CD Hypothermia d'Actarus

A Reminiscent Drive

d'Lëtzebuerger Land du 13.03.2003

«Notre musique, c'est comme un petit voyage. Un petit rêve,» le définit spontanément l'un d'eux. Paul, Fred, Max, Nicolas, Pzey et Pie forment le groupe Actarus, créé en mars 2002. Nous nous rencontrions ce jour-là dans un café pour un entretien. Anciens de l'École européenne, actuellement étudiants à la fac, ils sont de cette génération qui a vu la série de dessin animée culte Goldorak dans sa première vague de rediffusions, dans les années 1980. Actarus en est le héros «humain». Ils n'ont pas de line-up défini, mais en principe, ils jouent à deux batteries, deux ou trois guitares plus une basse. Pas de chant, donc pas de mauvais textes.

Décidément, en ce qui concerne la musique rock, nous vivons une époque vraiment formidable actuellement au Luxembourg, après des dizaines d'années de blues pleurnichard à n'en plus finir, voilà que la démocratisation des moyens d'enregistrement par les nouvelles technologies a provoqué une effervescence sans pareil. Actarus vient de publier son premier CD, Hypothermia, qui est excellent, standard international - sans blague! L'enregistrement s'est fait dans une cave, «avec du matos très basic, une table de mixage et huit micros». Une seule batterie par contre, peut-être que la cave n'était pas assez grande. Produit par eux-mêmes, avec leur argent privé, le CD est en vente au prix très démocratique de 7 euros.

Actarus joue du post-rock. Et chaque chanson est effectivement un vrai petit voyage. Les sept chansons commencent chacune très lentement, comme Transfert: un son électronique en boucle, puis quelques notes de piano, viennent s'ajouter un tapis de basses électroniques, toutes sortes de samples et des riffs de guitares électriques qui vont crescendo. Dans Super8, on retrouve des samples de publicités allemandes ou de documentaires anglais, sur Fanfare un carillon intrigant, mais à chaque fois, les sons et instruments se multiplient, les accords de guitares se dédoublent pour en arriver à un véritable climax, une déferlante de riffs qui déménagent bien. 

Toutefois, Actarus ne fait pas vraiment une musique agressive, au contraire, ce serait plutôt du bon post-rock jouissif. C'est une musique érudite aussi, aux multiples références, aussi bien dans le domaine des sons que celui des images, du cinéma - comme une autre forme de remixage. «Nous écoutons un peu de tout, tout ce qu'on aime, donc pas seulement du post-rock, surtout du rock, mais cette définition va pour nous de l'électro jusqu'au hardcore.» Au Luxembourg, ils seraient dans la mouvance des Chief Mart's, Balboa, Tiger Fernandez et autres Tvesla, qu'ils considèrent tous comme de très bons confrères. 

Le groupe qu'ils respectent le plus toutefois est dEFDUMp, auxquels ils doivent une invitation au festival Liberation Day, «après un an qu'on joue, être invités à jouer là est pour nous très flatteur!». Les deux groupes avaient aussi joué Place d'Armes lors de la grande manifestation anti-guerre du 15 février. Même si Actarus ne revendique pas ouvertement une idéologie ou un message politique. 

«Le CD, c'est quelque chose qui reste, affirment-ils, mais un concert, c'est très différent, très éphémère, c'est un vrai trip. Nous avons déjà de nouvelles chansons, qui sont complètement différentes de ce qu'il y a sur le disque!» Parfois cérébrale, parfois étrange, parfois motivante, leur musique peut aussi être extrêmement mélancolique ou, au contraire, dynamique. «Nous voulons avant tout installer une ambiance, continuent-ils. Notre son n'est pas vraiment très organique; il serait plutôt froid pour l'idée et chaud dans la puissance!»

 

Le CD d'Actarus: Hypothermia a été enregistré en août 2002 aux Vegastudios «somewhere in Luxembourg». Avec sept titres, il fait 56 minutes et est en vente au prix de 7 euros chez tous les bons disquaires ou en passant par leur site Internet www.actarus.lu

 

 

 

 

josée hansen
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