Vie urbaine

Street design

d'Lëtzebuerger Land vom 25.03.2010

Le design a le vent en poupe auprès de la Ville de Luxembourg. Après le concours des meilleures devantures (entendez effort au plan de l’architecture qui apporte tant quelque chose au chaland qu’à la rue), voici qu’a lieu l’édition 0 de Design City Luxembourg, qui proposera une série d’événements sur le design industriel et urbain – et Luxembourg en a terriblement besoin, vu la dégra-dation de l’espace public ces dernières années !

L’idée a germé dans la tête d’Anna Loporcaro, une jeune femme qui a fait ses classes de pensée trans-disciplinaire auprès de Marie-Claude Beaud. On le sait, au cours de ses années passées à Luxembourg, celle-ci, qui venait de la Fondation Cartier et du Musée des arts décoratifs à Paris, a su aussi bien exposer l’art contemporain qu’ouvrir le Mudam à la mode, la bijouterie, la céramique, etc. et aussi au fameux design, dont le street design (les bancs Drifters de Bert Theis ou l’installation en terrasse Gardens + fountains + summer café d’Andrea Blum, pour ne citer que deux exemples) est un des volets.

La manifestation qui aura lieu du 23 avril au 6 juin en plusieurs lieux de la ville a ceci de particulier qu’on pourra y voir et expé-rimenter non pas des éléments de mobilier urbain « traditionnels » – même si les créations contemporaines industrialisées ont déjà apporté un énorme plus à l’adéquation entre l’espace urbain et les modes de vie d’aujourd’hui. Anna Loporcaro, historienne de l’art et plasticienne de formation, a souhaité s’éloigner de la fabrication en grande série et donnera à voir du mobilier développé par des artistes designers. Leur réflexion étant – pour le dire en un bref raccourci – dégagée du cahier des charges lié à une fonction précise comme le lampadaire de rue, le banc public ou encore la poubelle et le panneau d’affichage.

Qu’est-ce que l’art apporte donc en plus et fait que Design City sera à n’en pas douter non seulement une première à Luxembourg, mais un événement qui devrait influencer le regard des utilisateurs sur l’espace public ? Pour le dire encore une fois de manière sommaire : la liberté de création et le rêve, qui sont deux paramètres dont la vie quotidienne manque la plupart du temps cruellement pour soutenir le confort visuel et esthétique que recherchent les usagers de la ville d’aujourd’hui.

S’étendre pour se plonger la tête dans les étoiles sera ainsi possible boulevard Roosevelt sur la Skystation de Peter Newman et Futurecity, en face du Casino. Si cette sorte de soucoupe volante enchantera sans doute les plus jeunes, d’autres pourront s’asseoir en allongeant les jambes Place d’Armes sur la Soft Bench de Lucile Soufflet, sans oublier les glissades sur les ondulations du bien nommé banc Ondine de Michael Bihain et Cédric Callewaert sur la Kinnekswiss. Enfin on pourra réfléchir à la production artistique contemporaine – on ne présente plus Philippe Starck – et à l’écologie en s’asseyant sur les vases-sièges Holly All… rue du Marché aux Herbes !

Et, bien qu’il soit trop tard pour penser à une réhabilitation du Centre Aldringen, puisque la Ville a d’autres projets pour le lieu, l’événement majeur de la manifestation sera sans doute le Designmaart (la première édition des puces du design avait connu un grand succès intra muros au Mudam). Les amateurs de mobilier d’intérieur vintage du XXe siècle pourraient, grâce à la signalétique urbaine – des poétique sphères roses et un paysage sonore qui signalera la manifestation en surface (création du collectif ar(t)chitectes 3RS) – spécialement créée pour l’occasion regretter le choix radical opéré récemment.

L’édition 0 de Design City by Mudam aura lieu du 23 avril au 6 juin, programme sur www.designcity.lu ou par www.mudam.lu.
Marianne Brausch
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