Chassez le naturel, il revient au galop !

Le calvaire du pape

d'Lëtzebuerger Land du 01.04.2010

En ce vendredi saint, ayons une pensée pieuse pour le Saint Paire qui se débat avec les ébats de ses moutons égarés dans les culottes des petits séminaristes. Dans sa récente lettre aux Irlandais, il papote urbi et orbi avec pratiquement tout le monde, mais, oserai-je écrire, qui trop embrasse mal étreint. Sa Seins-teté s’adresse ainsi successivement aux victimes, aux fautifs, aux parents des abusés, à tous les enfants et adolescents d’Irlande, à tous les religieux de cette même île, à ses confrères évêques et archévêques, à tous les croyants d’Irlande et enfin à la chrétienté toute entière. À tous il promet des « initiatives concrètes », comme par exemple profiter de la période du carême pour prier intensivement et s’adonner dans les paroisses, les séminaires, les abbayes et les couvents avec passion à l’adoration eucharistique.

Il exhorte ensuite ses ouailles à vénérer particulièrement Saint Jean-Marie Vianney, celui-là même qui a écrit : « Si vous priez et si vous aimez, alors c’est le bonheur sur la terre. (…) Comme elle est belle cette union de Dieu avec sa petite créature ! » Le célèbre curé d’Ars a-t-il fait allusion à l’Évangile selon Saint Marc où il est dit : « On lui amena (à Jésus) des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ! (…) » ? Peut-on en vouloir aux membres du clergé d’avoir voulu toucher du doigt la vérité faite chaire des évangiles ?

Chassez le naturel, il revient au galop ! De tout temps, les trois grandes religions monothéistes ont rivalisé d’imagination et de cruauté pour tenir à l’écart le sexe et la femme, révélant ainsi, à leur corps défendant, qu’ils ne pensent qu’à ça. Abandonner le célibat pour empêcher les abus sexuels, comme le réclame naïvement Hans Küng, reviendrait ainsi à prescrire du Viagra à un castré. C’est la diabolisation du sexe et de la femme qui va de pair avec l’idéalisation de l’innocence de l’enfant qui constitue le terreau imaginaire où s’épanouissent les phantasmes pédophiles. Benoît XVI n’est donc pas infaillible quand il voit dans la sécularisation et la permissivité de la société la matrice des débordements actuels, facilitées de surcroît, pense-t-il, par une mauvaise interprétation des textes de Vatican II. Et ce n’est pas le subtil distinguo qu’opèrent certains docteurs de l’église entre pédo-philie, éphèbophilie et homosexualité qui absoudra les brebis galeuses. Mais peut-être Benoît XVI réussira-t-il à curer la curie en béatifiant feu le cardinal Daniélou, mort en pleine épectase dans les bras d’une fille, certes de petite vertu, mais au moins adulte et consentante.

Yvan
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