Covid, 2020 a été la seule année durant laquelle le transport aérien a répondu aux objectifs des accords de Paris. « Pour moi, la crise climatique qu’on est en train de vivre actuellement est aussi grave qu’une troisième guerre mondiale ou que n’importe quelle autre crise majeure », conclut Antoine Payot. Quelques secondes plus tôt, le Luxembourgeois avait rendu les armes : « Franchement, peut-être c’est une question de génération, je l’accepte. » En 2023, dans son programme « Pour un monde juste et équitable », le LSAP disait soutenir « toute initiative au niveau de l’UE visant à interdire tous les vols commerciaux dont la destination est atteignable en moins de trois heures en train » et vouloir « interdire les jets privés ».

Pierre Sorlut
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