CD Jazzperiments de Claude Pauly

Par ma fenêtre

d'Lëtzebuerger Land vom 21.11.2002

On peut bidouiller tout seul chez soi, sur quelques instruments, quelques amplis et un ordinateur et devenir une star planétaire. Moby l'a fait. Jusqu'à devenir «star planétaire», cela risque de durer encore un peu, néanmoins, après ou parallèlement à des formations ayant pris toutes sortes de constellations - de Ty Break dans les années 1980 en passant par les Garlicks et taboola rasa au Raquel Barreira Trio, le Spire Trio ou, plus récemment le  Claude Pauly Quartett -, le guitarriste, compositeur et arrangeur Claude Pauly s'est mis à «bidouiller» avec des mixages et des samples pour créer quelque chose de nouveau. Habillage d'antenne pour Eldoradio, création de la musique pour le spectacle de danse Le spleen des potiches d'Anne Schmitt, créations sonores pour publicités: autant de choses qui ont fait que cet autodi-dacte à la base (né en 1964), qui est passé par la suite par le London Guitar Institute, ait eu besoin de chercher de nouvelles voies et des formes musicales plus adaptées. 

Et quel chemin de fait: dans la galerie de photos sur son site Internet, on le voit même avec des cheveux, jadis, avec Thierry Kinsch pour des jamsessions qui ont l'air bien sauvages. L'amitié des deux guitaristes dure jusqu'à aujourd'hui, ils continuent à partager un réel amour pour leur instrument, une photo en ligne en montre même une, électrique, couchée sur un lit, dans toute sa splendeur, comme si c'était une maîtresse. Et pourtant, malgré tout cela, Claude Pauly vient de produire un CD tout seul, dans son studio: Jazzperiments est une quête dans le domaine du sampling, un démontage au scalpel puis remontage des musiques au croisement du jazz et de la pop, du blues avec des formes de techno, trip-hop et world-music (surtout indienne). Dans un seul morceau, Donna Bruce, la guitare électrique reste très présente, c'est d'ailleurs le morceau le plus faible de ce beau disque: le spectre de Carlos Santana et consorts reste trop visible, tout comme cette boîte à rythme anonyme, que ne parvient pas à cacher le rap importé dessus.

Les deux réussites du disque sont sans aucun doute les deux chansons les plus hybrides et libres, qui ne cherchent pas à imiter ou à être trop mélodieuses, mais mélangent allègrement tous les styles, toutes les influences. Ainsi le psychédélique Aus menger Fënster, qui, sur un poème hyperréaliste un peu décalé d'Anne Schmitt, décline staccato vocal, piano, saxophone et clins d'oeil à l'histoire de la musique. Ou Perpétuelle intensité, fait de bribes de textes et de bandes sonores glanées aléatoirement à la radio et remontées sur fond très rythmique. 

Deux reprises/ réinterprétations de standards du jazz: Summertime (toujours lui) de George Gerschwin et Long as you're living d'Oscar Brown Junior permettent de retrouver Sascha Ley qui rencontre Shiva. Les années londoniennes ont visiblement marqué Claude Pauly. Et c'est tant mieux. 

Le CD de Claude Pauly, Jazzperiments, dure 32 minutes et est en vente au CD Buttek beim Palais ou peut être commandé par Internet au prix de 13 euros ou directement par e-mail: claudepauly@gmx.net

 

 

 

josée hansen
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