Ouverture de la Rockhal

Première soirée, premier succès

d'Lëtzebuerger Land vom 29.09.2005

Vendredi dernier, les portes s'ouvraient au public à partir de 18h30. Un mouvement continuel s'engouffra dans ce nouveau temple de la musique jeune. La Rockhal, attendue et espérée depuis quelques décennies par les fervents adeptes de la musique non-classique, allait enfin vivre sa première grande soirée. Après une journée «porte ouverte» en juin, où la foule ne se bousculait pas vraiment, la Rockhal faisait salle comble pour son premier grand rendez-vous. Comme le site Internet l'annonçait depuis quelques temps, la soirée était sold-out. Le terme était un peu exagéré, puisque de «sold» il n'y avait que les boissons que le public devait acheter, le concert étant gratuit. Les places s'étaient tout de même arrachées rapidement et beaucoup de curieux se bousculèrent parmi les vrais fans de The Prodigy, la formation qui faisait l'ouverture. Avant le kick-off du concert, une partie officielle fut célébrée dans la petite salle. Toute la classe politique et la scène musicale luxembourgeoise étaient présents pour fêter l'ouverture de la première salle de concerts de musiques amplifiées. Les premiers semblaient pour la plupart un peu désemparés dans leurs costumes sobres même si la plupart avaient laissé de côté la cravate, certains se l'arrachant même au dernier moment pour faire «cool». Sur scène, Sug[r]cane derrière son lap-top, encadrait musicalement la soirée, alors que, sur grand écran, les clips vidéo de différentes formations luxembourgeoises défilaient en boucle. Comme l'exige le protocole, les invités devaient être présents avant l'arrivée du couple grand-ducal, invités d'honneur de la cérémonie d'ouverture. Dehors, la foule de jeunes se bousculait pour accéder à une bière permettant d'assouvir la soif de l'attente. Au comptoir où l'intendance ne suivait pas (21 personnes pour servir quelque 5400 personnes) alors que dans la petite salle les costumes cravates et autres personnes bien coiffées attendaient le début des discours. Le contraste était de taille. Après l'arrivée du couple grand-ducal, Josée Hansen, présidente du conseil d'administration – vêtue de rouge, tout comme la Grand Duchesse, comme pour saluer le site des Terres Rouges – débuta la ronde des discours. Josée Hansen semblait soulagée de pouvoir enfin lancer après de si longues années d'attente une nouvelle infrastructure au service des jeunes et des autres adeptes d'une musique longtemps décriée. Mais le résultat est là, un grand centre de musiques amplifiées, deux salles de concerts, six salles de répétition et un studio d'enregistrement. Maintenant, la mission consiste à animer cette infrastructure, ce dont la présidente du conseil d'administration ne doute pas. Le ministre de service, celui présidant à la Culture, François Biltgen (CSV), s'est évertué à rendre son speech le plus «jeune» possible, même si quelques citations semblaient un peu obsolètes. Évidemment, il a cité les Rolling Stones, «it's only rock'n'roll, but I like it». Il a cité d'autres grands noms des années 1960, époque où le rock connaissait sa période faste. Le discours du ministre fut la justification a posteriori d'une aussi longue attente. Pendant des décennies, les jeunes et les moins jeunes de notre pays se battirent en vain pour avoir la possibilité de vivre une soirée musicale exceptionnelle comme celle qu'on a pu vivre vendredi dernier. À n'en point douter le centre de musiques amplifiées est un élément indispensable d'une politique culturelle universelle. Enfin, après cette partie officielle, la vraie première grande soirée à la Rockhal pouvait débuter. Les Prodigy ont enflammé la grande salle où le public luxembourgeois pouvait enfin danser et suer sur les sons énormes de cette formation issue des années 1990. Il ne reste plus qu'à souhaiter longue vie à la Rockhal, qui, avec la programmation des prochaines semaines montre très bien qu'elle veut continuer à faire bouger la scène luxembourgeoise.

 

 

Joanne Goebbels
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