CD de Taka Tuka

Fifi et les pissenlits

d'Lëtzebuerger Land vom 26.08.2004

La fragilité des pissenlits, lorsqu'ils libèrent leurs graines dans les petites spores blanches et fragiles, cet instant magique où elles s'envolent lorsqu'on souffle dessus est l'image utilisé par John Schlammes et Martine Wallenborn, instigateurs, coordinateurs et producteurs du groupe Taka Tuka, pour la photo de couverture de leur premier CD. Le nom Taka Tuka étant emprunté au pays de rêve qu'Astrid Lindgren a inventé comme patrie de Fifi Brindacier. Tout comme dans ce pays imaginaire-là, il n'y a pas d'interdits pour les enfants, chez Taka Tuka, le groupe musical fondé en 1998 au sein de l'Institut Saint-Joseph de Betzdorf, tout semble possible. Car sur les douze musiciens que l'orchestre compte actuellement, la moitié a un handicap mental. Ils avaient intégré cette activité du foyer au début comme loisir, comme musicothérapie. Mais depuis lors, Taka Tuka a atteint une certaine notoriété, ce qui leur vaut des invitations à donner des concerts aussi, parfois même à l'étranger. Ils sont accompagnés par des musiciens issus de la formation de jazz Garlicks - dans laquelle John Schlammes est bassiste -, à savoir Jitz Jeitz au saxophone et à la clarinette et Georges Urwald aux claviers. Lex Gillen contribue avec son didjeridoo et Martine Wallenborn joue des percussions et assure le rôle de cheffe d'orchestre. Le premier CD de Taka Tuka est un voyage en huit chansons à travers des paysages sonores pleins de surprises dans lesquels des percussions chaudes d'un xylophone en bois, des sons plus métalliques d'autres instruments de percussions, des didjeridoos et les bâtons de pluie avec leurs bruits qui semblent venir de la nuit des temps, des chuchotements et des instruments peu connus chez nous comme la flûte zurna avec sa sonorité très orientale forment une ambiance éthérée et paisible, quelque part entre la musique world, le jazz et l'ambient. Entre des chansons plus rythmiques, dominées par des percussions répétitives et des morceaux presque minimalistes, à quelques notes utilisées très parcimonieusement, le disque a le grand mérite de garder un vrai équilibre, de ne jamais attribuer de rôle dominant à aucun instrument. Et il fait complètement oublier que Taka Tuka est avant tout un projet pédagogique. Très calme, très mélodieux aussi, sans pour autant jamais devenir ennuyeux, le disque constitue la musique idéale pour accompagner vos rêveries un rien mélancoliques d'une après-midi d'été pourri. 

Le CD de Taka Tuka peut être commandé au prix de 12 euros à l'Institut Saint Joseph; 2, rue de Wecker, L-6831 Betzdorf; téléphone: 719319-1; e-mail: john.schlammes@csse.lu ou martine.wallenborn@csse.lu.

 

josée hansen
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