Luxair

Ras les pâquerettes

d'Lëtzebuerger Land vom 29.03.2000

Luxair Tours devrait - si les négociations en cours aboutissent - à terme se retrouver dans le giron du géant allemand Neckermann. Plusieurs cas de figure sont actuellement étudiés : la vente pure et simple de Luxair Tours au tour operator allemand, l'intégration de Luxair Tours comme unité autonome dans le groupe Neckermann qui en assurerait la gestion, un simple contrat de collaboration avec le géant allemand. Malgré le démenti catégorique du service communication de Luxair, plusieurs indices indiquent le futur découplage de Luxair Tours du groupe Luxair. Ainsi, le système informatique de réservation utilisé par le tour operator luxembourgeois est boudé par les agences de voyage, car non adapté. Ce système avait été acheté en Australie pour remplacer l'ancien qui n'était pas compatible au passage à l'an 2000. Or, il s'est vite avéré que le nouveau programme informatique possédait de nombreuses lacunes et de fait, était inexploitable. Depuis, les adaptations effectuées  - avec un succès relatif - ont coûté plus cher que le système initial. L'accès au système de réservation de Neck-ermann pourrait faire fin à la réticence des agences de voyage de réserver auprès de Luxair Tours. Autre problème pour Luxair Tours : la compétitivité. Luxair Tours ne peut tenir la cadence avec les géants de la branche que sont, entre autres, Nouvelles frontières, Tui et autres Neckermann. En soi un phénomène normal : si Luxair Tours prend une option pour une dizaine de chambres dans un hôtel X de la Costa del Sol, le prix sera autrement plus élevé que pour le tour operator qui prend une option sur une centaine de chambres d'hôtel. Pour rester dans le marché, Luxair Tours doit donc soit empiéter sur sa marge de bénéfice, soit proposer des prix pas vraiment concurrentiels. Ainsi, le même « package » de Luxair Tours vous coûtera moins cher si vous l'achetez en Allemagne que si vous réservez au Luxembourg. Le chiffre d'affaires de Luxair Tours connaîtrait ainsi une baisse de quelque 25 pour cent, le programme Metropolis (« Découvrez la ville de votre choix avec Metropolis ! ») serait en train de sombrer corps et âme. Ce qui a pu accélérer les négociations concernant l'avenir de Luxair Tour qui est une structure à cent pour cent intégré dans Luxair s.a. Que Neckermann soit l'interlocuteur privilégié pour reprendre Luxair Tours coule de source : Lufthansa est aussi bien présent dans le capital de Neck-ermann que dans celui de Luxair. Les choix en politique de recrutement de Donny Calmes, président du comité de direction, peuvent aussi donner une idée de la voie à suivre. Les nouveaux venus parmi les cadres sont quasiment tous actifs dans l'aviation et le cargo, alors que le business touristique se retrouve en reste depuis que presque tous les cadres dirigeants de Luxair Tours ont quitté la société ces dernières cinq années.

Le conseil d'administration de Luxair s.a. se réunira mercredi prochain. Si l'avenir de Luxair Tours n'y sera pas encore réglé dans ses détails, les actionnaires devraient cependant prendre une décision de principe. De même que lors de cette réunion, il se pourrait très bien que ces mêmes actionnaires trancheront une fois pour toutes le bras de fer que se livrent le président du comité de direction, Donny Calmes, et son prédécesseur, Roger Sietzen, actuellement président du conseil d'administration (voir d'Land n° 4/00 du 4.2.00). Le rapport de force semble pour l'instant défavorable à Roger Sietzen bien qu'il faille se méfier des alliances que celui-ci pourrait forger en dernière minute. Les actionnaires BGL (13,4 pour cent) et Bil (13,1 pour cent) ont été entièrement repris par Fortis respectivement Dexia qui ne se préoccupent guère des intérêts luxo-luxembourgeois. Tous deux plaident pour l'éviction des deux protagonistes pour assurer une gestion efficiente de Luxair s.a. Alors que la position de Lufthansa et des actionnaires particuliers (13,2 pour cent) n'est pas connue, l'État luxembourgeois (23,1 pour cent), la BCEE (13,4 pour cent) et la CLT-Ufa (12,1 pour cent) penchent plutôt pour le seul départ de Sietzen (dont le mandat court jusqu'en 2002) et d'accorder ainsi une seconde chance à Calmes. La difficulté de trouver un remplaçant - luxembourgeois - à ce dernier pèse aussi dans cette attitude. D'un autre côté, il ne faut perdre des yeux qu'aussi bien la CLT-Ufa que la Bil et la BGL sont toujours actionnaires parce qu'ils n'ont, jusqu'ici, pas trouvé d'acheteur potentiel pour leurs parts.

marc gerges
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